Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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La commune de Perrignier a fêté les 100 ans de son monument aux morts

devant le monument flanqué de deux extensions pour les autres guerres : Céline Burgniard (adjointe), Claude Manillier (maire), Yves Carrillat (auteur des recherches) et Patricia Mahut (conseillère départementale).

Le monument aux morts de la Première Guerre mondiale de la commune de Perrignier a fêté ses 100 ans. Son histoire a été rappelée à l’occasion de la cérémonie du 11 Novembre.

Lors de la cérémonie du 11 Novembre, le maire Claude Manillier a célébré dans son allocution les cent ans du monument aux morts portant les noms de 41 Poilus* en 1922 (Ils sont en réalité 42 car la transcription du jugement actant le décès de l’un des soldats est arrivée seulement en 1928 à Perrignier (problème d’identification du corps vu l’atrocité des combats). C’est le Thononais Yves Carrillat, Perrignin de cœur, qui a conduit de nombreuses recherches sur son histoire et celles des victimes qui y ont leur nom inscrit. L’adjointe Céline Burgniard les a prises comme source pour monter une exposition relatant également le contexte de la grande guerre qui sera visible par le public à la médiathèque jusqu’à la fin novembre.

42 Perrignins sont morts dans ce conflit dont 14 dans la Meuse, sur le secteur de Verdun et ses alentours. Certains étaient très jeunes, d’autres déjà pères de famille, laissant des veuves et orphelins derrière eux. Tous étaient soldats de deuxième classe sauf un qui était sergent. Une majorité servait dans l’infanterie une arme engagée sur la ligne de front.

Un projet compliqué

Le monument, une colonne unique de forme quadrangulaire en 1922, a été inauguré le 1er octobre 1922. Son érection a été décidée à l’unanimité lors du conseil municipal du dimanche 26 septembre 1920. La commune dispose de 6 000 Frs dont 3 500 Frs venant d’une souscription et le reste, du budget additionnel. Il sera élevé à l’angle nord est du jardin pédagogique de l’institutrice de l’école des filles. On vote la désaffectation de 80 m2 de sa superficie à cet effet. Le préfet retoque cette décision. Le conseil municipal se réunit le 29 octobre 1921 à 14 h 30 en séance extraordinaire alors que l’œuvre est prête à être installée depuis bientôt une année. Il considère que placer ce monument au cimetière ou devant l’église lui ôterait son caractère historique au profit d’une connotation religieuse. Les habitants de Brécorens possédant aussi une chapelle et un cimetière neuf partagent cet avis. Le conseil maintient à l’unanimité son choix réduisant l’emprise à 50 m2. Le dimanche 27 novembre 1921 une solution est enfin trouvée : François Mermet un voisin accepte de céder 40 m2 de sa parcelle pour compenser l’amputation d’une surface équivalente du jardin choisi initialement pour l’implantation.

Vendredi 15 septembre 1922 le conseil municipal comprenant le maire Édouard Manillier, les adjoints François Mermet, Joseph Condevaux, Louis Girod, Célestin Lépine, et les conseillers Jean Piccot, Joseph Deconche, Jean Moynat, François Layat, Auguste Neuvecelle, Philippe Ponthet et François Rolland, valide enfin le procès-verbal de réception du monument qui sera inauguré deux semaines plus tard.

Inauguration en grande pompe

L’article du journal l’Écho du Léman du samedi 7 octobre 1922 lu par Yves Carrillat a fait revivre au public attentif son inauguration. « Dès 9 h 30 sont arrivés le sous-préfet M. Surchamp, le député M. Bartholoni, le sénateur M. Gallet étant excusé, pour assister à un service religieux célébré à l’église paroissiale pavoisée aux couleurs nationales. Un Poilu de Perrignier, l’abbé Lacroix, curé d’Éloïse, y célébra les beautés et la grandeur de la France, honorant les 41* Perrignins morts pour la défendre. À 14 h le maire Édouard Manillier, arrière-grand-père de Claude Manillier, présida la cérémonie d’inauguration adressant ses sentiments de reconnaissance à ses concitoyens morts au champ d’honneur. Il félicita les auteurs du monument, les sculpteurs thononais Gavazzi et Decorzent. D’autres allocutions de même teneur suivirent. Celles de M. Condevaux au nom des anciens combattants, de l’instituteur M. Maillard, du député M. Bartholoni et du sous-préfet qui remit la médaille militaire à François Aubert un mutilé, facteur de son état. Les enfants des écoles déclamèrent de nombreuses poésies. Ils chantèrent aussi tout comme la chorale présente. La fanfare La Mauricienne de Sciez joua les hymnes et autres morceaux musicaux. »

À noter enfin que depuis, le monument a quitté son emplacement près de l’ancienne école pour permettre son agrandissement en 1960. Il a été déplacé à 50 mètres, place des Fontaines, avant de gagner en 1986 son emplacement actuel près de la mairie.

Patrick DESUZINGE, 13 Nov. 2022