Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
menu

Scionzier — Ville résistante et inauguration de la plaque commémorative

Hervé Thiébault, président de l’Anacr de Cluses et environs, a remis le diplôme “Ville Résistante” au maire Stéphane Pépin lors d’une cérémonie ce 18 août. Photo Le DL /N.S.

La libération de Scionzier s’est faite du 14 au 18 août, grâce à l’implication des nombreux résistants bien sûr, mais aussi aux habitants qui ont fait preuve de solidarité.

En Haute-Savoie, les effectifs des maquisards augmentèrent significativement dès le printemps 1943. Les jeunes hommes réfractaires à la Relève et au STO furent obligés de fuir dans les refuges de montagne, notamment les chalets de Loëx, au-dessus de Taninges (Maquis de Loëx), ou le camp de Combe à Martod, où se trouvait dans un premier temps Joseph Maniglier, dit “Many”. Ils devinrent des résistants actifs et formèrent des compagnies.

Les jeunes, impliqués dans les combats

Ainsi s’est créée la compagnie F12 de l’Armée Secrète du lieutenant Poplavski, ou la Patrouille Blanche des FFI (Forces françaises de l’Intérieur) dirigée par Joseph Maniglier. Elles participèrent aux combats des 17 et 18 août, aboutissant à la libération de Cluses et ouvrant la voie à celle Scionzier puis du reste de la vallée. Ils étaient de jeunes gens ordinaires, mais encadrés par quelques militaires aguerris. Leur nom reste inscrit sur les stèles de Scionzier : Raymond Da-Pon, Francis Mauris-Demourioux, Laurent Lentz, Robert Deprez, Jean-Georges Tochon-Pellerey, Henri Paturel, tous Morts pour le France.

Après la reddition de Mussolini, les troupes italiennes furent remplacées par celles allemandes qui firent régner la terreur dans la vallée. « Une majorité de la population de Scionzier a, dès le début, soutenu les maquisards, que ce soit en prêtant des véhicules, en ravitaillant les camps, en lavant le linge, en portant des messages ou en ne dénonçant pas. Tous ont pris des risques. Chaque initiative, chaque geste a compté », détaillait Anny Pasquier, secrétaire de l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (ANACR 74) de Cluses et environs et nièce de Many.

La ville libérée

Le 18 août, vers 4 heures, les Allemands quittaient Cluses. La colonne qui fuyait fut rejointe à Scionzier par les résistants. Au centre-ville, ils furent dans un premier temps stoppés par une mitrailleuse allemande embusquée sous une véranda de l’Hôtel des Voyageurs.

Vers 8 heures, le quartier de Rovagny s’embrasa suite à l’explosion d’un un camion allemand touché par une roquette tirée par un sergent de l’AS. Cet événement signe la défaite allemande.

Dans les rues et champs entourant Scionzier, les combats deviennent épisodiques. Les habitants osèrent alors sortir de chez eux. De grandes effusions de joie tournées vers les combattants explosèrent.

Le grand parachutage en juillet 1944 sur le plateau des Glières a permis de préparer la libération de la Haute-Savoie : 162 tonnes d’armes, de matériel et de médicaments furent récupérées par 3 800 hommes du département.

Toutes les factions de la résistance locale, les FFI, FTP, l’AS, se mobilisèrent pour l’ultime combat qui débuta le 14 août autour de l’École nationale d’horlogerie de Cluses où étaient stationnées les troupes allemandes, pour s’achever le 18 août par la fuite de l’ennemi.

Alors que tombaient les premiers maquisards, la solidarité se mit en place et un hôpital de fortune était dressé à la salle des fêtes à Scionzier. Les jeunes filles avaient été formées pour les actes de premiers secours : désinfection de plaies, garrots, piqûres, bandages…

« Toutes les familles de Scionzier ont participé à la libération de leur ville. Il y a eu une belle solidarité qui s’est poursuivie ensuite lors de la reconstruction et les actes de générosité envers les plus démunis ont été nombreux », concluait Anny Pasquier.

Une journée de commémorations

La plaque commémorative, apposée sur le mur de la mairie, rendant hommage à l’engagement des résistants et des habitants de la ville durant les années de guerre et des combats du 18 août 1944. Le texte a été écrit par l’Anacr de Cluses et les anciens combattants de Scionzier. Photo Le DL /N.S.

Ce mardi 18 août, Scionzier commémorait devant le monument aux Morts le 76e anniversaire de la libération de la ville grâce aux seules forces de la Résistance.

Une plaque commémorative, apposée sur le mur de la mairie, rendant hommage à l’engagement des résistants et des habitants de la ville durant les années de guerre et des combats du 18 août 1944, a été inaugurée. Pour l’occasion, Hervé Thiébault, président de l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (ANACR 74) de Cluses, a remis au maire Stéphane Pépin un diplôme décerné à la ville et ses habitants pour leurs actions dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.

« Nous sommes réunis aujourd’hui pour célébrer cette Résistance qui a tant œuvré pour la libération du pays. Nous rendons hommage à ces résistants qui ont combattu et sont devenus des martyrs. L’histoire de nos héros, de nos villes et de nos campagnes nous élève », rappelait le maire.

Le matin, une délégation de l’ANACR 74 de Cluses accompagnée de nombreux élus locaux, dont le sénateur Loïc Hervé, René Garin, représentant du Souvenir Français de Scionzier, Marnaz, Vougy, des porte-drapeaux des associations de mémoire, a fleuri les différentes stèles de Scionzier. Quatre ont été visitées afin de ne pas oublier ces résistants tombés au combat. Les monuments aux Morts de Vougy, Marnaz et Scionzier ont également été fleuris.

Nathalie SARFATI, 21 aout 2020
Lieux de mémoire en lien :
 Stèle Raymond DA-PON

Stèle Raymond DA-PON

Détail

Lieu : Scionzier

 Ville résistante

Ville résistante

Détail

La plaque commémorative, apposée sur le mur de la mairie, rendant hommage à l’engagement des résistants et des habitants de la ville durant les années de guerre et des combats du 18 août 1944

Lieu : Scionzier