Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Journées européennes du patrimoine et du matrimoine : coup de projecteur sur neuf résistantes

Focus, femmes en résistance, Annect. L'autrice Céline Barbier-Kezel. Photo Le DL /Colette Lanie

Les femmes résistantes n’ont pas toujours eu la reconnaissance qu’elles méritent. La Ville vient de publier un opuscule sur neuf d’entre elles. Il rend hommage à ces combattantes de l’ombre auxquelles l’histoire de la cité est intimement liée.

On croyait tout savoir sur la résistance en Haute-Savoie. Elle recèle encore bien des mystères. Surtout en ce qui concerne les femmes, dont la visibilité était souvent étouffée par celle des hommes. Dans un mouvement général de rééquilibrage, les historiens orientent désormais la lumière sur elles. Et le hasard tient parfois la manette des projecteurs.

Quand Céline Barbier-Kezel, guide conférencière du service « Ville d'art et d'histoire » d'Annecy, conduit une visite dans Annecy, elle ne s’attend pas à compter parmi son auditoire, une dame par laquelle un nouveau récit va naître. Un opuscule, intitulé Femmes en résistance , va même voir le jour à la suite de cette rencontre. « Vous avez montré la photo de ma maman et je voudrais vous en parler », lui dit alors Catherine Aussedat. On y voyait le défilé des agents de liaison, rue du Pâquier, à la Libération en août 1944. Effectivement, Élisabeth Lalanne, décédée en 2010 à Seynod, était en bonne place sur le cliché, avec deux autres résistantes plus connues, Colette et Louise Péries.

Un des points de chute de l’Armée secrète

Quelques jours après cet échange inattendu, la guide découvrait les archives de la famille à Saint-Jorioz. Surtout des albums photos car la clandestinité faisait mauvais ménage avec les traces écrites. Pourquoi la famille d’Élisabeth Lalanne s’est-elle manifestée aujourd’hui ? « Tout simplement parce qu’elle ne se rendait pas compte de la richesse de ses archives », analyse l’historienne. Les informations qu’elle recueille en libèrent d’autres.

Élisabeth Lalannee[/figure] avait pour amies Marie Germaine Morel, épouse du célèbre Tom Morel, et les sœurs Louise Péries et Colette Péries. Élisabeth Lalanne avait tout juste 21 ans quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté. Elle était entrée résistance en tant qu’agent de liaison, sans le dire à son père, alors directeur des Forges de Cran. Ce dernier, dans un premier temps Pétainiste puis Gaulliste, s’était finalement laissé convaincre par sa fille. La maison familiale, chemin de Proupeine, était devenue l’un des points de chute de l’Armée secrète (A.S. du secteur d'Annecy).

Au fil des confidences, l’histoire d’une autre jeune femme refait aussi surface. Renée Coulin, qui avait sauvé la vie de dix personnes traquées. Une partie de ces héroïnes sera déportée à Ravensbrück.

Autant de témoignages qui ont donné lieu à la création de Femmes en résistance , dans la collection Focus. Sans être exhaustif, il recense neuf portraits, dans lesquels se reflètent de vrais parcours de vie.

Un besoin viscéral de reconquérir une liberté en train de leur échapper

L’autrice a été surprise de constater combien le cœur de ces jeunes filles, à peine âgées de 20 ans, pouvait contenir de valeurs morales. Toutes avaient un dénominateur commun : elles étaient poussées par un besoin viscéral de reconquérir une liberté en train de leur échapper. Et une foi chrétienne partagée. « Leur féminité était également un atout car elle les plaçait au-dessus de tout soupçon », s’amuse la guide. Même si elle s’est beaucoup appuyée sur le livre de Michel Germain, Des femmes dans la guerre , pour écrire ce document d’une vingtaine de pages, elle met en lumière, ici, des anecdotes inédites. Mais surtout des tempéraments d’airain.

Tiré à 2 500 exemplaires, ce premier opuscule de la collection Focus est consultable sur le site de la ville d’Annecy. Il a été élaboré en collaboration avec le service Patrimoine - Ville d’art et d’histoire - et les archives municipales. Il sera lancé lors des Journées européennes du patrimoine et du matrimoine, qui ont lieu du 20 au 22 septembre dont le thème est “Patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions.” Une conférence sera donnée par Céline Barbier-Kezel ce dimanche 22 septembre à 14 heures devant le temple protestant, 14 rue de la poste à Annecy.

Le livret, sans être exhaustif, recense neuf portraits, dans lesquels se reflètent de vrais parcours de vie : Élisabeth Lalanne, Colette Périès, Louise Périès, Jeanne Maurier-Brousse, Louise Gambillon, Adélaïde Brunier, Renée Coulin, Odette Chapal, Adèle Barrucand, Flora Saulnier et Jeanne Françoise Arragain.

Colette Lanier, 19Sept. 2024