Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Folliet Camille (Abbé )Mort pour la FranceJuste parmis les nations

Fils de Johanny et de Marie Camille Julia DUNOYER, commerçant, Camille Folliet est né le 28 mars 1908 à Annecy. Ordonné prêtre en 1932, il est nommé vicaire à Ugine. Mobilisé en 1939, il est profondément atteint par l'Armistice.
Folliet Camille (Abbé )

Folliet Camille (Abbé )

Résistant et juste — Mort de ses blessures

Né(e)28 août à Annecy(Haute-Savoie)
Décèdé(e) 9 avril 1945 à Aix-les-Bains (Savoie)
Maquis : A.S. du secteur de Thônes /

Biographie

Né dans une famille de commerçant de la rue Sommeiller à Annecy, il est le quatrième des huit enfants de Johanny Folliet et de Julia Dunoyer. Il fait ses études chez les frères de l'école des Cordeliers et entre au Collège de Rumilly, dont le Supérieur est un oncle maternel.

En 1926, il passe son bac et entre la même année au Grand Séminaire d'Annecy. Son frère Jean, moine bénédictin de l'Abbaye d'Hautecombe, dira que « sa vocation fut réfléchie et consciente Â».

Son conseiller et guide spirituel est le Chanoine Francis Mugnier. Il profite de ses vacances pour venir au presbytère de La Clusaz où il est accueilli par le père Jean Premat, curé de la paroisse. Là, il peut participer aux activités paroissiales, s'occupant de la chorale qu'il accompagne à l'orgue. Son cursus est interrompu par deux fois, la première pour faire son service militaire comme sergent radio au 28e Génie de Montpellier et la seconde pour remplacer un professeur malade pendant trois mois au Collège de Thônes. Il écrit aussi à cette époque à un ami de la famille, Monseigneur Raoul Harscouët, évêque de Chartres, pour lui confier ses états d'âme de jeune séminariste.

Il est ordonné prêtre le 21 mai 1932, en la Cathédrale d'Annecy par Monseigneur Florent-du-Bois-de-la-Villerabel, Évêque d'Annecy.

Nommé vicaire à Ugine, le 7 octobre 1932, il organise des camps pour les jeunes au bord du Lac d'Annecy, à Menthon-Saint-Bernard, ou au Lac d'Aiguebelette.

Aimant la musique et jouant du piano à bretelles, de l'harmonium et de l'orgue, il crée une section de la Jeunesse ouvrière chrétienne. Il se fait l'apôtre de la justice sociale, pendant le conflit de 1934 à l'usine d'Ugine. En 1936, il organise des réseaux de solidarité. Les salaires des ouvriers d'Ugine sont multipliés par deux, parfois par trois. Puis en 1938, nouveau conflit, marche arrière du patronat. S'il approuve les initiatives sociales d'André Pringolliet, il regrette profondément son anticléricalisme. Dans ces temps difficiles, il aime à se retirer à l'Abbaye de Tamié, parfois quelques jours, plus souvent quelques heures seulement.

C'est à l'automne de 1940 qu'il quitte Ugine pour venir à Annecy s'installer dans l'immeuble du passage de la Cathédrale que le Chanoine Clavel a baptisé de Maison du Peuple. Prêtre de terrain, il peut compter dans son action sur l'aide et l'appui de ses confrères l'abbé Paul Chevallier à Cluses, le Père Albert Simond à Ã‰vian et l'abbé Jean Rosay à Douvaine, l'abbé Abel Jacquet, curé de Juvigny et l'abbé Neyroud, curé de Savigny. Dans cette maison, il réserve deux pièces à deux organisations de secours aux juifs, les Unions chrétiennes de jeunes et la Sixième (Éclaireurs israélites de France dans la clandestinité).

Il ouvre au 12 rue de la Filaterie la Maison des chômeuses, où l'on dispense des formations. Puis, il crée des jardins ouvriers pour venir en aide aux plus démunis, au-dessus du Monastère de la Visitation. Il invite les jeunes à héberger des juifs. Il va de réunion en réunion, ne ménageant ni son temps ni son énergie. Toujours à l'écoute des autres.

Avec le S.T.O., il va héberger et faire fuir les jeunes insoumis vers la Suisse et les maquis. Sa position est très claire, il ne faut pas partir en Allemagne. Il se situe dans la pensée des Cahiers du Témoignage chrétien du père Pierre Chaillet. Son action pour la protection des réfractaires au STO, de la JOC, allait lui drainer une foule de jeunes venus des quatre coins de France. Alphonse Métral est inquiet et rencontre Camille car Vichy veut contrôler le mouvement des jocistes. Il va à Dingy-en-Vuache informer le mouvement des Réfractaires que la Résistance va recevoir un premier parachutage au Col des Saisies, alors recouvert de deux mètres de neige. C'est lui qui met les jeunes en contact avec les premiers résistants de la future A.S. du secteur de Thônes. C'est le début de ce qui allait devenir le Camp de Manigod, avec à sa tête le futur préfet Irénée Revillard. Toujours en liaison avec le secrétariat général de la JOC, installé dans la résidence d'été du cardinal Pierre Gerlier à Sainte-Foy-lès-Lyon. Il donne ses rendez-vous à 6 heures du matin dans l'église où il célèbre la messe.

Son action étant repérée par la police spéciale, il est contraint de rentrer dans la clandestinité. En liaison avec les chefs de la Résistance, il va contribuer au développement des camps de maquisards de la Vallée de Thônes qui donneront naissance un an plus tard à celui des Maquis des Glières. Ce sont les anciens du 27e BCA qui assurent l'encadrement. Camille est très mobile, toujours par monts et par vaux. Il diffuse les Cahiers de notre jeunesse et Les Cahiers du Témoignage chrétien du Père Chaillet et de son collaborateur Joseph Rovan qui se retrouve chez Camille, le jour de son arrestation et ils prennent la fuite par un escalier de service, Les petites ailes de France de François de Menthon. Jeanne Brousse collabore avec lui. Elle est employée à la Préfecture d'Annecy, ce qui facilite l'obtention de faux papiers.

Il est arrêté par l'OVRA, la Gestapo italienne le 10 juin 1943, en gare d'Annecy à la descente du train provenant de La Roche-sur-Foron à 18 heures trente. Il est conduit à la Caserne de Galbert. La veille, le Général Delestraint, chef de l'État-Major de l'Armée Secrète, est arrêté à Paris. Puis le 21 juin 1943, les Allemands arrêteront à Lyon : Jean Moulin, Raymond Aubrac, André Lassagne, Bruno Larat, les colonels, Albert Lacaze et Émile Schwarzfeld. Maître Louis Volland est présent et s'interpose dans l'arrestation brutale du prêtre, il est embarqué aussi. Il en sortira 18 jours plus tard. L'abbé s'est vite préoccupé de déchirer et d'avaler un papier compromettant pendant le transfert. Son gardien lève la crosse de son arme, mais hésite à frapper l'ecclésiastique, car les passants crient. Le lendemain, le domicile de ses parents est perquisitionné. L'affaire fait grand bruit et remonte à Vichy. Il subit un interrogatoire musclé. Il est emmené à Chambéry, enfermé dans les soutes à munitions de la Caserne Curial. C'est là qu'il commence à Ã©crire ses Croquis, qu'il achèvera au Bourget-du-Lac.

Du soupirail de sa geôle, il voit la Croix du Nivolet. Puis un court séjour à la caserne Hoche à Grenoble. Il y rencontre Jean Ouvrard. Ils doivent être jugés avec des maquisards capturés à la Montagne des Princes (Droisy) et au maquis des Dents de Lanfon. Un garde italien lui crache au visage pour avoir discuté la manière inhumaine de traiter les prisonniers.

Le 30 juillet, ils passent devant le tribunal. Les avocats n'ayant pas connaissance des dossiers, les résistants prennent entre deux et quatre ans de prison. Marie Blandin, Jacques Étienne, Pétrel, Jean Ouvrard et Camille Folliet écopent de dix ans pour soutien à des bandes armées combattant les forces italiennes. Camille proteste, écrit au roi d'Italie, Victor-Emmanuel III d'Italie.

Le lendemain du jugement, ils partent en train pour Coni. La foule leur crie dessus mais s'arrête en voyant une femme et un prêtre dans la colonne des prisonniers. Il va rester là du 31 juillet au 28 août pour aller à la Casa penale au pénitencier de Fossano. Ici la vie est infecte, paillasse, pleine de vermine, tinette au centre de la pièce, déborde tous les matins, Camille est en soutane et c'est pour lui une véritable humiliation d'être là dans ce cloaque. La dignité dont il fera preuve impressionne tous ses codétenus. Il y fait la connaissance de Emilio Sereni, un des dirigeants du parti communiste italien d'origine juive, ayant fait de la résistance en France, ayant échappé sept fois au peloton d'exécution. L'aumônier italien lui ayant remis du vin pour qu'il puisse célébrer la messe et s'étant rendu compte qu'il le partageait avec les prisonniers, on lui retira sa soutane, car il fut également pris à Ã©crire en dissimulant ses objets sous son vêtement. Il portera la tenue de bagnard matricule 256 et ne pourra plus célébrer la messe. Puis les événements se précipitèrent, c'est la révolte dans la prison, un caporal pressé de s'enfuir laisse la porte ouverte, Italo Nicoletto, homme fort du Parti communiste italien enfermé avec l'abbé, met son pied pour empêcher que la porte se referme et tout le monde se précipite dehors. Camille veut se cacher dans l'église. Il est repris une heure plus tard. Il écrit à un cardinal romain pour obtenir le statut de prisonnier de guerre et lui demande d'intervenir auprès de l'évêque de Fossano pour cela. Il est le seul français au milieu de trois cents Yougoslaves. Pour être bien avec les autorités de ce pays, les italiens font libérer les Yougoslaves, Camille profite de l'aubaine et de l'intervention du délégué de la Croix-Rouge, auprès de la Gestapo de Venise. Le 21 mars 1944, il est libre.

Son évêque lui conseille de prendre un peu de distance et d'aller faire un stage au Séminaire de la Mission de France à Lisieux. Il y arrive le 21 mai 1944. Il manque d'action et part pour la Mission de Paris qui vient d'être créée. Il est embauché comme prêtre ouvrier à l'usine BMW d'Argenteuil. Il soutient et anime un groupe de jeunes résistants qui ont fondé la Nouvelle Jeunesse Française. Puis il se joint aux résistant sur les barricades de Paris, boulevard Saint-Michel du 19 au 24 août. Sautant par-dessus celles-ci pour porter l'extrême-onction aux mourants. Il y retrouve son ami Pistre au PC de l'Hôtel des Pyrénées rue de Seine. Et voulant porter les armes, il quitta sa soutane pour faire le coup de feu au Carrefour de la Mort au croisement du Boulevard Saint-Michel et du Boulevard Saint-Germain.

Le 18 janvier 1945, il est sur le front des Alpes à Bourg-Saint-Maurice, à l'automne, il est à Cluses et à Chedde, avec son ami Pierre Metay. Il prend le temps de sauver son oncle Léon à qui il était reproché d'avoir eu des complaisances pour l'occupant. Il accepte d'être l'aumônier du bataillon de la Division Alpine. En décembre, il est l'aumônier dans l'armée de Libération de la demi brigade des FFI, chasseurs du 27e , du 7e et du 13e en Tarentaise dans la Division Alpine constituée par Jean Valette d'Osia à partir d'éléments F.T.P. et A.S. Il est sous les ordres du Colonel de Galbert, le fils de celui qui a donné son nom à la caserne d'Annecy. Son PC est à Bourg-Saint-Maurice et Roger Frison-Roche, l'alpiniste écrivain y est officier de liaison. Il y refuse tout grade et tout galon, il veut être que l'abbé. Il écrit à Monseigneur Léon-Albert Terrier, compatriote, ancien évêque de Moutiers et alors évêque de Bayonne. Il profite des petits moments de répit pour retravailler à son Chemin de Croix et à ses Croquis.

Le 13e Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA) est passé à l'offensive, et une action est menée sur un front étendu : le Roc Noir, La Redoute, le mont Valezan. Le péril est grand, l'abbé du 13e BCA demande à Camille Folliet de se joindre à lui. Il se trouve au Roc Noir en ce samedi matin du 30 mars 1945. Les cris des blessés sont insoutenables. L'abbé rejoint la 1ere Compagnie. Il bondit malgré les recommandations du Capitaine Calderini. Une rafale claque. Il approche du blessé qu'il est parti secourir. Puis l'abbé ressent une douleur sur son bras, il crie. Les copains ont vu. Une poignée de volontaires va aller le chercher. Le prêtre a le bras fracassé, Frison-Roche le descend sur La Rosière. Ne voulant pas être évacué, l'abbé sera pourtant contraint d'accepter. Puis il sera conduit en urgence de Bourg-Saint-Maurice à l'hôpital d'Aix-les-Bains. La gangrène l'envahit. L'infection gagne tout son corps. Il souffre atrocement et regrette simplement de ne pas pouvoir conduire sa mission à son terme. Il pousse son dernier soupir le lundi 9 avril 1945 à 18 heures, un mois avant la Victoire.

Les jocistes, (Jeunesse ouvrière chrétienne), font la veillée funèbre toute la nuit dans la cathédrale auprès de la dépouille de Camille, son cercueil recouvert du drapeau et des fanions de nombreux mouvements d'Action Catholique, des syndicats CFTC et CGT, du Parti Communiste et du Parti Socialiste.

Monseigneur Auguste Cesbron, évêque d'Annecy, célèbre les funérailles de Camille le 11 avril 1945 et prononce l'éloge panégyrique du héros savoyard.

Les funérailles grandioses du martyr sont célébrés en présence d'une centaine de prêtres en tenue liturgique et de plusieurs milliers de personnes. D'un détachement de chasseurs alpins, d'un groupe d'éclaireurs skieurs descendu du front de la Haute Tarentaise, où Camille fut mortellement blessé, le préfet Irénée Revillard, les présidents des Comités de Libération de Haute-Savoie et de Savoie, des Officiers des Unités des Alpes, des groupes de maquisards d'Armée Secrète, F.T.P., des mouvements de réseaux clandestins ayant dirigé des juifs et maquisards vers la Suisse. Le Chanoine Duval, futur Cardinal d'Alger, préside l'Eucharistie. Ses fonctions de Vicaire Général des Å’uvres l'avaient conduit à Ãªtre en rapport avec le défunt. Au cimetière Monsieur Volland fit un discours au nom de l'Association des Premiers Résistants et le Colonel de Galbert en fit un au nom des Unités du front des Alpes dont l'abbé était l'aumônier.

Distinction(s)
Ordre national de la légion d'honneur

Ordre national de la légion d'honneur

Détail

La Légion d’honneur est la plus haute distinction nationale. Elle a été instituée le 19 mai 1802 par Napoléon Bonaparte. Elle récompense depuis ses origines les « mérites éminents Â» militaires ou civils rendus à la Nation.

Ordre

Croix de guerre 1939-1945

Croix de guerre 1939-1945

Détail

La croix de guerre 1939-1945 est une décoration militaire attribuée pour récompenser l'octroi d'une citation par le commandement militaire pour conduite exceptionnelle au cours de la seconde Guerre mondiale.

Médaille

Médaille de la Résistance

Médaille de la Résistance

Détail

La médaille de la Résistance française est instituée par ordonnance du 9 février 1943 du général de Gaulle pour "reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui auront contribué à la résistance du peuple français"

Médaille

Médaille des justes parmi les nations

Médaille des justes parmi les nations

Détail

Les personnes reconnues comme « Justes parmi les nations Â» reçoivent une médaille spécialement frappée à leur nom et un diplôme d’honneur. Elles ont en outre le privilège de voir leurs noms gravés sur le Mur d’honneur dans le jardin des Justes de Yad Vashem à Jérusalem.

Médaille

Mort pour la france

Mort pour la france

Détail

En 1916, est crée avec l’aide du Souvenir Français une association « l’œuvre de la reconnaissance des tombes des militaires et marins pour la Patrie Â» dénommée la cocarde du souvenir dont l’objectif est d’apposer une cocarde tricolore sur chaque tombe de combattant.

Mention

Lieu de mémoire en lien avec
Folliet Camille (Abbé )
 Plaque Maison diocaisaine

Plaque Maison diocaisaine

Détail

Plaque en hommage aux prêtres victimes de la Seconde Guerre mondiale. L'un d'eux, Camille Folliet, encourage les jeunes à ne pas partir en Allemagne. Il les aide à fuir le STO, notamment en passant en Suisse ou en prenant le maquis.

Lieu : Annecy

Les figures

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  • 3

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