Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Jour après jour, heure par heure, revivez la libération d'Annemasse

Vendredi 18 août 1944 l’occupant nazi quitte le Pax, prison de sinistre mémoire désormais occupée par les forces de la Résistance. Photo collection Gilbert Taroni.

Dès lundi 14 août 1944 les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) ordonnent une attaque globale en Haute-Savoie. Des barrages sont dressés autour d’Annemasse. Vendredi 18 à 10 heures et quart la sonnerie du cessez-le-feu retentit. Deux ans d’occupation nazie s’achèvent pour la ville et son agglomération.

Les hitlériens ont fait d’Annemasse le siège d’une garnison et de la Feldkommandantur, réquisitionné les hôtels dont le Pax où séviront deux compagnies SS (incarcérations musclées, tortures avant déportations ou exécutions). Le livre noir d’écrou recense la liste des martyrs numérotés, origine, destination (juifs, résistants, hommes, femmes). Inestimable réconfort, beaucoup reçoivent la visite du maire Jean Deffaugt. Dans des circonstances extraordinaires il entre au Pax chaque jour, établit contacts et liaisons parfois couronnés de liberté.

Mardi 15, l’A.S. du secteur d'Annemasse du Lieutenant Ranguin se concentre. Routes du sud contrôlées par les Francs Tireurs Populaires (FTP). Tout s’enchaîne. Mercredi 16, premier revers pour l’occupant à Machilly et Saint-Cergues. Des Résistants en arme arrivent place de l’Étoile, avancent jusqu’à la place Nationale au mépris des crépitements d’une mitrailleuse postée dans l’angle de la mairie et de la rue du commerce. Un camion et un side-car dérobés une semaine avant entrent par la rue Fernand-David.

Le déroulement de la cérémonie du 18 août

Ce dimanche 18 août se déroulera la cérémonie commémorative du 18 août 1944, célébrant le 80e anniversaire de la libération d’Annemasse. Elle débutera par un rassemblement sur le Parvis de l’Hôtel de Ville à partir de 10 heures avant un parcours auprès des lieux suivants : prison du Pax (future Maison de la Mémoire), place de la Gare (Rawa Ruska et cheminots), monument aux morts avant un retour sur le parvis de l’Hôtel-de-Ville et le verre de l’amitié.

Pas de victime à déplorer

Jeudi 17, la Kommandantur espère des renforts. La Gestapo appréhende encore. Début août, Jean Deffaugt plaidant le sort de FTP arrêtés auprès de Kurt Meyer promet en échange de vies sauves son appui le jour où le sort de l’oberscharführer sera engagé.

Vendredi 18, semblant se désintéresser des détenus, l’occupant plie bagage et fait route vers la frontière. Les barbelés s’entrouvrent pour 120 hommes en fuite en tenue mais désarmés. À 7 heures, le drapeau tricolore flotte sur la mairie. Reste le Pax. Des artilleurs se postent rues de la Gare et du Commerce, au pont de zone. Chaque minute la situation, évolue l’étau se resserre. À 10 heures moins 10, le Pax appelle la mairie pour un accord. Deffaugt rappelle : reddition sans condition, promesse de vie sauve à la garnison. À 10 heures et quart un drapeau blanc est hissé. Le clairon sonne la fin des hostilités. Sept détenus libérés sont portés en triomphe. Le drapeau rouge à croix gammée descendu est traîné dans la poussière des rues. La population qui a retenu son souffle fait exploser sa joie d’autant plus que la liberté retrouvée n’a pas fait de victime.

Identifiés et désarmés à la frontière

Ambilly — Officiers et soldats allemands passent la frontière suisse en déposant leurs armes. Photo collection Gilbert Taroni

Désarroi au commandement de la douane à Ambilly, aux services installés à la Maison carrée. Il est 5 heures ce 18 août. Attente place de la Martinière de l’ordre de repli autour de la croix au croisement des routes vers les douanes de Pierre-à-Bochet et de Mon-Idée.

Il fait chaud. On parle à voix basse. Une mitrailleuse est plantée contre la croix. Un militaire la dirige vers l’entrée de la route d’Annemasse qui vient de l’hôpital. Les soldats vert-de-gris arrivant de Ville-la-Grand et d’Annemasse convergent vers Pierre-à-Bochet avec fusils et sacs à dos. C’est la débâcle : se retournant sans cesse de crainte d’être poursuivis ils franchissent la frontière du Foron, un par un, le temps d’être identifiés et désarmés. Cela prend beaucoup de temps comme pour ceux qui passent par Moëllesulaz. Le jour est levé quand passe le dernier sans arme et sans bagage, inquiet, celui qui tenait la mitrailleuse, rapporteront des témoins de l’époque…

Gilbert Taroni, 17 août 1944