Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Entremont — L’historique Hôtel de France où fut assassiné Tom Morel sera-t-il racheté par le Département de la Haute-Savoie ?

Hotel de France QG des maquisards du plateau des Glières

Mis en vente par la Ville de Gravelines qui en avait fait un centre de classes de neige, l’Hôtel de France, où fut assassiné le lieutenant Tom Morel en mars 1944, intéresse le Département de la Haute-Savoie, par son histoire comme par sa fonction.

C’est un lieu chargé d’histoire et de symbole. L’histoire de l’Armée secrète des Glières, menée par un intrépide lieutenant , qui attaqua un jour de mars 1944 le Groupe mobile de réserve (GMR/groupe paramilitaire collaborationniste créé par René Bousquet) qui y était cantonné ; le symbole de cette figure de la Résistance qu’était Tom Morel, assassiné le jour même dans cet hôtel.

En 1976, la maire de Gravelines (Nord) avait fait l’acquisition de l’ancien hôtel pour y héberger des classes de neige dans ces murs rebaptisés “Chalet d’Entremont”. Aujourd’hui, la municipalité des Hauts de France met en vente son bien. L’apprenant, le maire de Glières-Val-de-Borne, Christophe Fournier, en a donc parlé au conseil départemental, dans la mesure où sa commune n’a pas les finances nécessaires à l’achat de ce grand bâtiment de 3 517 m2, mis en vente au prix de 860 000 euros.

De la “realpolitik” au niveau local

« Nous sommes allés visiter les lieux dans le mois d’août, pour évaluer son état général, et la possibilité de le mettre en conformité pour le réutiliser », confirme le vice-président du conseil départemental, notamment en charge des bâtiments, Lionel Tardy. la délégation départementale s’est retrouvée face à un imposant bâtiment de quatre étages, 23 chambres et 114 lits, où beaucoup de travaux semblaient nécessaires pour une mise en totale conformité avec les normes pour les bâtiments accueillant du public et l’accès aux personnes à mobilité réduite (PMR).

« Il nous a fallu d’abord définir ce que nous allions en faire, poursuit le vice-président Tardy. Un lieu de mémoire ? Un centre d’hébergement pour les classes de neige ? Des appartements pour les saisonniers ?…»

Après consultation des différentes collectivités susceptibles de subventionner le programme de réhabilitation, la commission s’est fixée sur une double destination. Un rez-de-chaussée de l’hôtel historique dédié à la mémoire du grand résistant assassiné et à l’Armée secrète des Glières, les étages et les extensions pour accueillir des classes de neige. Un choix dicté par les sommes qu’accepteraient de verser la préfecture de Région et l’État, désireux de conserver des hébergements pour classes de neige.

Une grosse logistique à mettre en place

« C’est un choix somme toute logique, dans la mesure où il ne faut pas laisser partir un lieu porteur d’histoire, pas plus qu’il ne faut abandonner les classes de neige, assure Lionel Tardy. Mais ces destinations demandent de gros investissements. Il faut réhabiliter complètement le bâtiment, en espérant qu’on n’y trouve pas d’amiante, mais aussi créer des lignes de bus vers les stations car le village est assez isolé ». Une première estimation permet d’avancer un coût pour la réhabilitation (hors achat) de deux millions d’euros.

« Maintenant que nous avons une vision plus claire des lieux et du coût d’une telle opération d’acquisition et de mise en conformité, nous allons faire une proposition de rachat à la mairie de Gravelines », conclut le vice-président du Département, se gardant de nous donner la somme qui sera proposée à la ville du Nord.

Tom Morel, un héros français

Théodose Morel ? Un fils de “soyeux” de la bourgeoisie lyonnaise qui fit Saint-Cyr avant de devenir chasseur alpin au 27e BCA, en 1937. Puis ce fut la guerre, la bataille des Alpes, une blessure de guerre, des distinctions militaires, l’armistice… Et l’entrée de Théodose, dit Tom Morel, dans la Résistance. Nommé chef des maquis de Haute-Savoie, le lieutenant est notamment chargé de récupérer les parachutages alliés sur le plateau des Glières avec son groupe.

Le 31 janvier 1944, Tom Morel s’installe sur le plateau avec 120 maquisards. À la fin février, il a sous ses ordres environ 300 hommes qu’il a organisés en trois compagnies. le 2 mars, il fait prisonniers 30 membres des groupes mobiles de réserve (GMR), qu’il propose d’échanger contre le médecin de son groupe, arrêté par les mêmes GMR. Croyant en la parole d’honneur du chef des GMR, il rend ses prisonniers mais son compagnon médecin ne sera pas libéré. Il décide alors d’attaquer, dans la nuit du 9 au 10 mars 1944, le quartier général des GMR, cantonné à l’Hôtel de France, à Entremont. L’assaut est un succès, l’hôtel de France est pris, les GMR sont faits prisonniers et désarmés. Las, leur chef, le commandant Lefebvre, garde une arme cachée sur lui et dès que l’occasion se présente, assassine le lieutenant Tom Morel, chef de l’Armée secrète des Glières.

Philippe CORTAY, 07 sept. 2021
Lieux de mémoire en lien :
 Plaque  Lucien Levet

Plaque Lucien Levet

Détail

Plaque à la mémoire de Lucien Levet, propriétaire de l'Hôtel de France où eurent lieu les échanges de tirs qui conduisirent à la mort de Tom Morel et de deux de ses compagnons. Il fut arrêté pour faits de résistance et déporté à Buchenwald puis à Dora d'où il ne revint pas.

Lieu : Entremont

 Plaque Tom Morel, sur la facade de l'hôtel de France

Plaque Tom Morel, sur la facade de l'hôtel de France

Détail

Plaque commémorant le décès du lieutenant Théodose Morel dit "Tom Morel", à la tête du Bataillon des Glières depuis février 1944, trouve la mort le 10 mars 1944 à Entremont. Il est tué par le commandant des gardes mobiles de réserve (GMR) alors que les maquisards menaient une action contre les GMR, stationnés à l'Hôtel de France.

Lieu : Entremont