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Dans l’ouvrage écrit par Michel et Yves Duparc et Jean-Claude Ruche, en mémoire à la Résistance du Secteur de Saint-Julien, il est mentionné que les Résistants avaient surnommé le petit Michel Cudet le “Petit Pax ». Le 9 juin 1944, en effet, sa future maman enceinte, était arrêtée avec 42 autres personnes au cours de la rafle de Saint-Julien, puis emmenée et torturée à l’hôtel Pax, siège de la Gestapo à Annemasse. Elle avait pour voisine de cellule Marianne Cohn, jeune résistante juive allemande de 22 ans, qui a sauvé 207 enfants juifs avant d’être arrêtée, torturée et assassinée dans les sous-sols de l’hôtel.
« Maman s’appelait Aimée Millet (alias Mémette). Elle était originaire de Vouvray près de Bellegarde », indique Michel Cudet. « Elle a épousé Fernand Cudet qui avait un petit cabaret à Vers. Petit à petit, ils ont agrandi l’affaire pour faire un café-restaurant Au bon coin. En 1944, elle est rentrée dans l’A.S (Armée secrète) et mon papa, dans les F.F.I. J’ignore comment elle y est entrée mais elle était amie avec le lieutenant Pierre Ruche du 27e BCA d’Annecy, chef de l'A.S. du secteur de Saint-Julien et du Docteur David, également Résistant. Les soldats allemands l’ont arrêtée parce qu’ils recherchaient mon père. Il n’était pas là, il était caché dans les bois à Boëge. »
« Ils sont venus une première fois et elle a dit qu’elle l’avait quitté et qu’elle ignorait où il était. Ils sont revenus la semaine suivante. Après avoir chargé tous les meubles dans un camion, ils ont jeté une grenade dans le restaurant et ont emmené ma mère au Pax, prison de la Gestapo. Elle y est restée pendant environ deux mois. Elle était enceinte et malgré tout, elle a résisté aux interrogatoires malgré les coups de pied qui lui ont fracturé le coccyx. C’est le maire d’Annemasse, accompagné du Docteur David et de Pierre Ruche qui sont intervenus pour la faire libérer et je suis né quelques mois plus tard à l’hôpital de Saint-Julien. Un rescapé ! »
« C’est mon grand-père maternel qui m’a tout expliqué, petit à petit », indique Michel Cudet. « Pendant la guerre, il avait un petit carnet et y notait tous les jours, la météo, ses faits et gestes. J’ai gardé un de ses carnets, parce qu’il datait de 1944. Il y a noté ses visites à ma mère à Annemasse durant son arrestation. Il y allait à vélo depuis Vers. Ma maman n’en parlait pas. Pour elle, c’était tabou. Moi, je ne comprenais pas. J’ai essayé de poser des questions mais elle les éludait. C’était le passé et ne voulait pas revenir dessus, sans doute pour me protéger. J’étais un petit ange et elle me couvait. Mon père était plus distant mais c’était un brave homme qui gardait également le silence sur leur passé de résistants. »
Michel Cudet se souvient : « Il n’y avait pas vraiment de haine à part qu’à l’époque, maman ne voulait pas recevoir des clients allemands dans le restaurant. Lorsque je suis parti faire mes études secondaires à Annecy, mon oncle professeur de français alors en poste à Paris, s’est fait muter à Annecy pour m’avoir près de lui. C’était un type extraordinaire qui avait été prisonnier pendant quatre ans. Il m’a énormément appris ; il m’a inculqué la tolérance et le respect des autres et des lois de la République. Le sport que j’ai longtemps pratiqué peut aussi être porteur de paix et j’ai le désir d’organiser une marche pour la paix et le respect. »
L’ouvrage Saint-Julien-en-Genevois 1940 – 1944 : La Résistance - L’Armée Secrète - Le Service de Renseignement a été écrit par Michel et Yves Duparc et Jean-Claude Ruche, fils et petit-fils des principaux responsables des armées de la Résistance du secteur. En dehors des textes des auteurs, il regroupe un certain nombre de documents d’archives parfois collectés auprès de familles des résistants.
Michel Cudet a ainsi prêté les petits carnets de son grand-père, tenus au jour le jour durant la guerre. L’objectif de tout ce travail est bien sûr de perpétuer cette mémoire et de la transmettre aux générations plus jeunes. C’est ce que Michel Cudet tente de faire avec ses fils, sans grand succès : « Ils sont moins motivés. Pour eux, c’est lointain. Pourtant, il faut absolument que les jeunes sachent ce qui s’est passé. Je sais que c’est difficile, même pour les enseignants. J’ai des amis professeurs qui ont de la peine à en parler. C’est malheureux et pour moi, source d’interrogation.
Le DauphinéLise Benoit-Capel, 7 mai 2024
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