Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Lamy PierreMort pour la France

Né le 23 mars 1909 à Angoulême (Charente), exécuté sommairement le 18 juillet 1944 à Saint-Jorioz (Haute-Savoie) ; instituteur puis inspecteur du travail ; résistant de Libération-Sud et de l’Armée secrète (AS).
Lamy Pierre

Lamy Pierre

ALIAS : Larousse
Résistant — Mort exécuté

Né(e)23 mars 1909 à Angoulême (17)
Décèdé(e) 18 juillet 1944 à Saint-Jorioz (74)
Annecy — Carré militaire de Loverchy
Maquis : A.S. du secteur d’Annecy /
R.F.I : Libération-Sud / Armée secrète / Forces Française de l’Intérieur /

Biographie

Pierre Lamy est né à Angoulême le 23 mars 1909. Après des études à l’École Normale, il a accompli son service militaire à Metz, puis a suivi un stage à Saint-Cyr, où il est devenu sous-lieutenant de réserve. En 1931, il est nommé instituteur dans un village de Charente (Cherves-de-Cognac) avec sa femme Marthe Poitou, elle-même institutrice. En 1938, il réussit le concours d’entrée à l’Inspection du Travail, et devient le premier inspecteur du travail de la Haute-Savoie.

Quand survient la guerre, il rejoint le 179e  bataillon alpin de forteresse à Gex où il reçoit le commandement des transmissions. Après la signature de l'armistice de juin 1940 par le maréchal Pétain, il reprend son poste à la préfecture d'Annecy. Fin 1941, Paul Viret (grand résistant faisant partie du réseau de résistance Lamartine) devient responsable, pour la Haute-Savoie, du mouvement Libération. Pierre Lamy se met aussitôt à sa disposition et fournit régulièrement des rapports sur la marche des industries, achemine des tracts et journaux clandestins.

Dès la conclusion de l'armistice, le régime nazi exprime son intention de recruter de la main-d'œuvre en France. Dès le début de l'année 1941, des agences de placement allemandes sont établies dans les zones occupées. En mars 1942, cette initiative est étendue à la zone non occupée. Les autorités du ministère du Travail, notamment les services d'inspection et les bureaux de placement départementaux, sont encouragés à coopérer avec ces agences pour faciliter le recrutement.

De retour au pouvoir en avril 1942, Pierre Laval (collaborateur avec l’Allemagne) réactive la collaboration en annonçant la mise en place de la relève, qui consiste au départ volontaire d'ouvriers vers l'Allemagne en échange de la promesse du retour en France d'un certain nombre de prisonniers. Cette décision est officiellement annoncée le 22 juin 1942 lors d'un discours radiodiffusé, rendu célèbre par sa déclaration : « Je souhaite la victoire de l'Allemagne parce que, sans elle, le bolchevisme s'installerait partout en Europe ».

Même sous sa forme imposée, la relève ne parvient pas à répondre entièrement à la demande allemande en main-d'œuvre. La désignation des requis n'est plus du ressort de l'inspection du travail, tandis que les offices du travail sont placés sous la supervision du ministère de la production industrielle. Pierre Lamy maintient le contact avec l'office, désormais transformé en commissariat au STO, et réussit également à s'infiltrer dans le bureau de placement allemand.

À partir de 1943, il use de ses fonctions administratives pour aider les jeunes à échapper au STO. Délivrance de toutes les dérogations possibles, fabrication de fausses cartes d'identité, et en dernier recours, visite à domicile pour prévenir de l'arrestation imminente du requis. C'est un défilé. À son bureau, comme à son domicile, les jeunes viennent faire régulariser leur situation.

Pierre Lamy devient responsable de l'A.S. du secteur d’Annecy et membre du comité départemental de la Résistance en septembre 1943. Cependant, ses responsabilités sont de courte durée car l'action qu'il mène grâce à ses fonctions d'inspecteur du travail est trop importante pour la Résistance et n'est pas passée inaperçue auprès des services de répression qui le surveillent. Avec Paul Viret, devenu responsable des comités sociaux, il parcourt le département, encourage les entreprises à saboter les productions destinées à l'Allemagne, fournit des informations sur les industries en particulier en vue de préparer les bombardements alliés tel celui de la SNR survenu le 10 mai 1944. Après avoir participé à la délimitation du périmètre d'intervention, il constatera officiellement les dégâts auprès des autorités d'occupation avant de faire son rapport à la Résistance. C'est sur la dénonciation d'un résistant des Glières, Roger Échasson, menacé par la Gestapo, que Pierre Lamy doit son arrestation le 28 juin 1944 rue Sommeiller à Annecy.

Arrestation et mort de Pierre Lamy

Avant que Pierre Lamy ne soit arrêté, Échasson l’a dénoncé, et la Gestapo a commencé à le surveiller de près, jusqu’au jour fatidique du 26 juin. Dans la matinée, un dénommé Picollet se présente au bureau de Lamy, à l'hôtel de France, porteur d’un message de Jean Monnet dit « Baron », de l’état-major de l’A.S., ainsi rédigé : « Je voudrais te rencontrer, aux Glières, pour une affaire de travail. Lieutenant Monnet. » L'inspecteur griffonne sur le morceau de papier que cela est impossible (signant de son nom de guerre « Larousse »), car il doit se rendre à Thonon, puis l'agent de liaison repart vers ses véritables maîtres. Il vient apporter au Dr Jeewe (chef de la police secrète nazie, le Sipo-SD, en Haute-Savoie) et à Kämpfert dit Kampf (membre de la Gestapo, une subdivision du Sipo-SD) la preuve qui leur manquait.

Ce qui qui est étonnant dans cette affaire, c'est que Pierre Lamy, ancien chef de secteur, n'ait pas été méfiant en voyant la signature. En effet, dans ces circonstances, on utilise généralement un pseudonyme plutôt que son nom réel. Vers onze heures, il rencontre Paul Viret, avec qui il prend un café chez Curt, rue Sommeiller. De retour à son bureau, et après avoir rangé des papiers, Lamy sort dans la rue, suivie par Picollet, tandis que Échasson se planque à proximité. À la hauteur de la rue Président-Favre, Pierre Lamy est arrêté par Müller et embarqué à Saint-François. Kampf et sa maîtresse française, Lina Dalbion, le questionnent toute la journée avant de le transférer, à vingt-deux heures, à la Villa Schmid, 19 avenue d'Albigny. Il y est atrocement torturé toute la nuit, sans résultat pour ses ennemis, qui se lassent.

Le 28 juin 1944, il est emprisonné dans les locaux de l'école Saint-François à Annecy, où sa femme Marthe est elle aussi amenée. Lui qui connaissait tout de la Résistance en Haute-Savoie n’a pas parlé sous la torture sauvant ainsi les vies de ses camarades et celles de nombreux autres, parfois inconnus. Le 18 juillet, il est emmené en voiture Route du Col de Leschaux et exécuté sauvagement dans ce bois en contrebas du monument par la Schutzpolizei, la police allemande. Un mois plus tard, Annecy et la Haute-Savoie se libèrent du joug de l'occupant.

Sa femme Marthe retrouve la liberté le 19 août 1944. Après son arrestation, Pierre Lamy est remplacé à la tête de L'A.S. du secteur d’Annecy par Robert Poirson, dit Roby. Plus tard, en janvier 1945, on en saura un peu plus sur la fin tragique de ce patriote.

Après la Libération, l'interrogatoire de l'adjudant Müller (membre de la Gestapo d'Annecy) et la version du caporal Schonheiter nous apprennent que le 18 juillet, le SS [dr]Jeewe avait ordonné à Müller d'emmener Pierre Lamy vers le col de Leschaux et de l'abattre. Ayant expliqué à Jeewe qu’il ne voulait pas le faire, c'est alors qu'il lui a dit « Schoenheiter, agent de la Gestapo, vous accompagnera et l'exécutera… ». Vers 14 heures, le même jour, ils se sont rendus rendus en voiture, pilotée par Luetgens, chauffeur de la Gestapo, à l'école Saint-François. P. Lamy leur a été remis par deux Schupos porteurs de pelles, qui les ont accompagnés. Suivis d'une voiture de la Feldgendarmerie et de quatre gendarmes, dont Keilpflug, ils se sont par la suite rendus vers Leschaux. Vers la borne kilométrique 11, au lieu dit « Le Bourneau », ils sont descendus des voitures. Lamy marchait à côté de Müller. Il s'engagea sur leurs indications dans le bois situé à gauche de la route à environ 25 mètres. Schoneheiter lui a tiré deux coups de pistolets dans le dos, l'achevant ensuite d'une balle dans la tempe droite. La victime a été enterrée par les deux Schupos qui les accompagnaient. L'opération terminée, ils sont rentrés à Annecy » (extraits tirés du dossier Lamy, dans les archives du cabinet du Préfet de Haute-Savoie).

Grâce aux indications fournies par Müller, le corps de Pierre Lamy a été découvert le 30 août 1944. Il fut inhumé le 1er  septembre au cimetière d’Annecy, accompagné par une foule considérable. Il repose aujourd’hui dans le carré militaire de Loverchy. En hommage à ce courageux résistant savoyard originaire de l'Angoumois, la Résistance a érigé un imposant monolithe en granit placé sur la gauche de la route, dans le sens de la montée.

En mémoire de Pierre Lamy

Pierre Lamy obtient la mention « Mort pour le France » et fut nommé, à titre posthume, Chevalier de la légion d’honneur, avec croix de guerre 1939-1945 et médaille de la Résistancee, citation à l’ordre de la Nation, avec attribution de la Croix de guerre avec palme, le 16 décembre 1944 :

  • « Animateur de l’A.S. du secteur d’Annecy depuis 1942, s’est dévoué intégralement pour la lutte clandestine contre l’occupant. Dénoncé par un traître, et arrêté par la Gestapo au mois de juin 1944, a subi toutes les tortures sans fournir aucun renseignement sur l’organisation de l’A.S. Fusillé le 18 juillet 1944, est mort héroïquement pour la France ».

Par ailleurs, sa mémoire a été saluée par de nombreuses actions :

  • En Haute-Savoie, un monument fut édifié à proximité du lieu de son exécution.
  • Depuis 1949, la salle de la Bourse du Travail d’Annecy, devenue salle polyvalente rénovée en 2007, porte son nom.
  • Depuis 2007, une plaque lui rend hommage dans le hall de la Préfecture de Haute-Savoie.
  • En Charente, une stèle fut érigée à Cherves-de-Cognac où il fit ses débuts d’instituteur.
  • Le 20 novembre 2014, à Angoulême, le lycée professionnel du bâtiment de Sillac, installé dans les anciens locaux de l’école normale d’instituteur, inaugura une salle Pierre-Lamy.
  • Un hall et sa salle de réunion afférente au lycée Baudelaire de Cran-Gevrier/Annecy s’appelle la salle Pierre-Lamy. Les élèves de terminale 6 travaillent ensemble pour y ajouter une plaque en commémoration de celui-ci en juin 2024.
  • La brochure biographique rédigée par Robert Vuillermé et éditée par l’Association pour l’étude de l’Histoire de l’inspection du travail en 1994.
  • Le Mémorial de l’oppression 3808 W 1100 n.81, 1337 (interrogatoire), 1349 (déposition) et 1374 divers procès-verbaux).
  • La promotion 1995 d’inspecteurs du travail prit le nom de Pierre Lamy.
  • Un prix Pierre Lamy est décerné chaque année par l’Association pour l’Étude de l’Histoire de l’Inspection du Travail.
  • Le 14 mars 2012, une salle Pierre-Lamy fut inaugurée dans les locaux du ministère du Travail rue de Grenelle à Paris.
  • Le Maire de Saint-Jorioz convie ces habitants à honorer la mémoire de ce résistant mort pour sa patrie.
Ana Grigashvili et Emma Delouille
classe de Terminale 6 du Lycée Baudelaire (Annecy) Année scolaire 2023-24l
Distinction(s)
Ordre national de la légion d'honneur

Ordre national de la légion d'honneur

Détail

La Légion d’honneur est la plus haute distinction nationale. Elle a été instituée le 19 mai 1802 par Napoléon Bonaparte. Elle récompense depuis ses origines les « mérites éminents » militaires ou civils rendus à la Nation.

Ordre

Croix de guerre 1939-1945

Croix de guerre 1939-1945

Détail

La croix de guerre 1939-1945 est une décoration militaire attribuée pour récompenser l'octroi d'une citation par le commandement militaire pour conduite exceptionnelle au cours de la seconde Guerre mondiale.

Médaille

Médaille de la Résistance

Médaille de la Résistance

Détail

La médaille de la Résistance française est instituée par ordonnance du 9 février 1943 du général de Gaulle pour "reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui auront contribué à la résistance du peuple français"

Médaille

Citation à l'ordre de la Nation

Citation à l'ordre de la Nation

Détail

La Citation à l’Ordre de la Nation est une distinction honorifique créée en France en 1917, qui témoigne d’un acte de dévouement exceptionnel accompli pour le pays, que ce soit dans le domaine civil ou militaire. Elle est souvent accompagnée de la remise d’une décoration et est également accordée aux personnels de l’État décédés en service. Retraçons l’histoire de cette distinction empreinte de reconnaissance et d’honneur.

Citation

Mort pour la france

Mort pour la france

Détail

En 1916, est crée avec l’aide du Souvenir Français une association « l’œuvre de la reconnaissance des tombes des militaires et marins pour la Patrie » dénommée la cocarde du souvenir dont l’objectif est d’apposer une cocarde tricolore sur chaque tombe de combattant.

Mention

Lieux de mémoire en lien avec
Lamy Pierre
 Plaque Mairie • 1939-1945 • Indochine • Algérie

Plaque Mairie • 1939-1945 • Indochine • Algérie

Détail

Annecy — Plaques récapitulatives des 233 annéciens « Morts pour la France » lors des conflits

Lieu : Annecy

 Carré militaire du cimetière de Loverchy

Carré militaire du cimetière de Loverchy

Détail

Monument communal dédié aux combattants d'Annecy morts pour la France lors des deux guerres mondiales : 1914-1918 et 1939-1945.

Lieu : Annecy

 Stèle Pierre Lamy

Stèle Pierre Lamy

Détail

Pierre Lamy, était le chef du secteur d'Annecy de l'A.S. En tant qu'inspecteur du Travail, a évité le STO à de nombreux jeunes Haut-savoyards en les déclarant inaptes ou en leur fournissant de faux papiers. Il fut exécuté par le Allemands le 18 juillet 1944 suite à une dénonciation

Lieu : Saint-Jorioz

 Plaque Pierre Lamy

Plaque Pierre Lamy

Détail

Salle communale baptisée en hommage à un résistant. Pierre Lamy, en tant qu'inspecteur du Travail, a évité le STO à de nombreux jeunes Haut-savoyards en les déclarant inaptes ou en leur fournissant de faux papiers. Une plaque vient indiquer le nom de la salle aux passants.

Lieu : Annecy

 Plaque commémorative de la Préfecture de Haute-Savoie

Plaque commémorative de la Préfecture de Haute-Savoie

Détail

Plaques en hommage aux fonctionnaires d'Etat tombés pour la France. Jaques Lespès, sous-préfet de Bonneville, a été fusillé le 15 juin 1944 pour avoir fourni des armes à la Résistance ; tandis que Pierre Lamy, inspecteur du Travail, fut torturé et fusillé pour avoir fourni des faux papiers aux réquisitionnés du STO. Grâce, entre autres, à son intervention, 77 % des appelés de Haute-Savoie ne partiront pas en Allemagne .

Lieu : Annecy

Pierre Lamy dit Larousse - exposition 80e anniversaire de la libération de la haute-savoie du 14 au 19 août 1944 par les seules forces unies de la résistanceStèle de Pierre Lamy route du col de Leschaux à Saint-Jorioz (74)Stele Pierre Lamy à ST-Jorioz — Texte explicatif de la vie de ce résistantPlaque commémorativer des hauts-fonctionnaires morts pour la FranceSaint-Jorioz - Stèle Pierre Lamy, résistant Haut-savoyard
Les figures

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  • 3

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