Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Nécropole Nationale des Glières,
site de Morette

Dans la nuit du 27 au 28 mars 1944, après que le capitaine Maurice Anjot ait donné au maquis des Glières l’ordre de dispersion, vingt-cinq maquisards, conduits par les lieutenants Pierre Bastian et Louis Jourdan-joubert, sont pris sous le feu des Allemands dans le défilé de Morette, sur le territoire de la commune de La Balme de Thuy. Une dizaine d’entre eux en réchappent. Les blessés et les prisonniers sont exécutés, les corps abandonnés sur place.

La Nécropole nationale des Glières

Après l’ordre de dispersion donné par le capitaine Maurice Anjot, deuxième chef du maquis du plateau des Glières, vingt-cinq maquisards, conduits par les lieutenants Pierre Bastian et Louis Jourdan-joubert, tentant de passer entre les lignes ennemie sont pris sous le feu des soldats Allemands dans le défilé de Morette dans la vallée du Fier sur le territoire de la commune de La Balme-de-Thuy. Une dizaine d’entre eux en réchappent. Les blessés et les prisonniers sont exécutés, les corps abandonnés sur place.

Quatre jours plus tard, alors que 12 maquisards ont été fusillés à Thônes au Villaret, un officier allemand demande à ce qu’une fosse commune soit creusée afin d’y ensevelir les hommes exécutés.

Le maire de Thônes, Louis Haase, sollicité par le maire de la Balme-de-Thuy, François Déléan, pour les victimes de Morette, refuse et négocie afin que ces hommes puissent bénéficier d’une sépulture décente. La requête est acceptée et des obsèques ont lieu, de nuit et en la seule présence du maire et du curé, avec l’aide des pompiers de la commune.

À l’automne 1944, le cimetière de Morette comporte une centaine de tombes délimitées simplement par quelques galets du torrent et marquées d’une croix de bois. Le 5 novembre 1944, le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République française, vient s’y recueillir.

Un projet d’aménagement du cimetière voit le jour, confié à l’architecte Ernest Neyrinck, lui-même résistant. Le cimetière est inauguré le 27 mai 1947 par le Président de la République Vincent Auriol. Le monument est terminé le 19 septembre 1948, pour la deuxième visite du général de Gaulle.

En 1949, le cimetière est reconnu comme «Cimetière militaire national». De nouveaux aménagements sont réalisés dans les années 1960 et 1970. En 1984, les communes de Thônes et de la Balme-de-Thuy cèdent le cimetière de Morette à l’État, pour un franc symbolique.

Le cimetière militaire de Morette devient alors la « Nécropole militaire nationale de Morette », aujourd’hui gérée par l’Office Nationale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

Chaque année, en mars, une cérémonie officielle est organisée pour l’anniversaire des combats des Glières, avec la participation des enfants des écoles et de chasseurs alpins du 27e BCA

105 tombes et 97 noms

Alfred ACKERMANN, Florian ANDUJAR-GARCIA, Maurice ANJOT, René ARMATAFFET, Camille ATRUX, Raymond AULANIER, Jean BAJARD, Raymond BARAT, Louis BASSO, Pierre BASTIAN, Félix BELLOSO-COLMENAR, Gaston BOCQUET, Marc BOMBIGER, Edmond BOSCONO, Roger CARRIER, Roger CHARRA, René CHERPITEL, Louis COCHET, Robert COLACIOPPE, Jean COMARLOT, Louis CONTE, Manuel CORPS-MORALEDA, Jean COTTET-DUMOULIN, Jean COUSTON, Édouard CREDOZ, Lambert DANCET, Jacques DE-GRIFFOLET-D'AURIMONT, Georges DECOUR, André DELIEUTRAZ, Maurice DESTEMBERG, Jean DUCRETTET, Raoul DUFRENE, John DUJOURD'HUI, Georges DUMAS, Avelino ESCUDERO-PEINADO, Pablo FERNANDEZ-GONZALES, Paulino FONTOBA-CASAS, Olivier FOURNIER-BIDOZ, Lucien GAERTNER, André GARCIA, Lucien GAROT, Jean GERARD, Jean GERIN, André GERMAIN, Hubert GODINOT, Joseph GUIDET, André GUY, Marcel HUGUET, André JANIN, Jacques LACOSTAZ, Jacques LALANDE, Georges LARUAZ, Roland LAURENT, TALLEC LE, Roger LEGRAND, Louis LOISEAU, René LUGAZ, Jean MACE, Jean MACHURAT, Sébastien MARCAGGI, Jacques MARCHAND, Charles MOLLET, Théodose MOREL, Robert OMS, Maurice PÉPIN, Georges PERRIN, Maurice PHANER, Yves PHILIPPE-DE-KERARMEL, Raymond PHIPPAZ-TURBAN, Marcel PILAT, André PROMPT, Émile QUÉRÉ, Eugène QUETAND, Émile RAVOT, Gabriel REYNES, Jean RIVAUD, LOPEZ RODA-LOPEZ, Clément ROSTAING, Louis SALA, Paul SCHAFER, Hugo SCHMIDT, François SERVANT, Marcel SONNERAT, Henri STEIN, Robert TAISSEIRE, Fernand TARDY, Raymond TROLLIET, Victoriano URSUA-SALCEDO, Roger VALLET, Jean VALSAMIS, Florence VALSESIA, Raymond VELLUT, Raymond VERDEL, Louis VITIPON, Joseph VITTUPIER, Bernard ZELKOWITCH, Joseph ZONCA.

Les tombes « Inconnus » n°63, 64 et 65 sont attribuées à Vincent BARJON, André GERLIER et Octave POYER. Tous trois furent tués le 30 mars 1944 par les Allemands, alors qu’ils étaient sur le versant sud, au col du Lachat, (Les Villards-sur-Thônes). Après quoi, les Allemands incendièrent le chalet, où ils avaient traîné les corps. Ceux-ci étant méconnaissables, ils furent inhumés dans la Nécropole militaire nationale de Morette comme « Inconnus », car les corps n’ont jamais pu être officiellement reconnus.

Combattant des GLIÈRES non inhumés à Morette
Mort en déportation
Disparus du plateau ou morts pour la libération

La devise du maquis des Glières
« Vivre libre ou mourir »

La devise du Club des Jacobins en 1789, « vivre libre ou mourir », gravée sur le monument central du Panthéon à Paris, puis reprise durant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, figure à ce titre sur le monument, édifié à Annecy, en hommage aux Savoyards morts pour la France durant ce conflit.

Alphonse Métral, maquisard des Glières, passait devant ce monument en allant travailler avant-guerre. Il suggère cette devise à Tom Morel, chef du maquis. Elle devient la devise du Bataillon des Glières et figure même sur le drapeau français qui flotte sur le plateau des Glières durant l’hiver 1944.

Tel un message aux générations futures, la devise « vivre libre ou mourir », gravée à côté de la liste des hommes tués pendant les combats face à l’occupant nazi et à la Milice rappelle leur sacrifice.

La diversité de la Résistance
Les différents groupes constituant le maquis des Glières

Durant la Seconde Guerre mondiale, la Résistance est composée de personnes d’origines et de sensibilités politiques très différentes. Réfractaires au Service du Travail Obligatoire, militaires refusant la défaite, étrangers engagés pour lutter contre l’occupant, civils de tous bords qui apportent leur soutien aux maquisards…

Il s’agit d’hommes et de femmes de conditions diverses qui ont fait le choix de s’engager dans la lutte avec un même objectif : libérer le territoire français de l’occupant et participer de fait à la chute du régime nazi.

L’originalité du maquis des Glières, maquis sous commandement de l’Armée secrète, est d’être composé de cette extrême diversité : résistants gaullistes de l’Armée Secrète, Francs-Tireurs et Partisans d’obédience plutôt communiste, jeunes réfractaires au S.T.O. ayant rejoint la Résistance armée, ou encore Républicains Espagnols ayant fui les camps de travailleurs pour participer à la lutte (Section Ebro).

Ces derniers sont d’ailleurs facilement repérables à la cocarde de la République espagnole qui trône au-dessus de leurs noms. De nombreuses autres nationalités sont également représentées : allemande, autrichienne, belge, italienne, roumaine, polonaise. La diversité concerne également les convictions religieuses et philosophiques : chrétiens, juifs, athées…

Deux tombes de la nécropole sont ainsi surmontées par une étoile de David. Au-delà de cette diversité d’origine géographique, politique, sociale ou religieuse, tous avaient en commun un même idéal de liberté, témoignant de « l’esprit des Glières ».

Le musée départemental
de la Résistance haut-savoyarde
Un lieu de mémoire

Dès l’automne 1944, l’Association des Rescapés des Glières est créée avec pour objectif de faire vivre la mémoire de leurs camarades disparus. L’Association des Rescapés construit en 1964, sur le site de la Nécropole nationale des Glières, le Musée départemental de la Résistance haut-savoyarde dans un ancien chalet de la vallée du Grand-Bornand.

Celui-ci a été démonté et remonté en ce lieu en respectant scrupuleusement tous ses éléments, notamment sa charpente. Il est représentatif des habitations de montagne ayant abrité les maquisards en 1943 et 1944 sur le plateau des Glières et ailleurs en Haute-Savoie ou dans les Alpes.

Ce bâtiment se caractérise par une architecture typique faite de bois, excepté pour son soubassement en pierres. Différentes parties le composent : le niveau intermédiaire se compose d’une habitation et d’une étable. L’étage appelé fenil servait de grange et de lieu de stockage du fourrage. Le tout est aménagé sous un toit d’ancelles (planches de bois servant de couverture).

Le parcours muséographique d’origine a été conçu par l’Association des Rescapés des Glières. De nombreuses photographies, documents et objets sont enrichis de panneaux explicatifs. Depuis 1998, le musée est géré et valorisé par le Conseil Départemental de la Haute-Savoie. Une « crypte », en rez-de-chaussée du musée, abrite les croix en bois d’origine de la nécropole.

Un ancien grenier provenant de la vallée de Manigod abrite le Mémorial départemental de la Déportation. Fondé en 1965 par l’Association des Déportés, Internés et Familles de la Haute-Savoie, en souvenir de la déportation des Résistants haut-savoyards, il est intégré au bâtiment d’accueil, construit en 2006.

L’hommage du général de Gaulle
Le discours du 5 novembre 1944

Le 5 novembre 1944, le général de Gaulle, alors chef du Gouvernement provisoire de la République française, vient à Morette s’incliner sur les tombes des maquisards des Glières accompagné de François de Menthon, son Garde des sceaux, entré en Résistance dès 1940, et maire de Menthon Saint-Bernard.

Il prononce à Thônes, le même jour, un discours où il rend hommage aux combattants des Glières : « Qui ne serait profondément remué quand il se trouve dans ces lieux ? Les exploits qui s’y sont déroulés ont marqué de la manière la plus magnifique quels ont été en réalité les sentiments du pays tout entier sous l’oppression qu’il a détestée.

Aux morts du plateau illustre, c’est, par la voix du Président du Gouvernement de la République, la France toute entière qui rend hommage aujourd’hui. Leur exemple durera. Il demeurera, je vous l’assure, comme le témoignage splendide jeté à travers le monde, de la résolution de la France dans la plus terrible guerre de son histoire. »

Le général de Gaulle revient à Morette le 19 septembre 1948 puis le 8 octobre 1960, cette fois en tant que Président de la République.

Le plateau des Glières et le monument national à la Résistance

Cent vingt maquisards rejoignent le plateau des Glières en janvier 1944, pour réceptionner des parachutages d’armes destinés à la Résistance haut-savoyarde. Ils seront rapidement rejoints par d’autres résistants, portant leur nombre à 465 au mois de mars.

Ce plateau est choisi pour de multiples raisons. C’est une forteresse naturelle au cœur du massif des Bornes encadrée de falaises imposantes, difficile d’accès l’hiver à cause de la neige abondante, et inaccessibles à l’époque aux véhicules motorisés. Des chalets d’alpages présents en grand nombre peuvent abriter ces hommes, même s’ils ne sont ni prévus ni équipés pour affronter la rudesse des hivers à Glières.

Sa situation géographique à proximité des lacs Léman, du Bourget et d’Annecy permet d’orienter les pilotes les soirs de pleine lune grâce aux reflets. Les sommets peu élevés offrent également aux pilotes de la Royal Air Force des conditions optimales pour localiser le site et larguer les containers d’armes.

L’accès au plateau est facilité grâce à la construction d’une route à la fin des années 1960 et pour rendre hommage à la Résistance, l’Association des Rescapés des Glières organise un concours international pour la construction d’un monument. C’est Émile Gilioli, artiste de renommée internationale qui, en 1972, remporte le concours.

Emile Gilioli opte pour du béton afin d’adapter son œuvre aux contraintes et formes naturelles du site. Dans un langage géométrique et abstrait, le monument permet plusieurs lectures. L’œuvre mesure 21 mètres de long et 15 mètres de haut et se situe à l’emplacement de la tombe provisoire de Tom Morel et de Georges Decour en 1944.

Le monument de Gilioli offre un espace intérieur dans lequel un texte ainsi qu’un ensemble d’œuvres figuratives et abstraites rendent hommage aux Résistants. Cette œuvre a été inaugurée par André Malraux le 2 septembre 1973, en présence de 20 000 personnes rassemblées sur le plateau.

L’homme de lettres et résistant livre ainsi son interprétation du monument : « Et maintenant, le grand oiseau blanc de Gilioli a planté ses serres ici. Avec son aile d’espoir, son aile amputée de combat, et entre elles, son soleil levant. »

D’abord labellisé Patrimoine du XXe  siècle par le ministère de la Culture, il est inscrit au titre des Monuments historiques depuis 2020.

Faire vivre l’esprit des Glières

Aujourd’hui, avec l’appui de l’Association des Glières, les médiateurs du "service mémoire et citoyenneté" du Conseil Départemental accueillent et guident les milliers de visiteurs qui, chaque année, affluent en ces lieux.

Parmi eux, des milliers d’enfants des écoles sous la conduite de leurs enseignants reçoivent à Morette ou au plateau des Glières une contribution, toujours actuelle, à leur éducation à la citoyenneté : ces lieux inspirés leur disent ce qu’est la France où nous devons vivre au-delà de nos différences, la France de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

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  • 1

    La sauvegarde de la totalité des tombes des combattants Morts pour la France et éviter que tous les jours les restes de combattants rejoignent les fosses communes municipales suite à des sépultures tombées en déshérence.

  • 2

    Le maintien des cérémonies patriotiques locales aux coté des grand date nationale et ce,bien que le nombre d’anciens combattants diminuent chaque année.

  • 3

    Le développement des voyages mémoriels afin qu’aucun enfant de France ne quitte sa scolarité sans avoir découvert un lieu de notre mémoire nationale ou participer à une commémoration.

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