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Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Martin Lionel

Diplômé de l’école d’horlogerie de Cluses, engagé, prisonnier, résistant, combattant FFI, homme ordinaire et extraordinaire, LIONEL MARTIN, sous l’action conjuguée de l’histoire et de la mémoire, s’est mué en héros de l’ombre. Sa biographie révèle le destin d’un homme humble, au service de « SA » France comme il aime le dire. Maquisard de la première heure, son parcours le conduira aux quatre coins du département, dans différents groupes emblématiques de résistants et l’amènera, avec le Bataillon Foges, à participer à la re-création du 27e BCA. Il ira combattre sur le front des Alpes, puis continuera son parcours dans le Val d’Aoste puis en Autriche jusqu’en 1946.
Martin Lionel

Martin Lionel

ALIAS : Nello
Résistant

Né(e)1902 dans le Var (83)
Maquis : Compagnie 93-04 (F.T.P.F) / Compagnie 93-15 (F.T.P.F) / Bataillon Foges /
R.F.I : Francs-Tireurs et Partisans / Forces Française de l’Intérieur /

Biographie

1922

Lionel Martin est né à Hyères (Var) le 20 novembre 1922, où il passe son enfance, puis intègre l’École d’horlogerie de Cluses en 1939, dont il sort diplômé en 1942.

1942

Entre dans les Chantiers de la Jeunesse dans l’été 1942, à Cavaillon, contre la promesse d’être affecté près de chez lui (Hyères) dans l’armée d’armistice. Il signe donc un engagement et devient militaire, mais il est incorporé à Vitrolles, dans une batterie anti-aérienne de canons de 25mm.

Déplacé au Palyvestre, Lionel Martin participe au sabordage de la flotte de Toulon en novembre 1942. Fait prisonnier par les Allemands, il parvient à s’échapper et participe à la liquidation de son régiment (décembre 1942 – avril 1943)

1943

Convoqué pour le S.T.O. en juin 1943, Lionel Martin prend le train pour l’Allemagne mais quitte le convoi au cours d’un arrêt à Issoire et retourne en Haute-Savoie où il a fait ses études. Il entre en résistance à Scionzier (vraisemblablement chez un architecte). Bien qu’ancien militaire de l’armée d’armistice – sans doute du fait de son apparence juvénile – il est envoyé dans une ferme à Oëx (entre Cluses et Magland), où il reste jusqu’en février 1944 et participe à la récupération d’armes et de tickets de rationnement.

1944

Il devient réellement dangereux pour les paysans de cacher des réfractaires, Lionel Martin, alias Nello, intègre la Compagnie 93-04 (F.T.P.F) dit groupe Maniglier « Many » en février 1944. Traqué par la répression contre le maquis savoyard, le groupe Many court les montagnes, de chalet en chalet. Son groupe subit le 24 mars 1944 l’attaque de la Garde (Mémorial pour l’oppression 3808 WID19540) (Embuscade des Carroz-d'Arâche), lors de laquelle trois maquisards sont tués : Paul Benest, Philippe Vallée et René Tassile. Lionel subit le quotidien des maquisards : traqués, affamés, sales.

En mai 1944, Lionel Martin quitte le groupe Many pour rejoindre la Compagnie 93-15 (F.T.P.F) plus active de Marius Cochet dit « Franquis ». Dès le mois de juin il participe à l’attaque de La Balme à Magland, (Mémorial pour l’oppression 3808 W1395) au cours de laquelle les Allemands subissent de très grosses pertes (60 blessés, 90 morts, des véhicules et du matériel détruits). Lionel est alors fait « commissaire aux effectifs », équivalent au grade de capitaine. Il n’a pas 22 ans !

Le 13 juillet le groupe reçoit l’ordre de rejoindre Boëge pour attaquer un convoi au Bois des Rosses. Lionel y participe et tue un officier allemand en face de lui. Cet officier a quand même le réflexe de tirer au hasard vers Lionel avant de s’effondrer. Blessé au cou, Lionel peut quand même récupérer l’arme de l’officier. Il pourra participer à une opération entre Douvaine et Loisin le 19 juillet.

Le 1er août : Lionel participe à la réception d'un énorme parachutage aux Glières.

12 août : son groupe, qui participe à la réception d'un parachutage à Boëge, est intercepté par les Allemands. Le bruit assourdissant d'un obus lui fait perdre pied alors qu'il est juché sur le marchepied d'un camion. Blessé, il perd connaissance et tombe. Considéré comme mort, ses compagnons ont malgré tout pu le ramener à Boëge. Caché dans un hôtel, il a repris ses esprits trois jours plus tard entre deux infirmières de circonstance, qui l'ont soigné durant quelques semaines. Malgré son état, Lionel insiste pour réintégrer sa compagnie fin août, après la libération d'Annecy et de la Haute-Savoie, pour aller chercher la dépouille de son chef "Franquis", tué au combat des Rousses (Jura).

Le 16 novembre 1944, Lionel Martin se trouve à Annecy. Il attend dans un hôtel que la reconstitution du 27e BCA soit achevée pour pouvoir repartir en opération militaire. C'est là qu'un de ses camarades de l'ex-compagnie 93-15 (F.T.P.F) Franquis vient le chercher et lui demande de l'accompagner avec un appareil photographique. Lionel Martin, qui a en sa possession un appareil allemand en état de marche, récupéré lors d'opérations quelques mois plus tôt, le suit. Il réalise quelques photographies de l'exécution, à la carrière de la Puya, de Georges Lelong (1887-1944), ex-intendant de police d'Annecy, et de Charles Marion (1887-1944), ex-préfet de Haute-Savoie pour le gouvernement de Vichy. Les deux hommes étaient alors emprisonnés à Annecy dans l'attente de leur procès. En juin 2012, Lionel Martin a souhaité témoigner sur cet événement dans le n° 26 de "L'Essor savoyard" et a remis une version écrite du récit aux Archives départementales.

1945

En mars 1945 il suit un cours de "dégagement", dont il termine 5e sur 400. Le 8 mai 1945, toujours sur le front des Alpes, il est en position à Introd (Val d'Aoste) où il apprend la capitulation de l'Allemagne et la fin de la guerre. Lionel est alors affecté en Autriche jusqu'en mars 1946 avec les troupes d'occupation.

1946

Il retrouve enfin Hyères et sa famille, dont son père qu'il n'avait pas revu depuis son départ en juin 1943 (presque trois ans). Pour marquer l'événement il fait l'ascension du Mont-Blanc en juillet 1946, sans guide, avec deux ou trois copains. Avec un ami ingénieur Lionel développe une activité dans le domaine des appareillages de précision.

1949

Pour des raisons à la fois sentimentales et professionnelles, Lionel Martin s'établit aux États-Unis en décembre 1949, tout en conservant sa nationalité française. Il y fera une brillante carrière d'ingénieur dans l'aéronautique militaire où il fut, entre autres, à l'origine de la création des pales d'hélicoptères de combat en polycarbonate.

Un film et un livre

Régis et Laurent Vallier, père et fils, s’intéressent à cet homme et créent l’association avec Michel Odesser en 2024. Pour eux, Lionel Martin « symbolise le récit de tous ces résistants anonymes ». Désireux de perpétuer le devoir de mémoire, ils ont amorcé les démarches pour que ce héros de l’ombre reçoive la l'Ordre national de la Légion d’honneur. « On veut valoriser le travail qu’a fait Lionel qui n’a jamais voulu les honneurs », explique le président Laurent Vallier. « Comme beaucoup d’anciens résistants, il n’en parle pas. Pour lui c’était normal, et c’est du passé. » Pour le président « l’histoire de Lionel c’est une partie de l’histoire du département. »

Extrait du film : la guerre de Lionel Martin

Interview de Lionel Martin

L’association a convaincu Lionel Martin de venir à Annecy à l’occasion des 80 ans de la libération de la Haute-Savoie le 19 août. Une cagnotte sera créée sur leetchi afin de financer les frais de voyage depuis Atlanta où l’ancien combattant vit depuis 1949. Un film, ainsi qu’un livre, ont été produits sur l’histoire de Lionel. Ils sortiront en août, plus d'informations sur le site Bienvenue, Welcome Lionel.

Lieu de mémoire en lien avec
Martin Lionel
Arâches-la-Frasse : Stèle des Carroz

Arâches-la-Frasse : Stèle des Carroz

Détail

En mémoire de l'embuscade du 24 mars 1944 aux Carroz au cours de laquelle, Paul Benest, René Tassile, Philippe Vallée furent abattus par les G.M.R.

Lieu : Arâches-la-Frasse

« J’étais résistant dès le jour où la France a décidé de ne pas se battre », assure Lionel Martin, 102 ans, résistant haut-savoyard, qui a fait spécialement le voyage depuis les États- Unis. Photo Le DL/Louise RaymondLes souvenirs de la Résistance de Lionel Martin, gardés dans sa « boîte aux secrets ». Photo Le DL /Louise RaymondMartin Lionel, résistant F.T.P.F et A.S. en Haute-Savoie
Les figures

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  • 3

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