Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Guerre d’Algérie : mémoires croisées, mémoires partagées au lycée d'Évian

Conférene mémoires croisées, mémoires partagées au lycée d'Évian

Le 60e anniversaire des accords d’Évian sera célébré le 19 mars. Dans ce cadre, au lycée Anna-de-Noailles, les professeurs d’histoire, la professeure de lettre Laurence Vignette et la professeure documentaliste Alexandra Perli, avec le financement de la Région et du lycée, ont organisé un projet autour de la Guerre d’Algérie avec une exposition au CDI, des conférences, la rencontre avec l’écrivain Ahmed Tiab et des témoignages de cette époque.

Cinq témoins à la rencontre des lycéens

Plusieurs témoins qui ont vécu en Algérie, membres du F.L.N. (Front de libération nationale), pieds-noirs, appelés du contingent, ont rencontré les 225 lycéens des classes de terminale en trois journées.

En vidéo, l’ancien du FLN Améziane Amane, né en 1942 dans un village de la montagne, a raconté son histoire où « j’ai été tour à tour témoin, acteur mineur, “victime” de la guerre d’indépendance. Il en a été de même et plus encore pour l’ensemble de ma famille élargie ». De l’autre côté, Michel Bret, appelé du contingent né en 1938 dans la Drôme, explique : « En juillet 1958, c’était mon tour de partir faire mon service militaire, bien sûr comme appelé au 7e tirailleur Algérien composé en majorité de Maghrébins, une cohabitation plutôt bonne malgré le climat de guerre. Toutefois, cette période a été une expérience difficile où j’ai eu beaucoup de mal à réinsérer la vie sociale à mon retour ».

Une question de droits sociaux

Du côté des pieds-noirs, Annie Barranco, née en mai 1951 dans petite ville située entre Oran et Tlemcen, témoigne : « Mes grands-parents, des immigrés espagnols, se sont établis à Oran fin des années 1800, fuyant la misère qui sévissait dans les campagnes du sud de l’Espagne. Ma famille a constaté que les colons ont pris les fermes et ont fait travailler les autochtones corvéables à merci et sans droit. Je suis persuadée que si l’on avait donné les mêmes droits sociaux qu’aux colons, on n’en serait pas arrivés là ».

Quant au Harki Saïd Merabti, né en 1955 en Kabylie, il a développé devant les lycéens les raisons pour lesquelles sa famille a demandé la protection de l’armée française : « Parce qu’on ne pouvait rien refuser au FLN qui interdisait de fumer et de boire de l’alcool, ou c’était la mort ». Sa famille a pu être rapatriée en France grâce à l’aide d’un officier en juillet 1962. Après plusieurs adresses dans le Nord de la France, elle a rejoint Marseille quelques années plus tard.

Claude BOUZIN, 04 févr. 2022