Le monument Au printemps 1944, les Allemands ne se présentaient plus qu’en nombre dans la vallée du Giffre. L’action de la Résistance s’y révèle implacable et les entraîne à rechercher tout particulièrement Henri Plantaz, l’un des derniers cadres de l’Armée secrète dans le secteur. Le samedi 1er avril, les soldats de la Wehrmacht envahissent l’usine du Giffre et les hameaux alentours. Au cours de cette rafle, Henri Plantaz, 23 ans, tombe sous les balles allemandes. Henri Plantaz était le chef de la Résistance au Giffre. Il est mort le 1er avril 1944 à l’usine du Giffre. Ce jour-là, les Allemands, ayant rassemblé tous les ouvriers, menacent de tirer à l’aveugle si personne ne désigne Henri Plantaz qu’ils recherchent. Il se dénonce alors pour éviter un massacre. Ligoté et battu, il réussit tout de même à s’échapper en sautant dans le canal d’évacuation de la turbine. Mais il s’écrase, criblé de balles, sur les rochers. Vers la fin de l'année 1941, un groupe d'habitants, dont certains travaillent à l'usine, décide de s'engager dans l'Armée Secrète et forme une équipe qui reçoit ses ordres de Félix Plottier à Bonneville. L'usine, qui fabrique désormais du matériel pour l'Allemagne, devient un centre de contact, une plaque tournante et une cachette pour la Résistance ; le groupe, dirigé par un jeune ingénieur dynamique, Henri Plantaz-Lavaz, réussit également à saboter la production. Et dans la nuit du samedi 11 mars 1944, Henri Plantaz envoie les camions de l'usine transporter des renforts au Mont Saxonnex, en direction du Plateau des Glières (les événements y sont décrits dans un précédent billet). Mais depuis le début du siège de la Haute-Savoie, fin janvier, les autorités allemandes d'Annecy étaient au courant des activités d'Henri Plantaz-Lavaz, et entendaient mettre un terme aux actions incessantes des "terroristes" dans la vallée du Giffre. Le 1er avril, peu avant 10 heures, la Gestapo arrive de Cluses, à la recherche d'évadés des Glières, mais aussi d'Henri Plantaz, qui s'est rendu à Cluses pour affaires le matin même avec le chef d'atelier de l'usine, Auguste Noir. Ils étaient attablés dans un café lorsqu'ils virent passer les camions et rentrèrent en hâte à l'Usine, Plantaz sur sa bicyclette. Pendant ce temps, les Allemands saccagent et brûlent les maisons des petits hameaux de la vallée et du village de Cormand en amont. La maison et la grange des parents d'Henri Plantaz sont incendiées ; on s'empare notamment du précieux poste de radio TSF (télégraphie sans fil). Les occupants des maisons sont conduits le long de la route devant l'usine ; seules les mères accompagnées de jeunes enfants sont finalement libérées, à la demande d'Auguste Noir. Les employés de l'usine sont rassemblés devant l'usine ; en tout, une centaine de personnes ont été rassemblées. A 14 heures, alerté, aucun employé de l'équipe de l'après-midi ne s'est présenté. C'est alors qu'arrivent des véhicules amenant deux officiers allemands, Stockel et Gromm, de leur quartier général d'Annecy. Gromm libère les prisonnières puis, le directeur de l'usine étant absent, il demande au chef d'atelier d'identifier les ouvriers qui habitent à Cormand. Auguste Noir comprend que Gromm en veut à Henri Plantaz et choisit deux ouvriers qui habitent à Cormand et sur lesquels on peut compter pour ne pas trahir Plantaz. C'est Noir qui a créé de faux papiers pour Henri Plantaz au nom de "Léon Gavard" ; interrogé directement, il déclare que Plantaz a quitté l'usine depuis un an. Les Allemands ont avec eux un traître, Alphonse P…, qui a déserté le plateau des Glières et qui est prêt à dénoncer ses anciens camarades. Il désigne cinq hommes comme faisant partie du maquis, puis il trahit Plantaz. Le capitaine SS, Gromm, demande confirmation aux employés rassemblés : silence. Il déclare alors que si personne ne parle, tout le groupe sera fusillé. Entre eux, les directeurs de l'usine se mettent d'accord à la hâte pour que le supérieur immédiat de Plantaz prenne la parole. Henri Plantaz, comprenant ce qui se passe, confirme lui-même son identité. Lui et les sept autres hommes sont menottés. Les Allemands désignent alors quarante-deux autres hommes qui seront arrêtés. Soudain, Plantaz se dirige rapidement vers le mur et saute dans la rivière. Les Allemands déchargent leurs balles sur lui et il disparaît sous l'eau froide. Le chaos s'installe. Trois hommes tentent de s'enfuir, mais ils sont poursuivis par les balles, capturés et fusillés. Il s'agit de René Dorioz, 26 ans, Angel Deana, 18 ans, et Joseph Baud, 40 ans, père de trois enfants. Les Allemands quittèrent la vallée à 15 h 15, emmenant avec eux quarante-trois hommes, dont vingt-quatre travaillaient à l'Usine ; Noir et deux autres avaient été contraints d'aider en produisant des documents identifiant les travailleurs, et n'avaient pas été arrêtés. Un fermier de Cormand avait échappé à la capture car il était absent de chez lui, mais son fils André était à l'usine, travaillant avec un autre employé, René, dans un entrepôt où le stock de métal était stocké. Les deux hommes ont réussi à se cacher au milieu du métal, où ils sont restés pendant quatre heures ; ils ont entendu les balles ricocher sur le bâtiment. Ils en ressortent plus tard, au grand soulagement et à la grande joie de la sœur d'André, à qui l'on avait dit qu'il n'avait pas été vu à l'usine et qu'il ne figurait pas parmi les personnes emmenées. Le directeur de l'Usine, Monsieur Cavalieri, réussit à faire libérer dix hommes le 10 avril. Le 13 avril, trois sont fusillés comme maquisards du plateau des Glières. Les trente autres sont envoyés le 17 avril à Compiègne, dont le maire de mon village de l'époque, Joseph Duret. De là, ils furent envoyés dans les camps de concentration de Buchenwald, Dura et Ellrich. Ils ont tous péri ; Joseph Duret est mort en 1945, peu avant son 46e anniversaire. Le plus jeune, Lucien Périno, est mort à Ellrich le 17 mai 1945, à peine âgé de 17 ans. Leurs noms et leurs coordonnées ont été soigneusement consignés par Michel Germain, historien de la Seconde Guerre mondiale, dans son livre Mémorial de la Déportation : Haute-Savoie 1940-1945, publié en 1999. Les Allemands récupére une mitrailleuse Hotchkiss, un autre canon, 18 chargeurs de mitrailleuses, six grenades à main, quarante chargeurs vides et 5 000 cartouches. Mais dans la nuit du 2 au 3 avril, quatre-vingt-dix containers d'armes sont parachutés par les Alliés dans une zone proche de Bogève, non loin dans les montagnes de l'Usine, et récupérés avec succès par les FTP (Francs-Tireurs et Partisans). La lutte continue. Le traître Alphonse P… avait espéré bénéficier de son action, mais il fut lui aussi déporté, et se retrouva dans le même convoi que ceux qui avaient été arrêtés ; les Allemands empêchèrent qu'il soit lynché, et il mourut plus tard à Buchenwald. Un homme qui avait rencontré Henri Plantaz un mois avant sa mort l'a décrit : "Il était grand, fort, avec une moustache américaine. Il avait une foi inébranlable en sa force, en sa bonne étoile… Une personnalité hors du commun… Une des plus grandes figures de la résistance haut-savoyarde, quelqu'un dont la personnalité a marqué de sa forte empreinte tous les combattants de la vallée du Giffre, quelqu'un que tous ceux qu'il a côtoyés n'oublieront jamais." CommémorationLa Résistance est active dans les vallées du Risse et du Giffre. Ici tout le monde a en mémoire le drame du hameau de Pouilly. L'usine métallurgique du Giffre est une des plaques tournante de cette résistance. Henri Plantaz-Lavaz, responsable dynamique, apprécié et efficace, est activement recherché par la Gestapo. L'activité incessante des ouvriers de l'usine et des résistants du lieu fait qu'aucun train de métal n'ait jamais sorti des fours, ce qui ne plaît guère outre-Rhin.Le 1er avril 1944, dans la matinée, des S.S. et des soldats de la Wehrmacht, dirigés par la Gestapo, investissent la vallée et l'usine. Ils ont amené Alphonse P…, retourné selon un télégramme du S.S. Jeewe, qui connaît certains maquisards ou sédentaires et qui trahit. Plusieurs personnes sont ainsi arrêtées à Cormand et dans la vallée. Les Allemands fouillent toutes les mai-sons, en incendient certaines et dirigent toutes les personnes arrêtées sur la place centrale de l'usine. Les mères de familles ayant des enfants en bas âge sont libérées, mais les hommes sont de plus en plus nombreux rassemblés sous les mitraillettes ennemies. Dans l'après-midi se produit le drame qui voit l'assassinat de Henri Plantaz, mitraillé par des S.S. alors qu'il tente de fuir, de René Dorioz 26 ans, d'Angel Diana 18 ans et de Joseph Baud de Cormand, âgé de 40 ans et père de 3 enfants, tous fusillés par les S.S. Peu après 15 heures, la Gestapo quitte la vallée, embarquant 43 personnes. Les prisonniers sont amenés à Annecy. Monsieur Cavalieri, directeur de l'usine, multiplie les démarches et réussit à faire libérer dix détenus, le 10 avril. Le 13 avril, à Morette, les Allemands en fusillent trois comme maquisards des Glières. Les 30 restants sont dirigés sur Compiègne, le 17 avril. Sont ainsi déportés sur Buchenwald, Fernand Buat, Émile Bollard, Roger Chabord, Fernand Chenevard, Raymond Dalzotto, Jean Dellulier, Albert Goy et Marcel Goy, Pierre Lavabre, François Lefranc, Henri Muffat, Noël Presset, Robert Plantaz, Roger Revillard, Joseph Rosset, Bruno Secco, André Tribouillard et Raymond Viollet. Marqués de numéros de matricules des 49 000, ils connaîtront Dora, où meurent Lucien Béné en février 1945, Roger Bouverat, Armand Chamot, Joseph Duret, Roger Foulaz, Max Gavard le 16 février 1945 et Armand Millet le 4 octobre 1944. Ils connaîtront le camp d'Ellrich où décèdent Raymond Béné, Marius Bontaz le 15 décembre 1944, Noël Devaud le 8 mars 1945, Jules Rapin et Lucien Périno le 17 mai 1945. Ce dernier avait à peine 17 ans. Quant à Alphonse P…, le traître dénonciateur, il avait été arrêté en compagnie de Gavard et croyait pouvoir bénéficier de l'indulgence germanique. En réalité, les Allemands s'en débarrassent en le déportant. Il est du même convoi que Gavard et l'abbé Truffy pour Compiègne où, reconnu par des maquisards, il échappe de peu au lynchage, protégé par les Allemands. Néanmoins ceux-ci l'expédient sur Buchenwald, où curieusement il fera un bref séjour avant de revenir sur Paris et d'être, à nouveau réexpédié sur le camp, avec les matricules 77000. Malade, il est envoyé à l'infirmerie. Des témoins disent l'avoir vu mourir dans la terrible "épreuve" de la course le long de la voie. Voir aussi le dossier de Saint-Jeoire, Hameau de Pouilly (Mémorial pour l’oppression 3808 W1500). SOURCE : Mémorial de la déportation: Haute-Savoie, 1940-1945 De Michel Germain Marignier — 1er avril 1944 : Tragédie à l'Usine du Giffre — 3808 W1450 Inscription1.R Avril . 1944. À Henri Plantae Mort courageusement sous les balles allemandes 1940 A.S. 1944 Les C.V.R. reconnaissants Localisation AdresseUsine du Giffre — Marignier (74) À lire sur le siteTragédie du Giffre : 80 ans après, ils se souviennent, ce samedi 6 avril1er avril 1944 : « Ce jour-là est ancré dans ma mémoire d’enfant »Livre — Henri Plantaz, héros de la Résisitance en vallée du GiffreMarignier — mémorial des déportésMarignier — stèle des fusillésArticles externesChemin de la mémoire du GiffreLa Tragédie du 1er avril 1944 au GiffreHistoire de l’usine du Giffre
La Résistance est active dans les vallées du Risse et du Giffre. Ici tout le monde a en mémoire le drame du hameau de Pouilly. L'usine métallurgique du Giffre est une des plaques tournante de cette résistance. Henri Plantaz-Lavaz, responsable dynamique, apprécié et efficace, est activement recherché par la Gestapo. L'activité incessante des ouvriers de l'usine et des résistants du lieu fait qu'aucun train de métal n'ait jamais sorti des fours, ce qui ne plaît guère outre-Rhin.Le 1er avril 1944, dans la matinée, des S.S. et des soldats de la Wehrmacht, dirigés par la Gestapo, investissent la vallée et l'usine. Ils ont amené Alphonse P…, retourné selon un télégramme du S.S. Jeewe, qui connaît certains maquisards ou sédentaires et qui trahit. Plusieurs personnes sont ainsi arrêtées à Cormand et dans la vallée. Les Allemands fouillent toutes les mai-sons, en incendient certaines et dirigent toutes les personnes arrêtées sur la place centrale de l'usine. Les mères de familles ayant des enfants en bas âge sont libérées, mais les hommes sont de plus en plus nombreux rassemblés sous les mitraillettes ennemies. Dans l'après-midi se produit le drame qui voit l'assassinat de Henri Plantaz, mitraillé par des S.S. alors qu'il tente de fuir, de René Dorioz 26 ans, d'Angel Diana 18 ans et de Joseph Baud de Cormand, âgé de 40 ans et père de 3 enfants, tous fusillés par les S.S. Peu après 15 heures, la Gestapo quitte la vallée, embarquant 43 personnes. Les prisonniers sont amenés à Annecy. Monsieur Cavalieri, directeur de l'usine, multiplie les démarches et réussit à faire libérer dix détenus, le 10 avril. Le 13 avril, à Morette, les Allemands en fusillent trois comme maquisards des Glières. Les 30 restants sont dirigés sur Compiègne, le 17 avril. Sont ainsi déportés sur Buchenwald, Fernand Buat, Émile Bollard, Roger Chabord, Fernand Chenevard, Raymond Dalzotto, Jean Dellulier, Albert Goy et Marcel Goy, Pierre Lavabre, François Lefranc, Henri Muffat, Noël Presset, Robert Plantaz, Roger Revillard, Joseph Rosset, Bruno Secco, André Tribouillard et Raymond Viollet. Marqués de numéros de matricules des 49 000, ils connaîtront Dora, où meurent Lucien Béné en février 1945, Roger Bouverat, Armand Chamot, Joseph Duret, Roger Foulaz, Max Gavard le 16 février 1945 et Armand Millet le 4 octobre 1944. Ils connaîtront le camp d'Ellrich où décèdent Raymond Béné, Marius Bontaz le 15 décembre 1944, Noël Devaud le 8 mars 1945, Jules Rapin et Lucien Périno le 17 mai 1945. Ce dernier avait à peine 17 ans. Quant à Alphonse P…, le traître dénonciateur, il avait été arrêté en compagnie de Gavard et croyait pouvoir bénéficier de l'indulgence germanique. En réalité, les Allemands s'en débarrassent en le déportant. Il est du même convoi que Gavard et l'abbé Truffy pour Compiègne où, reconnu par des maquisards, il échappe de peu au lynchage, protégé par les Allemands. Néanmoins ceux-ci l'expédient sur Buchenwald, où curieusement il fera un bref séjour avant de revenir sur Paris et d'être, à nouveau réexpédié sur le camp, avec les matricules 77000. Malade, il est envoyé à l'infirmerie. Des témoins disent l'avoir vu mourir dans la terrible "épreuve" de la course le long de la voie. Voir aussi le dossier de Saint-Jeoire, Hameau de Pouilly (Mémorial pour l’oppression 3808 W1500). SOURCE : Mémorial de la déportation: Haute-Savoie, 1940-1945 De Michel Germain Marignier — 1er avril 1944 : Tragédie à l'Usine du Giffre — 3808 W1450
1.R Avril . 1944. À Henri Plantae Mort courageusement sous les balles allemandes 1940 A.S. 1944 Les C.V.R. reconnaissants
Tragédie du Giffre : 80 ans après, ils se souviennent, ce samedi 6 avril1er avril 1944 : « Ce jour-là est ancré dans ma mémoire d’enfant »Livre — Henri Plantaz, héros de la Résisitance en vallée du GiffreMarignier — mémorial des déportésMarignier — stèle des fusillés