Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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L'ancien chasseur parachutiste, Henri Padilla, fait chevalier de la Légion d’honneur

Henri Padilla a été reçu les insignes de chevalier de la Légion d’honneur ce dimanche devant le monument aux morts de Marnaz. Photo Le DL/Thierry Guillot

Ancien chasseur parachutiste au sein du 18e régiment, Henri Padilla est devenu, ce dimanche à Marnaz, chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur. L’occasion de revenir sur la vie bien remplie de cet homme né à Oran en 1938 et arrivé dans la vallée de l’Arve au cours de son adolescence.

Ce dimanche 5 mai, à l’occasion de la cérémonie célébrant le 79e anniversaire de la victoire de 1945, Henri Padilla est devenu chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur, recevant les insignes des mains d’Hubert Bornens, lui-même chevalier et président départemental sortant de l’Union Nationale des combattants (UNC-74), NDLR : ce dernier a cédé ses fonctions la veille à Jean-Paul Ducimetière.

« L’engagement de toute une vie »

À presque 86 ans (il les aura le 25 juillet prochain), Henri Padilla reçoit cette haute distinction représentant « les remerciements de la République pour [son] engagement, l’engagement de toute une vie ». « La reconnaissance de la République envers celui qui l’a servie avec une ténacité et fidélité exemplaire », a salué Hubert Bornens.

Henri Padilla fait partie de la liste des nominés du décret, paru le 10 novembre dernier, en faveur des anciens combattants de la guerre de 39-45, des théâtres d’opérations extérieurs et de l’Afrique du Nord. Au cours des mois passés sous les drapeaux, au sein du 18e régiment des chasseurs parachutistes, l’ancien combattant d’Afrique du Nord s’est distingué à plusieurs reprises lui valant, en 2006, la médaille militaire et aujourd’hui cet ordre national de la Légion d’honneur.

Les différents discours ont permis de saluer ce service pour la France où « il a donné le meilleur de lui-même » selon Hubert Bornens, mais aussi le parcours de l’homme né à Oran en 1938. Cette ville portuaire, située en Algérie, était à l’époque le 92e département de la France. Dans la lignée des Padilla, venue d’Espagne s’installer en terre nord africaine, Henri et ses frères et sœurs étaient la quatrième génération à porter la nationalité française. Face aux difficultés, notamment économiques, liées aux événements, la famille a quitté cette terre en juillet 1954.

Alors qu’Henri avait 16 ans, la famille est arrivée à Taninges, rejoignant un oncle d’Henri, déjà installé. Les parents d’Henri avaient déjà six enfants et deux viendront agrandir la famille. Henri Padilla a trouvé du travail dans la vallée de l’Arve avant, en 1958, de débuter son service militaire. Cette même année, la famille Padilla s’est installée à Marnaz. Appelé à Pau et formé au combat, Henri Padilla a rejoint ensuite l’Algérie. En dehors des combats, il a exercé la fonction de chauffeur du commandant de la compagnie.

En 2019, lors du 75e anniversaire de la Libération au plateau des Glières, Henri Padilla, porte-drapeau, avait été salué par le président Emmanuel Macron.

Deux citations durant sa présence en Algérie

Cette cérémonie a permis à Hubert Bornens, président sortant de l’UNC-74, de revenir sur les actes héroïques qui ont permis d’élever Henri Padilla dans l’ordre national de la Légion d’honneur.

Le 1er février 1960, alors qu’il est parachutiste grenadier voltigeur, il s’est dirigé vers un rebelle embusqué dans les rochers, l’a mis hors d’état de nuire et a récupéré son arme. Cet engagement lui a valu une citation qui comporte l’attribution de la croix de la valeur militaire avec étoile de bronze.

Le 26 mai 1960, voltigeur à la tête de la section, celui qui portait le béret rouge a été pris sous le feu intense d’un groupe de rebelles retranché dans les rochers. « Avec un sang-froid remarquable, [il] met hors d’état de nuire deux rebelles avant de récupérer leurs armes », a retracé Hubert Bornens. Cette bravoure a valu une deuxième citation à Henri Padilla qui comporte l’attribution de la croix de valeur militaire avec étoile d’argent.

Cette reconnaissance s’est donc poursuivie en 2006 avec la parution du décret du 10 novembre, lui permettant d’être distingué de la médaille militaire, la plus haute distinction qu’un soldat non-officier peut recevoir à titre militaire.

Ce dimanche matin, Henri Padilla était heureux d’être entouré de tous ses amis des associations patriotiques, mais aussi de nombreuses autorités civiles et militaires ainsi que de sa famille. Henri Padilla rejoint ainsi les personnes de Marnaz détentrices des insignes de la Légion d’honneur : Jean-Paul Brunier, Véronique Roda et Christophe Bontaz.

Le goût du risque

De retour à la vie civile, il a fait carrière comme décolleteur, tout en étant membre actif d’associations patriotiques. Il a même assuré la fonction de porte-drapeau, notamment départemental pour les médaillés militaires jusqu’en 2019. Le goût du risque, il l’a cultivé aussi dans ses loisirs. En 1961, il a ouvert une difficile voie d’escalade dans la face nord du massif du Petit-Bargy, au-dessus du lac Bénit, avec le grimpeur Pierre Prévent. En 1991, il a effectué une tentative de record du monde en profondeur, à Samoëns, avec un groupe de spéléologues chevronnés.

Côté famille, il a épousé Liliane Bérod en 1962. Le couple s’est d’abord installé à Marnaz, avant de rejoindre Cluses. Un chalet d’alpage aux Bottes, rénové, a également permis à Henri Padilla de vivre proche de la nature sur les hauteurs de Marnaz. Le couple a eu trois enfants, dont Philippe. Ce dernier, ordonné prêtre en mai 2006, a célébré une messe pour la paix en amont de ce temps où son père a été promu chevalier de la Légion d’honneur.

Le père Philippe officie depuis ses débuts dans le diocèse de Limoges, tout d’abord dans le quartier nord de cette ville et en périphérie. Depuis 10 ans, il est dans la Creuse, et plus précisément à La Souterraine depuis 3 ans. Il est le curé de la paroisse Saint-Jacques et la mission de vicaire épiscopal lui a été confiée.

Isabelle Corbex -, 6 mai 2024