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En ce mois de septembre 1944, la guerre n’est pas achevée mais le médecin-lieutenant Marc tient déjà à témoigner dans les colonnes du journal L’Aube.
Ce qui s’est "joué là-haut" comme il le dit, c’est ce qui s’est passé aux Glières en Haute-Savoie quelque six mois plus tôt. Il y était, il peut raconter. Et pour lui la chose essentielle tient en une phrase ; surtout ne pas oublier Tom Morel !
"Tom"ou de son vrai nom Théodose Morel. Ou comment un homme à lui seul représente le sacrifice de dizaines d’autres.
« L’âme de la Résistance du Plateau », sera-t-il écrit dans le texte de sa citation pour la Croix de la Libération que le général de Gaulle lui décerne deux mois plus tard en novembre 1944. À titre posthume.
Car la vie de Tom Morel a pris fin dans la nuit du 9 au 10 mars 1944…
Retour en arrière, au début 1944. Comme d’autres, Tom Morel trépigne. Un vent de libération souffle et une seule chose l’anime : que ses hommes soient aptes aux combats qui les attendent.
Lui est prêt, depuis longtemps. Né à Lyon dans une famille catholique et patriote en 1915, il est entré à Saint-Cyr à 20 ans. Ressorti sous-lieutenant et affecté au 27e BCA d’Annecy, quand la guerre a été déclarée, il n’a eu qu’une déception : ne pas partir au combat sur le front de l’Est mais devoir rester dans le secteur de Tignes pour entraîner sa section d’éclaireurs-skieurs…
Muté comme instructeur à Saint-Cyr, il est revenu au début 1943 dans la région d’Annecy pour rejoindre l’Armée secrète : Théodose Morel est devenu "Tom". il est revenu au début 1943 près d'Annecy pour rejoindre l'Armée secrète.
En cette fin janvier 1944, il a reçu le commandement des maquis de Haute-Savoie et "monte" aux Glières. Pourquoi tout se joue là en Haute-Savoie ? À cause de la géographie. La Suisse n'est pas loin et à 1500 m d'altitude, ce plateau qui a peu d'accès est idéal pour les parachutages. Tom Morel le voit comme un coin de France libéré. "Vivre libre ou mourir", ce sera la devise qu'il proposera à ses hommes. Mais il n'y a pas que pour lui que les Glières sont un symbole. Radio Londres d'un côté, Radio Vichy de l'autre, déjà les Glières sont mis en avant. «Il y a trois pays qui résistent en Europe», entend-on sur la BBC, « la Grèce, la Yougoslavie et la Haute-Savoie. » Inconcevable pour les Allemands ! Vichy a jusqu'à mars pour nettoyer la Haute-Savoie « des nids terroristes».
Au moment où Tom Morel prend donc les choses en main sur le Plateau, autour les renforts ennemis affluent. Milice, Garde, Groupes mobiles de réserve (GMR) : l'occupant et Vichy vont compter jusqu'à 3000 hommes. Bien plus que les quelque 120 maquisards des Glières, rejoints par des Républicains espagnols (Section EBRO) puis d'autres résistants. Février arrive et les accrochages se multiplient avec les GMR. On s'affronte et l'on négocie aussi. Notamment quand Michel Fournier, un étudiant en médecine, médecin auxiliaire au maquis, est arrêté
Le lendemain, Tom Morel et ses hommes répliquent et font prisonnier 30 membres du GMR lors d'une opération contre l'hôtel Beau Séjour de Saint-Jean-de-Sixt. Ils ne seront libérés que s'il en va de même pour Fournier. L'intendant de police d'Annecy, Georges Lelong, donne son accord "sur l'honneur", Morel fait libérer les 30 vichystes mais en retour… Fournier reste incarcéré.
Tom décide alors de mener une nouvelle opération contre les têtes du GMR "Aquitaine" qui vient de s'installer à Entremont. Et cela fonctionne une nouvelle fois. Dans la nuit du 9 au 10 mars, 60 hommes du GMR sont arrêtés, dont leur chef le commandant Lefèvre à l'hôtel de France. Tous ont été neutralisés, leurs armes récupérées. Alors Tom Morel s'approche presque sereinement de Lefèvre. Et en un instant tout bascule. Lefèvre a gardé caché sur lui un pistolet qu'il sort et tire lâchement sur Tom. Tom Morel meurt sur le coup. Et Lefèvre ? Les maquisards l'abattent tout aussi vite. Le choc passé, Morel est enterré le 13 mars sur le Plateau, entre les bombardements de l'aviation allemande entrée en jeu, avant qu'il ne soit inhumé au cimetière de Morette en mai.
"Vivre libre ou mourir" : Tom Morel ne verra pas à quel point sa devise va rester dramatiquement vraie aux Glières. Le capitaine Anjot a pris sa suite mais pour peu de temps. Le 22 mars, les Allemands et les miliciens de Darnand passent à la vitesse supérieure. La 157e division de réserve se déploie autour du Plateau et donne l'assaut le 26 mars. La résistance est vaine,
Le capitaine Maurice Anjot l'a compris. Mais le repli des maquisards va se faire dans le sang. Pendant des jours, les Allemands mènent une chasse à l'homme. Des centaines de morts, dont Maurice Anjot, des déportés, des survivants traqués, torturés, fusillés… les ¾ des effectifs de "l'abcès de fixation" des Glières comme il est dit à l'époque, sont "neutralisés".
Ce qui ne l'empêchera pas de se reconstituer les mois suivants, jusqu'à la libération de la Haute-Savoie en août. Entretemps les Glières sont déjà devenues mythiques. Leur "âme", Tom, a laissé une lettre derrière lui: «Soyons heureux car nos sacrifices ne sont pas vains… J'ai l'absolue certitude que nous retrouverons une France belle ».
Le DauphinéSylvaine Romanaz, 10/03/2024
Lieu : Cran-Gevrier
Plaque commémorant le décès du lieutenant Théodose Morel dit "Tom Morel", à la tête du Bataillon des Glières depuis février 1944, trouve la mort le 10 mars 1944 à Entremont. Il est tué par le commandant des gardes mobiles de réserve (GMR) alors que les maquisards menaient une action contre les GMR, stationnés à l'Hôtel de France.
Lieu : Glières-Val-de-Borne
Lieu : Entremont
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