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Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Cluses — Des résistants honorés au lycée Charles-Poncet

Sous sa plaque commémorative, deux élèves ont retracé le parcours d’Hélène Puthod. Photo Le DL/F.T.

Le lycée Charles-Poncet organisait en juillet une cérémonie en hommage aux résistants internés à l’École d’horlogerie de Cluses pendant la Seconde Guerre mondiale. Une plaque a notemment été dédiée à Hélène-Louise Puthod, infirmière résistante. Les élèves ont également honoré d’autres résistants, dont les destins tragiques ont été rappelés.

Le mercredi 3 juillet, le lycée Charles-Poncet a organisé avec la municipalité, les associations de mémoire, les archives et la participation active des élèves, un hommage aux résistants qui ont été internés dans les bâtiments de l’École d’horlogerie qui servait alors de prison et de garnison pour 250 militaires allemands depuis le mois de septembre 1943. Hélène-Louise Puthod a été particulièrement mise à l’honneur puisqu’une plaque commémorative lui a été consacrée à l’intérieur d’un des bâtiments de l’école. « Nous vivons un moment particulièrement fort pour l’établissement », se réjouissait le proviseur Marcel Béchet.

L’infirmière clusienne qui faisait partie de l’Armée Secrète et du groupe Forces Françaises de l’Intérieur du docteur Picaud a soigné et nourri les prisonniers civils français de la Gestapo, au sein même de l’école, risquant sa liberté et sa vie pour permettre les communications entre les détenus, leurs familles et camarades résistants. Elle a été faite prisonnière le 17 août 1944 et s’est échappée le lendemain, alors que les combats pour la Libération faisaient rage.

Une exposition sur le rôle de l’école durant la guerre est visible jusqu’au 29 août

Dans la cour de l’école, la vie de plusieurs résistants martyrs a été aussi évoquée avec émotion par les élèves du lycée qui présentaient des portraits pour rappeler les disparus. Ainsi Émile Dupraz et Susan Dupraz. Il était sergent-chef dans la Patrouille Blanche, elle, l’aidait dans ses actions de Résistance. Ils ont tous deux été capturés le 15 septembre 1943 après avoir été trahis par des voisins. Envoyés dans différents camps d’internement, leur destin divergea. Louis, dit Émile, est d’abord convoyé à Buchenwald, puis à Bergen-Belsen, où il décéda le 14 juillet 1944. Susan est déportée à Ravensbrück le 30 janvier 1944 puis le 13 juin au camp de Flussenburg en République tchèque. Elle fut libérée le 7 mai 1945 et revint vivre à Scionzier, où elle habitait.

Joseph Riondet était cuisinier à l’École d’horlogerie et avait choisi d’aider les résistants. Il fut arrêté le 1er  octobre 1943 et détenu au sein des prisons de l’établissement. Comme les époux Émile Dupraz et Susan Dupraz, il est d’abord envoyé au fort de Montluc, à Lyon, puis à Compiègne. Il est ensuite déporté à Buchenwald, puis à Bergen-Belsen où il décéda le 8 mars 1945, suite aux mauvais traitements subis.

Jacques Arnaud, le directeur du sanatorium du plateau d’Assy, aidait aussi les maquisards tout en continuant d’exercer son métier. Il est arrêté le 26 juin 1944, détenu et torturé à l’École d’horlogerie, avant d’être exécuté à Thyez le 9 juillet 1944 parce qu’il refusait de livrer le nom des résistants qu’il soignait.

]André Cuny[/figure] appartenait à l’Armée Secrète, Compagnie de Cordon. Il est arrêté aux Vorziers, le 17 juin 1944, par des douaniers allemands et une patrouille SS de Cluses, alors qu’il rentrait à vélo, chez lui, à Sallanches. Après un bref passage à l’École d’horlogerie, il est détenu à Annecy, puis envoyé le 14 juillet 1944 à Lyon, puis en Allemagne au camp de concentration de Neuengamme. Il est transféré dans plusieurs endroits, avant d’arriver au mouroir de Sandbostel. Il décéda le 14 avril 1945 à Loew, lors de l’évacuation du camp.

Enfin, Jean Feuillet, dont la plaque commémorative orne un des murs de la cour du lycée Charles-Poncet, a été lui aussi emprisonné à l’École nationale d’horlogerie (ENH) de Cluses. Il avait rejoint les Francs Tireurs Partisans de Savoie par refus d’être envoyé en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire. Le 21 décembre 1943, à 10 h 30 du matin, il tenta de s’échapper du deuxième étage. Il est repéré par une sentinelle qui ouvrit le feu. Déséquilibré, il tomba, se brisa les deux jambes et il fut immédiatement achevé par les Allemands. Sa mort causa un choc parmi les élèves qui furent nombreux à apercevoir son corps dans la cour de l’école depuis les fenêtres de leurs salles de cours. Une exposition, visible au musée de l’Horlogerie et du décolletage jusqu’au jeudi 29 août, retrace le quotidien de l’ENH durant la guerre.

Vidéos

Vidéo Cluses — Des résistants honorés au lycée Charles-Poncet id:2pNEYgNsLp4

Film : les derniers témoins de la libération de Cluses en haute savoie du 14 au 18 août 1944

Vidéo Cluses — Des résistants honorés au lycée Charles-Poncet id:ol8Ax1QtisY

Film : Avoir 20 ans en 1940

Vidéo Cluses — Des résistants honorés au lycée Charles-Poncet id:0pvNI2jlAvY

Extrait du film : la guerre de Lionel Martin

Vidéo Cluses — Des résistants honorés au lycée Charles-Poncet id:0Y6-0JbmnGU

Interview de Lionel Martin

Frank Tighello, 15 août 2024
Lieux de mémoire en lien :
 Plaque Feuillet Jean (ENH)

Plaque Feuillet Jean (ENH)

Détail

Plaque commémorative Feuillet Jean - École Nationale d'Horlogerie (ENH)

Lieu : Cluses

 Plaque Hélène-Louise Puthod

Plaque Hélène-Louise Puthod

Détail

Plaque en mémiore d'Hélène-Louise Puthod, qui outre ses fonctions d’infirmière, d’agent de liaison et d’agent de renseignement, Hélène-Louise Puthod a volé un mécanisme d’horlogerie d’un V1 allemand, missile utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, stationnant sur le quai de la gare de Cluses.

Lieu : Cluses