Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Megève — La tension monte entre Allemands et Résistants (2/3)

Pour les troupes d’occupation, la Petite Taverne (à gauche), juste à côté de l’ancien hôtel Albert I er, serait un repaire de terroristes. Photo collection Évelyne Perinet-Marquet

Fin septembre 1943, Jean Rosenthal, dit Cantinier, arrive de Londres pour dresser un tableau de la situation dans la région. Il installe un poste à Megève pour assurer la liaison radio avec la France libre. Au 21 janvier 1944, une quinzaine de prisonniers mégevans sont encore en captivité. René Mabboux et René Duvillard, respectivement président et secrétaire du Comité d’entraide aux prisonniers, obtiennent une subvention communale de 1 000 F, qu’ils souhaitent déposer sur un livret de caisse d’épargne.

Au mois de février, un parachutage a lieu au hameau de Lady. Le groupe local de résistants récupère et cache les armes. Fin mars, le maquis des Glières est attaqué et détruit par les troupes allemandes. Mais le 6 juin, les Alliés débarquent en Normandie. Le 9 juin, les brigades de gendarmerie reçoivent l’ordre de se rendre à Bonneville. Certaines, comme la brigade de Megève, refusent et rejoignent le (A.S. Compagnie de Megève) du côté du Christomet.

Dans la nuit du 16 au 17 juin, sur ordre de Dominique Cancillieri, les résistants neutralisent et empêchent une garnison ennemie de se rendre au Fayet comme prévu. En outre, deux soldats allemands sont désarmés dans la rue et faits prisonniers, tandis qu’un troisième s’enfuit. Des troupes d’occupation arrivent rapidement à Megève et tentent “d’intimider la population en tirant en l’air et sur les façades de la Petite Taverne et de la Croix d’Or”, mentionne Michel Germain dans son livre Le Prix de la Liberté. Puis, elles se retirent au Coq de Bruyère, un hôtel qui leur sert de caserne.

Paul Barroud, René Booz, Pierre Prunier et Albert Sulpice organisent le siège du bâtiment. Des renforts viennent de Sallanches, tandis qu’Alphonse Dubois arrive avec d’autres hommes. L’hôtel est pris d’assaut. L’opération cause la mort d’un soldat allemand et quatre autres personnes sont blessées, dont deux mortellement. Dans le territoire, la tension monte. L’ennemi va sûrement revenir en force. Des représailles ?

Ce dimanche matin, 18 juin, jour de la Fête-Dieu, les familles se rendent à la messe. Trois cars de soldats, douaniers et policiers allemands montent de Sallanches avec à leur tête un véhicule blindé. Ils arrivent sur la place, procèdent à des arrestations et à une série de pillages (archives du Rhône, crimes de guerre en région Rhône-Alpes).

Puis, c’est la confusion. Veulent-ils brûler l’église ou des maisons, comme la Petite Taverne qui serait un repaire de terroristes ? Avec courage, le maire, Charles Feige, s’interpose. Lui et Lydie Gachet sont emmenés comme otages à Annecy, d’où ils sont libérés un peu plus tard. Les prisonniers allemands sont finalement relâchés aussi et, au lieu de fuir, rejoignent leur garnison au Fayet. Le 28 juin, les troupes ennemies perquisitionnent chez plusieurs résistants dont le Dr Hilaire Socquet-Clerc (A.S. Compagnie de Megève)…

Évelyne Perinet-Marquet, 11 sept. 2024