Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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À 102 ans, il part des États-Unis pour “libérer” à nouveau la Haute-Savoie

« J’étais résistant dès le jour où la France a décidé de ne pas se battre », assure Lionel Martin, 102 ans, résistant haut-savoyard, qui a fait spécialement le voyage depuis les États- Unis. Photo Le DL/Louise Raymond

Aujourd’hui Américain, l’ancien résistant Lionel Martin foule de nouveau les terres de sa guerre à l’occasion des 80 ans de la Libération de la Haute-Savoie. L’homme de 102 ans se souvient du maquis qui a accueilli ses jeunes années, œuvrant dans l’ombre dans l’espoir d’une France libérée.

Dans sa « boîte aux secrets », Lionel Martin a gardé toute l’histoire de sa guerre. Fausse carte d’identité au nom de Louis Aubet, écussons des Francs Tireurs Partisans (FTP), billet de train pour l’Allemagne direction le Service du travail obligatoire (S.T.O.). L’homme de 102 ans n’a plus les yeux pour les voir, mais ses souvenirs sont intacts. « Je ne suis pas un héros de guerre, je me suis simplement battu pour ma France », souligne-t-il.

Né en 1922 à Hyères (Var), Lionel a « flotté toute sa vie comme une coquille de noix sur une mer déchaînée », sourit un de ses amis proches. Sa rencontre avec la Haute-Savoie est un premier hasard. Tout juste bachelier, il tombe sur une photographie de l’École nationale d’Horlogerie de Cluses. « Ces montagnes fantastiques m’ont décidé à y aller », rigole le vieil homme.

Nous sommes alors en 1939. La guerre débute un an plus tard et Lionel finit ses études en zone libre. Arrive 1942, le jeune ingénieur s’engage dans l’armée d’armistice de Pétain. « Je ne pensais pas que mes canons allaient être tournés contre les alliés, alors j’espérais un jour pouvoir tuer mes officiers », se souvient-il, amer. Le 11 novembre, la zone libre est envahie par les Allemands.

« Je suis fait prisonnier, mais réussis à m’évader car la Luftwaffe laissait partir tout le monde. » Pour échapper au STO qui oblige tous les jeunes hommes à servir l’Allemagne nazie, il entre dans la Résistance à Scionzier en juin 1943. Les conditions de vie sont douloureuses, les moyens limités, et peu d’hommes s’engagent. Rattaché à l’Armée secrète, sous les ordres de Joseph Maniglier, il participe à la récupération d’armes et de tickets de rationnement jusqu’en mai 1944.

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Extrait du film : la guerre de lionel

Le jeune homme de 21 ans rejoint alors un groupe plus actif : la compagnie 93-15 (F.T.P.F). Les FTP chapeautés par Marius Cochet, alias Franki. « J’ai quitté l’Armée secrète parce qu’ils attendaient la dernière heure pour se battre, critique-t-il, mais chez Franki, tous les copains voulaient combattre pour représenter la France. » Lionel prend du grade après avoir participé à l’attaque de La Balme à Magland (Mémorial pour l’oppression 3808 W1395), au cours de laquelle les Allemands subissent de très lourdes pertes.

Blessé lors d’un parachutage à Boëge le 12 août 1944, le jeune maquisard ne verra pas de ses yeux la Libération de la Haute-Savoie. « Ce moment reste tout de même mon plus beau souvenir de la guerre, bien que je n’en aie rien vécu », soupire-t-il. Pour finir la guerre en uniforme et faire honneur à « sa » France, Lionel Martin participe à la libération. Il finit les combats en Autriche en mars 1946.

L’ancien résistant s’envole pour les États-Unis en 1949, pour suivre une femme, et reconstruit sa vie à Atlanta. « Naturellement je n’ai jamais été Américain, je me sens toujours Haut-Savoyard », souligne-t-il. Son voyage en France est sûrement le dernier. « Il pleurait dans l’avion pour venir, ces terres gardent tellement de ses souvenirs », confie son fils. De ses jeunes années, Lionel Martin l’assure : « Je ne regrette rien. »

Il participera aux 80 ans de la Libération

Invité par l’association “Bienvenue Welcome Lionel”, le résistant haut-savoyard Lionel Martin participera aux cérémonies officielles des 80 ans de la Libération. Le 17 août, il rendra visite à Mme Monet à Scionzier, fille d’une famille qui l’a logé pendant la guerre. Il sera ensuite décoré par les villes de Cluses et d’Annecy les 18 et 19 août. À la suite de cette dernière cérémonie, un film documentaire intitulé La guerre de Lionel sera projeté à 19 h 30 salle Pierre Lamy à Annecy (entrée libre). Un ouvrage retraçant ce récit sera aussi proposé à la vente.

Site : lionel-martin-resistant.fr

Vidéos

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Les souvenirs de la Résistance de Lionel Martin, gardés dans sa « boîte aux secrets ». Photo Le DL /Louise Raymond