Bataillon Mont-Blanc ,Type Action / R.F.I : Forces Française de l’Intérieur / Rattachement : A.S. Compagnie de Chamonix / Commandement : Neyrinck Ernest / Communes : Chamonix-Mont-Blanc / Les Contamines-Montjoie / Le Bataillon du Mont-Blanc et les engagements dans le massif En octobre 1944, les résistants de la haute vallée de l’Arve se regroupent à Chamonix pour assurer la défense du massif du Mont-Blanc. Sous les ordres du capitaine Ernest Neyrinck, ils forment le Bataillon Mont-Blanc, un bataillon de haute montagne. Il se compose d’un état-major, de trois compagnies de combat et d’une CHR (compagnie hors rang). Chaque compagnie de combat comprend deux sections de combat et une SES (section d’éclaireurs skieurs). Elles sont commandées respectivement par les lieutenants Maerten, Rachel et Borgeat. Les compagnies occupent Les Contamines-Montjoie, Chamonix et Montroc. Les sections sont déployées aux cols de l’Enclave, du Bonhomme, de la Croix du Bonhomme, du Midi et du Tour. La CHR assure les transmissions radio, l’entretien des skis, la maintenance du téléphérique du col du Midi ainsi que l’approvisionnement des refuges (Couvercle, Requin, Géant…). L’opération Himmelfahrt – Nuit du 16 au 17 février 1945 Dans la nuit du 16 au 17 février 1945, les troupes allemandes lancent l’opération « Himmelfahrt », visant à occuper et détruire le refuge du Requin et la gare supérieure du téléphérique du col du Midi. L’attaque mobilise une section de la Sturmkompanie, deux sections de la 7e compagnie, ainsi qu’une pièce d’artillerie de 75 mm. La SES Rachel, partie du col du Midi en direction du col du Flambeau (3500 m d’altitude), est fortement accrochée par les Gebirgsjäger. Le lieutenant Rachel rassemble une quinzaine d’hommes au col du Midi. Vers 3 h du matin, l’ennemi entame sa progression sur le glacier du Géant. En pleine nuit, l’avancée est rendue difficile par la neige et la visibilité réduite. Un groupe de quatre hommes prend position au Gros Rognon, un second se place au pied du Tacul, tandis que Rachel progresse au centre. Soudain, il aperçoit à moins de 20 mètres une ligne de silhouettes blanches. La mitrailleuse FM ouvre le feu. Les Autrichiens répliquent aussitôt. Rachel comprend qu’il a heurté l’arrière du dispositif ennemi, qui tente maintenant de les encercler. Il ordonne la dispersion avant le lever du jour. Le combat devient alors individuel. Les uniformes blancs provoquent des confusions entre les deux camps. Peu à peu, les Français convergent vers le Gros Rognon, déjà occupé par l’ennemi, qui ne les repère pas. Au lever du jour, le groupe positionné au pied du Tacul ouvre le feu. Les assaillants autrichiens échouent à les déloger. Finalement, Rachel et ses hommes rejoignent le col du Midi. Les Allemands, menés par le capitaine Singel, s’approchent d’eux lorsque ce dernier est mortellement touché par une rafale tirée depuis le Tacul. Face à la perte de leur chef, les assaillants se replient en emportant son corps. Sur le glacier du Géant, les Français relèvent neuf cadavres ennemis et le corps du chasseur Baz, tombé durant la nuit. L’artillerie au col du Midi Face à cette attaque, l’état-major de la division décide de renforcer la défense du col du Midi en y installant des pièces d’artillerie pour soutenir les éclaireurs et détruire le téléphérique du Mont-Fréty, utilisé pour ravitailler les forces ennemies. Le 9 mars 1945, le capitaine Lapra, commandant la 7ᵉ batterie du 93ᵉ RAM, effectue une reconnaissance avec le lieutenant Burgard et l’adjudant-chef Fabri. Ils confirment la possibilité d’installer deux pièces de 75 mm de montagne sur la position, protégée par un léger masque, ainsi que 500 obus. La mise en place est délicate : elle s’effectue de nuit, par téléphérique. Celui-ci dispose d’une benne de service capable de transporter 800 kg jusqu’à la station intermédiaire des Glaciers. Ensuite, un câble permet de faire monter 150 kg à la fois sur un simple plateau. À 3000 m, la charge est transférée sur un second plateau, suspendu à une arête rocheuse munie d’un plancher à claire-voie. Le tir sur le Mont-Fréty Le 20 mars au matin, les pièces sont prêtes, mais l’ordre d’ouverture du feu ne sera donné que le 8 avril. Durant trois semaines, le capitaine Lapra organise la position, creuse des abris dans la neige, effectue des reconnaissances et règle ses tables de tir. Chaque soir, les culasses et les freins des pièces sont démontés pour éviter le gel, et il faut souvent les dégager d’une épaisse couche de neige le matin. À 14 h, un premier tir de réglage — trois salves — est effectué sur une position repérée à l’aiguille du Petit-Flambeau. Pour viser le Mont-Fréty, il faut un réglage aérien, mais la météo empêche tout vol. Les Allemands ripostent par des tirs d’artillerie. Des éclats atteignent une pièce et sectionnent un câble du pylône supérieur du téléphérique. Le lendemain après-midi, malgré un vent violent, un avion d’observation parvient à guider le tir. À la cinquième salve, le pylône du téléphérique du Mont-Fréty est touché. 300 obus sont tirés. La mission est remplie. Le 12 avril, les artilleurs redescendent dans la vallée, laissant leur pièce démontée sur place jusqu’à la fin des hostilités. La fin du bataillon En janvier 1945, le poste de commandement du bataillon s’installe à Megève. La compagnie de Montroc part pour Beaufort, et le commandant Clair prend le commandement du bataillon. En février, la fusion avec le 7ᵉ BCA est envisagée, mais finalement, le bataillon du Mont-Blanc est dissous le 1er mars 1945. Seule subsiste la compagnie autonome de Chamonix, aussi appelée compagnie autonome du Mont-Blanc. Le reste des effectifs est réparti dans les unités de la 27e Division d’Infanterie Alpine. La compagnie autonome déploie ses sections entre le Montenvers, le refuge du Requin, le col du Midi et le chalet de Plan Jovet. Début mai, elle part pour l’Ubaye et est définitivement dissoute à Jausiers, le 23 mai 1945, pour être intégrée au I/141e RIA. première compagnie du 2e bataillon du Mont-Blanc ▶ Portrait de maquisardFrançois BazRésistantErnest NeyrinckRésistant À lire sur le siteSouvenir et recueillement aux 80 ans des combats du col du Midi, les plus hauts d'EuropeÀ 97 ans, René Bozon est le dernier témoin des combats du col du MidiUne plaque à l’aiguille en souvenir de la bataille du col du MidiChamonix — Souvenirs de bataille dans la montagnePose de cocardes à l'EMHM de ChamonixLivre : Combats aux sommets, 1939-1945 dans le massif du Mont-BlancArticles externesMémoire des Alpins - Bataillon Mont-Blanc9 avril 1945 : le Duel d’artillerie le plus haut d’Europe !Musée des troupes de montagne Les maquis
Le Bataillon du Mont-Blanc et les engagements dans le massif En octobre 1944, les résistants de la haute vallée de l’Arve se regroupent à Chamonix pour assurer la défense du massif du Mont-Blanc. Sous les ordres du capitaine Ernest Neyrinck, ils forment le Bataillon Mont-Blanc, un bataillon de haute montagne. Il se compose d’un état-major, de trois compagnies de combat et d’une CHR (compagnie hors rang). Chaque compagnie de combat comprend deux sections de combat et une SES (section d’éclaireurs skieurs). Elles sont commandées respectivement par les lieutenants Maerten, Rachel et Borgeat. Les compagnies occupent Les Contamines-Montjoie, Chamonix et Montroc. Les sections sont déployées aux cols de l’Enclave, du Bonhomme, de la Croix du Bonhomme, du Midi et du Tour. La CHR assure les transmissions radio, l’entretien des skis, la maintenance du téléphérique du col du Midi ainsi que l’approvisionnement des refuges (Couvercle, Requin, Géant…). L’opération Himmelfahrt – Nuit du 16 au 17 février 1945 Dans la nuit du 16 au 17 février 1945, les troupes allemandes lancent l’opération « Himmelfahrt », visant à occuper et détruire le refuge du Requin et la gare supérieure du téléphérique du col du Midi. L’attaque mobilise une section de la Sturmkompanie, deux sections de la 7e compagnie, ainsi qu’une pièce d’artillerie de 75 mm. La SES Rachel, partie du col du Midi en direction du col du Flambeau (3500 m d’altitude), est fortement accrochée par les Gebirgsjäger. Le lieutenant Rachel rassemble une quinzaine d’hommes au col du Midi. Vers 3 h du matin, l’ennemi entame sa progression sur le glacier du Géant. En pleine nuit, l’avancée est rendue difficile par la neige et la visibilité réduite. Un groupe de quatre hommes prend position au Gros Rognon, un second se place au pied du Tacul, tandis que Rachel progresse au centre. Soudain, il aperçoit à moins de 20 mètres une ligne de silhouettes blanches. La mitrailleuse FM ouvre le feu. Les Autrichiens répliquent aussitôt. Rachel comprend qu’il a heurté l’arrière du dispositif ennemi, qui tente maintenant de les encercler. Il ordonne la dispersion avant le lever du jour. Le combat devient alors individuel. Les uniformes blancs provoquent des confusions entre les deux camps. Peu à peu, les Français convergent vers le Gros Rognon, déjà occupé par l’ennemi, qui ne les repère pas. Au lever du jour, le groupe positionné au pied du Tacul ouvre le feu. Les assaillants autrichiens échouent à les déloger. Finalement, Rachel et ses hommes rejoignent le col du Midi. Les Allemands, menés par le capitaine Singel, s’approchent d’eux lorsque ce dernier est mortellement touché par une rafale tirée depuis le Tacul. Face à la perte de leur chef, les assaillants se replient en emportant son corps. Sur le glacier du Géant, les Français relèvent neuf cadavres ennemis et le corps du chasseur Baz, tombé durant la nuit. L’artillerie au col du Midi Face à cette attaque, l’état-major de la division décide de renforcer la défense du col du Midi en y installant des pièces d’artillerie pour soutenir les éclaireurs et détruire le téléphérique du Mont-Fréty, utilisé pour ravitailler les forces ennemies. Le 9 mars 1945, le capitaine Lapra, commandant la 7ᵉ batterie du 93ᵉ RAM, effectue une reconnaissance avec le lieutenant Burgard et l’adjudant-chef Fabri. Ils confirment la possibilité d’installer deux pièces de 75 mm de montagne sur la position, protégée par un léger masque, ainsi que 500 obus. La mise en place est délicate : elle s’effectue de nuit, par téléphérique. Celui-ci dispose d’une benne de service capable de transporter 800 kg jusqu’à la station intermédiaire des Glaciers. Ensuite, un câble permet de faire monter 150 kg à la fois sur un simple plateau. À 3000 m, la charge est transférée sur un second plateau, suspendu à une arête rocheuse munie d’un plancher à claire-voie. Le tir sur le Mont-Fréty Le 20 mars au matin, les pièces sont prêtes, mais l’ordre d’ouverture du feu ne sera donné que le 8 avril. Durant trois semaines, le capitaine Lapra organise la position, creuse des abris dans la neige, effectue des reconnaissances et règle ses tables de tir. Chaque soir, les culasses et les freins des pièces sont démontés pour éviter le gel, et il faut souvent les dégager d’une épaisse couche de neige le matin. À 14 h, un premier tir de réglage — trois salves — est effectué sur une position repérée à l’aiguille du Petit-Flambeau. Pour viser le Mont-Fréty, il faut un réglage aérien, mais la météo empêche tout vol. Les Allemands ripostent par des tirs d’artillerie. Des éclats atteignent une pièce et sectionnent un câble du pylône supérieur du téléphérique. Le lendemain après-midi, malgré un vent violent, un avion d’observation parvient à guider le tir. À la cinquième salve, le pylône du téléphérique du Mont-Fréty est touché. 300 obus sont tirés. La mission est remplie. Le 12 avril, les artilleurs redescendent dans la vallée, laissant leur pièce démontée sur place jusqu’à la fin des hostilités. La fin du bataillon En janvier 1945, le poste de commandement du bataillon s’installe à Megève. La compagnie de Montroc part pour Beaufort, et le commandant Clair prend le commandement du bataillon. En février, la fusion avec le 7ᵉ BCA est envisagée, mais finalement, le bataillon du Mont-Blanc est dissous le 1er mars 1945. Seule subsiste la compagnie autonome de Chamonix, aussi appelée compagnie autonome du Mont-Blanc. Le reste des effectifs est réparti dans les unités de la 27e Division d’Infanterie Alpine. La compagnie autonome déploie ses sections entre le Montenvers, le refuge du Requin, le col du Midi et le chalet de Plan Jovet. Début mai, elle part pour l’Ubaye et est définitivement dissoute à Jausiers, le 23 mai 1945, pour être intégrée au I/141e RIA. première compagnie du 2e bataillon du Mont-Blanc ▶ Portrait de maquisardFrançois BazRésistantErnest NeyrinckRésistant À lire sur le siteSouvenir et recueillement aux 80 ans des combats du col du Midi, les plus hauts d'EuropeÀ 97 ans, René Bozon est le dernier témoin des combats du col du MidiUne plaque à l’aiguille en souvenir de la bataille du col du MidiChamonix — Souvenirs de bataille dans la montagnePose de cocardes à l'EMHM de ChamonixLivre : Combats aux sommets, 1939-1945 dans le massif du Mont-BlancArticles externesMémoire des Alpins - Bataillon Mont-Blanc9 avril 1945 : le Duel d’artillerie le plus haut d’Europe !Musée des troupes de montagne Les maquis
Souvenir et recueillement aux 80 ans des combats du col du Midi, les plus hauts d'EuropeÀ 97 ans, René Bozon est le dernier témoin des combats du col du MidiUne plaque à l’aiguille en souvenir de la bataille du col du MidiChamonix — Souvenirs de bataille dans la montagnePose de cocardes à l'EMHM de ChamonixLivre : Combats aux sommets, 1939-1945 dans le massif du Mont-Blanc
Mémoire des Alpins - Bataillon Mont-Blanc9 avril 1945 : le Duel d’artillerie le plus haut d’Europe !Musée des troupes de montagne