Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Thonon : un hommage rendu à la famille Baar Seidel — 2021

De g. à d. : Le sous-préfet, Élisabeth Ferrand Voide, fille de Marthe Voide, sa fille Catherine Ferrand Franchi, le maire Christophe Arminjon, et Marie Marthe Ferrand David, seconde fille d’Élisabeth.

Ce mercredi 27 janvier 2021 marquera le 76e  anniversaire de la libération des camps nazis. À Thonon, quelques jours avant, un hommage a été rendu par les représentants de la République aux membres de la famille Baar Seidel déportés à Auschwitz.

Ce dimanche 24 janvier à 11 h 30, une cérémonie ordonnancée par le maire adjoint Jean Dorcier, en charge du devoir de mémoire, s’est déroulée devant l’entrée du 6 square Aristide Briand, à la mémoire de la famille Baar Seidel, et pour commémorer le 76e  anniversaire de la libération des camps de concentrations nazis. La France et l’Allemagne ont choisi le 27 janvier pour rappeler cette libération. Cette date symbolique est celle de la libération des trois camps de concentration et d’extermination d’Auschwitz Birkenau, où sont morts environ 1,1 million de Juifs et 300 000 de non Juifs.

La célébration a réuni le maire de Thonon Christophe Arminjon, qui l’a inscrite officiellement dans les commémorations annuelles de la ville, la députée Marion Lenne, la conseillère départementale, le sous-préfet, la commissaire de police, le porte-drapeau de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), des familles de déportés de l’Association des amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD DT74) et de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP), et des membres de la famille Voide.

Gérard Capon, président de l’AFMD DT74, a ouvert son allocution par une citation d’Élie Wiesel : « Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois, c’est par l’oubli », enchaînant : « Cette journée de la mémoire doit faire prendre conscience que le mal absolu existe et que le relativisme n’est pas compatible avec les valeurs de la République. C’est pour ne pas oublier que notre association a voulu cette stèle ».

Mindela Baar et son bébé déportés en 1943

Puis il a évoqué le 18 novembre 1943, quand des agents de la Feldgendarmerie (la police militaire allemande) sont venus arrêter Mindela Baar, juive polonaise réfugiée au 6 square Aristide Briand, en face de la stèle, depuis 1938. Elle y exerçait sa profession de modiste. Très appréciée de ses clientes et de ses voisins, la jeune maman de 35 ans et sa fille cadette de 15 mois Léa Rose, née à Thonon, sont conduites au sinistre Pax d’Annemasse (prison de la Gestapo) et via Drancy, à Auschwitz Birkenau où elles seront gazées le 25 novembre 1943.

Leur convoi 62 du 22 novembre comptait 350 personnes juives (retrouvées à ce jour) arrêtés en Haute-Savoie. Sa fille aînée Jacqueline, qui était à l’école à ce moment-là, sera sauvée par Marthe Voide qui tenait la boutique La Mouette, au rez-de-chaussée de son immeuble.

Gérard Capon a poursuivi son intervention en citant le Tamuld : « Qui sauve une vie sauve l’humanité entière », et en affirmant que cette courageuse Thononaise aurait mérité le titre de Juste. La musique du film “La liste de Schindler” a alors retenti, suivie de la lecture d’un poème de l’Irlandais Desmond Egan, “Holocauste de l’automne” par Nathalie Capon, et des dépôts de gerbes : une des familles de déportés, une autre commune du maire et de la députée, et une dernière du sous-préfet. Après la sonnerie aux Morts, la minute de silence et la Marseillaise, l’hymne savoyard “Les Allobroges” a clos la manifestation.

Deux élèves du Savoie Léman ont été associés à l’hommage. Oswald Jacobi, longtemps protégé par son professeur résistant Armand Antonietti, est arrêté lors de son stage d’été à Annecy, déporté à Birkenau, et gazé en septembre 1943. Isidore Aron survit à Auschwitz et décède à Dachau après sa libération.

Deux élèves du Savoie Léman ont été associés à l’hommage.

Oswald Jacobi, longtemps protégé par son professeur résistant Armand Antonietti, est arrêté lors de son stage d’été à Annecy, déporté à Birkenau, et gazé en septembre 1943. Isidore Aron survit à Auschwitz et décède à Dachau après sa libération.

Élisabeth Ferrand Voide raconte l’acte héroïque de sa maman

« Les Allemands attendaient le retour de Jacqueline devant la boutique. Maman a couru au coin de l’ancienne poste (détruite aujourd’hui) juste à côté pour l’y attendre. Elle l’a attrapée et emmenée chez elle en face du magasin, de l’autre côté de la place, pour la cacher. Mes parents l’ont fait passer en Suisse dans de la famille à Genève. Son père Georges s’y trouvait déjà. Il a rejoint au bout de plusieurs mois les États-Unis. Il est revenu récupérer sa fille plus d’un an après. Ma grand-mère, qui habitait aussi au n° 6, s’est rendue à la Kommandantur pour implorer la grâce de ses gentilles voisines. La sentinelle allemandeconcilliant! ».

DL, 27 jan. 2021
Lieu de mémoire en lien :
 Plaque Mindla et Léa Rose Baar-Seidel

Plaque Mindla et Léa Rose Baar-Seidel

Détail

À la mémoire de Mindla BAAR-SEIDEL, juive polonaise et de sa fille Léa Rose. Toutes deux seront déportées le 20 novembre 1943 au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau (Pologne) puis gazées 5 jours plus tard.

Lieu : Thonon