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Peut-être n’en avez-vous jamais entendu parler… Et pourtant, ces deux femmes, Colette Périès et Louise Périès ont joué un rôle primordial dans la Résistance. En leur rendant hommage, le conseil général veut saluer également toutes celles qui ont contribué, dans notre département, à sauver la France. Et leur rôle a souvent été minimisé car il reflétait l’importance que la société leur accordait alors. Secrétaires, infirmières, commerçantes… Elles ne tenaient pas le haut du pavé.
Et pourtant… plus d’une opération aurait échoué sans elles. Elles cachaient les réfractaires, ravitaillaient les maquisards, passaient au péril de leurs vies des messages, donnaient l’alerte en cas de dénonciation ou d’arrestation. Ou, comme Jeanne Brousse, qui aujourd’hui témoigne encore très activement, falsifiait des papiers.
Plus d’une trentaine d’entre elles auraient été déportées ou fusillées. Et le droit de vote que leur avait accordé le général de Gaulle en 1947 était la conséquence directe de leurs actes de bravoure. « Protégés par la prière »
Colette Périès se souvient parfaitement de sa venue en 1948 dans la maison familiale, route de Provins à Annecy-le-Vieux. À 92 ans, elle porte sur sa veste la Croix de Lorraine qu’il avait donnée à sa mère, sur le perron, pour la remercier de l’avoir hébergé. On verrait presque les chaussures sans fin du grand homme devant la porte de la chambre, telles qu’il les avaient déposées avant de se coucher.
C’est dans le salon voisin qu’elle nous reçoit, devant un feu de cheminée, sous le portrait de ses ancêtres. Elle se dit fière, non pas de donner son nom et celui de sa sœur à un salon, mais que la Résistance soit une nouvelle fois honorée. Car si recevoir la Légion d’honneur l’a laissée, dit-elle, « de marbre », elle garde comme un trésor la Croix de Guerre donnée par celui qu’elle appelle « le patron ». Entendez le commandant Jean Vallette d’Osia. Et d’évoquer son envergure, celle de Tom Morel ou bien du capitaine Anjot avec la simplicité de la complicité.
Colette Périès s’amuse aujourd’hui d’avoir vécu l’histoire “de l’intérieur” et d’avoir échappé à la mort plus d’une fois. « Nous étions protégés par la prière. » Elle invoque Notre-Dame de Provins et Saint-François de Sales… et aussi peut-être, une bienveillante protection de la France dont l’occupation par les Allemands l’avait meurtrie. Tout comme l’arrestation d’enfants juifs. Un véritable scandale pour les deux sœurs et le groupe d’action catholique auquel elles appartenaient. « Pas vivre sans idéal »
Colette tremblait davantage pour la vie de ses proches que pour la sienne. « Vous savez, à 20 ans, on n’a pas peur de la mort ». Et pourtant… la Camarde lui avait appris à sursauter au moindre bruit, surtout la nuit. Ou à tenir ses vrais papiers loin de la main du diable.
Si demain, on lui demandait de repartir en lutte pour une cause qu’elle juge digne, elle se lèverait. Histoire de montrer aux jeunes « qu’on ne peut vivre sans un idéal. » Il suffirait qu’on lui dise où est passée sa précieuse bicyclette…
Le DauphinéColette LANIER, 4 mai 2013
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