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Mila Racine, une figure de la Résistance Annemassienne

Mila Racine a payé de sa vie son engagement pour sauver des juifs pendant la guerre

Il y a eu Marianne Cohn, mais une autre résistante a joué un rôle important dans le convoi d’enfants et d’adultes vers la Suisse : Mila Racine. Le futur parc du Salève à Annemasse portera son nom.

Mila Racine, au même titre que Marianne Cohn, va connaître les affres de la terrible prison du Pax à Annemasse. Son destin, tout aussi tragique, s’achèvera à l’âge de 26 ans en 1945 au camp de Mauthausen. La mémoire de Mila Racine est associée à celle de Marianne Cohn, qui a pris sa relève dans le convoyage des juifs.

Cette figure juive de la Résistance va enfin être mise en lumière. La ville d’Annemasse va créer un nouveau parc d’une superficie d’environ

6 100 m2

rue du Salève, baptisé parc de son nom, Mila Racine.[/p]

Miriam Racine, dite Mila, naît en 1919 à Moscou. Dès 1942, elle s’investit dans la Résistance, pour le compte d’organisations juives. De janvier 1942 à octobre 1943, elle œuvre notamment sous la responsabilité de Tony Gryn qui a réuni autour de lui un groupe d’une dizaine de personnes dont Mila Racine, Roland Epstein, Maurice Maidenberg, Frida Wattenberg ainsi que Rolande Birgy assistance sociale au sein du réseau Garel, groupe créé à Lyon en 1942 dans le cadre de l’Œuvre de secours aux enfants (OSE), qui prend tous les risques pour amener les enfants en Suisse.

Après l’armistice de Cassibile signé par l’Italie avec les Alliés en septembre 1943, les juifs de la zone alpine se réfugient à Nice. Mila Racine entreprend alors de conduire des convois d’enfants et d’adultes vers Annemasse pour leur faire traverser la frontière suisse.

Une arrestation lourde de conséquences

Le 21 octobre 1943, le convoi de 32 enfants qu’elle dirige avec Roland Epstein est dépisté par les chiens allemands et intercepté à Saint-Julien, à 200 mètres de la frontière. Elle est conduite à Annemasse à la prison du Pax, siège de la Gestapo. Le choc de cette arrestation paralysera le travail de l’organisation pendant une longue période. Le maire d’Annemasse, Jean Deffaugt, parvient à faire libérer quelques enfants, dont un bébé de quatorze mois. Il propose à Mila un plan d’évasion, mais elle refuse, craignant des représailles sur les enfants. Elle restera deux mois au Pax. Sur les parois de sa cellule 127, elle grave sa devise : « Gardez avec l’espérance - toujours - le souvenir ».

Ayant caché son identité juive, Marie-Anne Richemond (son nom d’emprunt de résistante juive), est incarcérée à la prison Montluc à Lyon, puis déportée via Compiègne vers le camp de Ravensbrück, avant d’être transférée vers le camp de Mauthausen pour réparer les voies ferrées détruites par les bombardements alliés. Arrivée le 7 mars 1945 à Amstetten, elle y meurt le 20 lors d’un bombardement britannique, atteinte par un éclat d’obus.

Son compagnon de résistance, Roland Epstein (dit Roland Estienne), arrêté en même temps à Saint-Julien, conduit au Pax, puis à Montluc, est transféré à Drancy puis déporté le 17 janvier 1944 à Buchenwald, puis à Dora-Mittelbau. Il survit aux marches de la mort et arrive à Ravensbrück fin avril 1945. Il sera libéré par l’armée rouge et sera rapatrié en France le 15 mai 1945.

Marianne Cohn : une jeunesse brisée

Parmi les figures incontournables des femmes résistantes trop tôt disparues, il y a la figure de Marianne Cohn, indissociable de l’histoire de la ville durant cette période de la Seconde Guerre mondiale, assassinée à l’âge de 21 ans.

Résistante Marianne Cohn assassinée à Annemasse

Dès 1941, Marianne Cohn participe au Mouvement de jeunesse sioniste. Au printemps 1944, elle s’engage dans le second service de passage en Suisse. Elle va réussir à conduire 207 enfants vers la liberté avant d’être arrêtée, le 31 mai, avec son neuvième et ultime convoi de 32 enfants juifs (de 3 à 18 ans).

Après avoir été sortie de la prison du Pax, elle a vraisemblablement été assassinée dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944, en compagnie de cinq compagnons d’infortune retrouvés dans le charnier à Ville-la-Grand. Les circonstances de sa mort, ainsi que ses meurtriers sont restés peu connus, tout comme les raisons qui justifiaient l’emprisonnement des autres victimes puis leur exécution.

L’action combinée de ces organisations juives a sauvé vers la Suisse 539 enfants juifs entre mars et juin 1944.

Sabine PELLISSON, 15 août 2021
Lieu de mémoire en lien :
 Plaque explicative Racine Mila

Plaque explicative Racine Mila

Détail

Mila Racine œuvre dans la Résistance à partir de 1942 et adhère, avec son frère Mola, au Mouvement de la Jeunesse sioniste familles juives. Mila Racine entreprend notamment de conduire des convois d’enfants et d’adultes vers la frontière Suisse, pour les sauver.

Lieu : Annemasse

Résistante et déportée, Racine Mila, sauveuse d'enfants juifs est une figure de la Résistance annemassienne.Mila Racine œuvre dans la Résistance à partir de 1942 et adhère, avec son frère Mola, au Mouvement de la Jeunesse sioniste familles juives. Mila Racine entreprend notamment de conduire des convois d’enfants et d’adultes vers la frontière Suisse, pour les sauver.