Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Mila Racine œuvre dans la Résistance à partir de 1942 et adhère, avec son frère Mola, au Mouvement de la Jeunesse sioniste familles juives. Mila Racine entreprend notamment de conduire des convois d’enfants et d’adultes vers la frontière Suisse, pour les sauver. Le 21 octobre 1943, alors qu’elle conduit un convoi, elle est interceptée par les Allemands à Saint-Julien-en-Genevois et conduite caché son identité juive, elle est incarcérée et déportée à Ravensbrück puis transférée à Mauthausen. Elle est tuée le 30 mars 1945 dans un bombardement allié.

Le rôle des résistantes pendant la Shoah est souvent méconnu. Aujourd’hui encore, les femmes restent les grandes oubliées de l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale. En particulier les femmes juives, dont certaines, au péril de leur vie, ont œuvré pour sauver leurs coreligionnaires. Mila Racine est l’une d’entre elles. Résistante de janvier 1942 à octobre 1943, arrêtée par la Gestapo, elle trouvera la mort à Mauthausen, quelques semaines avant la libération du camp.

Miriam (Mila) est née à Moscou en septembre 1919. La fratrie compte également Emmanuel (Mola) né en 1911 et Sacha née en 1923. En 1926, les parents Georges et Berthe (Bassia) issus de la bourgeoisie russe fuient le régime soviétique et s’installent à Paris, après avoir échangé leur bel appartement moscovite contre des passeports. “Nous aurions dû rester en Russie, les communistes tuaient les bourgeois, pas les Juifs”, dira ainsi la mère de Mila en apprenant la mort de sa fille.

Dans un témoignage enregistré par USC Shoah Foundation, en 1997, Sacha, la jeune sœur de Mila, détaille le parcours de la famille. On y apprend que les Racine, parents et enfants, arrivent en France avec gouvernante, malles, et bijoux cachés dans les valises. Très vite, ils louent un grand appartement rue de Rome, retrouvent leurs marques et la vaste branche paternelle qui compte 9 frères et sœurs et nombre de cousins. La famille est traditionnaliste. Le vendredi soir, la maison se fait juive et le foyer se réunit autour du repas de Shabbat. Georges, le père, aime en particulier le décorum de la synagogue de la Victoire. La semaine, il fréquente le club des diamantaires de la rue Cadet. Avec sa femme, ils recréent un cercle familial, amical, social. Tout s’y passe en russe - même les conversations chez le médecin – avec quelques touches de yiddish pour que les enfants ne comprennent pas.

Mila et Sacha sont scolarisées au lycée Racine, à Paris, où Mila obtient le certificat d’études secondaires, en 1936. A la fin des années 1930, Mila intègre les EI et la Wizo. Malgré son jeune âge, elle s’illustre au sein des milieux sionistes par sa vaste implication au sein de la Jeune Wizo, à Paris et en Province.

Mila devient Marie-Anne Richemond

Quand la guerre éclate, en 1939, Mola, le seul de la famille à être naturalisé français - ses parents et ses deux sœurs sont réfugiés russes - est mobilisé.

En juin 1940, alors que les Allemands commencent à envahir la France et la Belgique, toute la famille Racine fuit. Une vingtaine de personne. Sacha Racine-Maidenberg raconte les deux camions nécessaires pour transporter les malles. Une fois encore, le père de Mila emporte sa vaisselle, ses tasses et assiettes, qui traverseront la guerre. Direction Pau, Bordeaux, et Arcachon. Pour finir, la famille se replie à Toulouse. D’abord dans une immense demeure, tous ensemble, puis la mère de Mila cherche une maison pour elle et ses enfants, Sacha, Mila et Mola, ainsi que sa femme Sarah et leur petite Lily.

Comme nombre de Juifs étrangers, ils rallient Luchon, petite bourgade pyrénéenne proche de la frontière espagnole. Beaucoup de monde défile alors chez eux, dont David Knout, un des fondateurs de l’OJC, Organisation juive de combat, que Mila intègre rapidement. Sa sœur Sacha, la décrit comme une jolie jeune fille, sensible et intelligente. Avec, autour d’elle, toujours une cour de garçons.

Dès janvier 1942, Mila décide de porter assistance au nom de la Wizo aux internés des camps d’internement du Sud-Ouest. Avec sa sœur Sacha et deux, trois amis, elle sollicite les Juifs de Luchon, achète du riz, du sucre, des pâtes, mais aussi des haricots blancs aux paysans, les met en boîte dans des conserves qu’elle fait fabriquer par les ferblantiers. Le tout est ensuite envoyé dans les camps du Sud, Gurs en particulier. Un jour, la police française fait irruption dans l'atelier de fortune. Mila et sa bande ne sont pas arrêtés, mais doivent cesser leurs activités de marché noir.

À l’été 1942, Vichy décide de livrer les Juifs étrangers à la Gestapo, en vue de leur déportation. Même les mineurs. Avec l’intensification des rafles et l’invasion par les Allemands de la zone non occupée, en novembre 1942, la seule option pour les Juifs reste l’émigration clandestine vers l’Espagne ou la Suisse, pays neutres. La voie des Pyrénées étant trop périlleuse pour les enfants en bas âge, la Suisse s’avèrera une alternative plus viable.

Les organisations juives comme les EIF (la Sixième), l'OSE et le nouveau MJS (Mouvement de la jeunesse sioniste) créé en 1942 vont alors coopérer pour sauver des Juifs. Fin juillet 1943, sous l’impulsion de Tony Gryn (de son vrai nom Nathanel T. Garin), Mola (Emmanuel Racine) et Georges Loinger créent un réseau de sauvetage, dont Mila fait partie. Elle devient la responsable du MJS de Saint-Gervais-Le Fayet, en Haute-Savoie. Munie de faux papiers au nom de Marie-Anne Richemond, elle a pour consigne de faire passer le plus d’enfants possibles vers la Suisse - qui les accepte jusqu’à 16 ans. Un processus long et compliqué. Le passage s’organise dans la région d'Annemasse où la frontière est plus facile à franchir : depuis novembre 1942, la zone est sous occupation italienne.

Le passage de trop

La vie de Mila est alors rythmée par les allers-retours en Suisse. Surnommée la maman des petits et la sœur des grands, elle inspire par sa force et son courage. Les groupes d’enfants envoyés par l’OSE, le MJS ou la Sixième, arrivent à Annecy ou à Aix-les-Bains, puis sont pris en charge par les “passeurs” qui connaissent les habitudes des patrouilles allemandes. Les enfants, qui doivent toujours passer en groupe de petits effectifs, circulent de nuit.

Mais en septembre 1943, avec l'armistice de Cassibile signé par l'Italie avec les Alliés, les Allemands occupent les zones laissées libres par les Italiens qui cessent alors d’être un refuge. Le passage de la frontière suisse dans la région d’Annemasse devient plus dangereux.

Loin de renoncer, Mila Racine intensifie les risques. Cette nuit du 21 octobre 1943, elle et son binôme Roland Epstein ne peuvent refuser d’aider un couple de personnes âgées, qui ralentit leur progression. Dépistés par des chiens allemands, ils seront interceptés à Saint-Julien-en-Genevois, à quelque 200 mètres seulement de la frontière suisse. Dans le convoi : 32 enfants, de quelques mois à 18 ans. Il y a des tirs d'arme. Une femme est tuée, une autre blessée.

Tous sont incarcérés à l’hôtel Pax d’Annemasse, réquisitionné par la Gestapo, et dont une annexe sert de prison. Mila Racine y restera deux mois, refusant le plan d’évasion envisagé par son réseau par crainte de représailles sur les enfants. Sa fausse identité de Marie-Anne Richemond lui évite la déportation vers un camp d’extermination. Animée d’une étonnante force de caractère, elle refuse de s’abaisser devant ses bourreaux. Même sous la torture, elle ne divulgue aucune information. Sur les parois de sa cellule 127, elle gravera sa devise : “Gardez, avec l'espérance – toujours – le souvenir".

Lieux de mémoire

Plaque explicative

Annemasse — Plaque explicative Racine Mila

Mila Racine œuvre dans la Résistance à partir de 1942 et adhère, avec son frère Mola, au Mouvement de la Jeunesse sioniste familles juives. Mila Racine entreprend notamment de conduire des convois d’enfants et d’adultes vers la frontière Suisse, pour les sauver.

En mémoire de

Mila Racine

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Mila Racine a payé de sa vie son engagement pour sauver des juifs pendant la guerre - mila-racine-resistante-deportee-haute-savoie
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