Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Souvenir et recueillement aux 80 ans des combats du col du Midi, les plus hauts d'Europe

27056,À 99 ans, René Bozon est le dernier témoin en vie des combats ayant eu lieu au col du Midi en février et avril 1945. Les combats les plus hauts d’Europe. Photo Le DL /B.,

L’École militaire de haute montagne, d’anciens combattants et le dernier témoin vivant des combats ayant eu lieu durant l’hiver 1945 au col du Midi se sont réunis jeudi 10 avril à Chamonix pour se souvenir de ces affrontements dans un environnement si particulier, les combats les plus hauts d’Europae.

La cérémonie devait avoir lieu au col du Midi, à 3 500 mètres d’altitude, mais la panne du téléphérique de l’aiguille du Midi en a décidé autrement. Attachée toutefois à commémorer les combats qui se sont produits de part et d’autre de la vallée Blanche durant l’hiver et le printemps 1945, l’École militaire de haute montagne a finalement choisi de réunir des militaires, d’anciens combattants, mais aussi des élèves de Chamonix devant l’École de musique et de danse intercommunale.

Au lendemain des 80 ans de l’incroyable duel d’artillerie que se sont livrés Français et Allemands au cœur du massif du Mont-Blanc, tous se sont recueillis et souvenus. Souvenus que ce jour-là, les canons français, hissés en pièce détachées grâce à la ligne de service du col du Midi, ont détruit l’artillerie allemande installée au mont Frety, après avoir tiré 300 obus au-dessus du glacier du Géant et de la frontière franco-italienne. Une joute à distance qui fut précédée, plus tôt dans l’hiver, d’affrontements singuliers, que le skieur parcourant aujourd’hui ce terrain glaciaire peut difficilement imaginer. Cette nuit du 17 février 1945, 24 Français affrontèrent 40 Allemands et Autrichiens après que ces derniers eurent repris le refuge de Torino. Une bataille, quelque peu chaotique, ordonnée par l’état-major allemand qui voyait dans la possible reprise du col du Midi, une victoire hautement symbolique.

Un récit plein d’humilité de René Bozon, dernier témoin vivant de ces combats

« Notre commandant Rachel craignait que les troupes allemandes, ayant repris Torino, se servent de ce camp de base pour nous attaquer au col du Midi, et comme il n’avait pas froid aux yeux, il a proposé qu’on aille les attaquer en premier », raconte René Bozon, qui, du haut de ses 99 ans, est le dernier témoin en vie de ces affrontements au sommet.

Partis en direction des Allemands sans savoir qu’au même instant l’ennemi avançait vers eux, les Français se retrouvèrent, en pleine nuit, au milieu de la vallée Blanche, habillés de la même tenue de camouflage blanche que leurs adversaires. « Personne n’osait tirer, parce qu’ils étaient obligés de se taper l’épaule pour savoir qui répondaient en français ou en allemand », précise celui qui alors âgé de 18 ans tenait le poste de « radio » et assurait en morse, la communication entre les unités. Ce soir-là, un seul soldat fut tué dans ce corps à corps sommital. Les huit autres victimes tombèrent sous les balles des fusils-mitrailleurs postés sur l’arête rocheuse qui monte vers le mont Blanc du Tacul et que René Bozon avait pu appeler en renfort.

Des affrontements toujours étudiés par les Chasseurs alpins

Quatre-vingts ans plus tard, ces deux batailles de natures variées sont toujours regardées de près par les Chasseurs alpins. « Ils sont la preuve que des combats armés peuvent se produire dans un milieu des plus exigeants, avec des conditions d’hiver rudes. Ils font aussi écho à certains conflits contemporains, où lorsque l’un des antagonistes pense avoir pris le dessus, l’autre tente une incursion symbolique difficilement prévisible », analyse le colonel Gaëtan Dubois , rappelant que l’école militaire qu’il commande permet à la France d’être en mesure de défendre tout son territoire, y compris sur les reliefs les plus escarpés. À travers une exposition et une riche conférence animée par le général Pierre Martre et grâce aux anecdotes pleines d’humilité de René Bozon, des jeunes collégiens prirent en tout cas conscience que Chamonix put, en 1945, rester libre, grâce à la bravoure de soldats prêts à affronter la rigueur d’un hiver en altitude et le canon ennemi.

Baptiste Savignac, 10 avril 2025
Lieux de mémoire en lien :
 Plaque aiguille du Midi

Plaque aiguille du Midi

Détail

La plaque permet de se remémorer cette nuit du 17 février 1945, lorsque 24 Français affrontèrent 40 Allemands et Autrichiens à près de 3 500 mètres d’altitude.

Lieu : Chamonix

 Stèle EMHM

Stèle EMHM

Détail

Créée en 1932, l’École Militaire de Haute Montagne (EMHM) est la première institution au monde dédiée à la formation des cadres des troupes de montagne. En 2012, elle a intégré la prestigieuse 27e Brigade d’Infanterie de Montagne, renforçant son rôle au sein des forces armées françaises. Les stèles hommage aux militaires de l’EMHM tombés pour la France ou ayant perdu la vie en montagne, perpétuant ainsi le souvenir de leur courage et de leur dévouement.

Lieu : Chamonix