Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Il y a 80 ans, le village des Villards-sur-Thônes était bombardé : un drame au souvenir vivace

Les deux épiceries du village. À gauche, il y a aujourd’hui un immeuble avec le bar. Et à droite, la maison Bochet-Cadet. Photo Archives Commune des Villards-sur-Thônes

Voilà 80 ans, le 4 août, le village subissait un bombardement resté à jamais dans les mémoires. « Un drame tout à fait inattendu pour ce petit village de montagne, alors que les bombardements ne concernaient en général que les villes », explique Gérard Fournier-Bidoz, le maire.

Le 1er  août 1944, l’aviation alliée effectue un parachutage sur le plateau des Glières. Le lendemain, un convoi composé de la milice française et de l’armée allemande monte vers la vallée des Aravis pour y effectuer une action de représailles. Stoppé au col de Bluffy par un commando de résistants du groupe Vanette, il doit rebrousser chemin. Leur aviation bombarde alors et mutile la ville de Thônes le 3 août, par deux vagues de trois bombardiers. Et le 4 août, c’est le tour des Villards-sur-Thônes.

La chaleur est étouffante. Deux membres de la famille Bochet-Cadet, dont la maison sera atteinte par les bombes, rapportent le témoignage de leurs mères, alors âgées d’une vingtaine d’années. « Des avions montent en direction de Saint-Jean-de-Sixt avant de revenir en piquant sur le village vers 17 heures. Voyant cela, des personnes, dont Mme Viollet, l’institutrice du village, alertent les gens, qui fuient alors en direction des champs et du Nom, rivière qui passe dans la commune. »

Une première bombe s’écrase entre les épiceries de Paul Genans-Boiteux et de Maurice et Elisa Bochet-Cadet. Une seconde bombe tombe dans le jardin de Jean Mermillod-Pupil. La troisième atterrit dans le verger de Régis Genans-Boiteux, faisant trois blessés. Sophie Vallanzasca, 35 ans et Ginette, l’une de ses deux filles, âgée d’un an, réfugiées aux Villards après avoir fui les bombardements d’Annecy, sont tuées par les bombes. « Le père était parti travailler dans le haut de la vallée et a vu fondre les avions sur le village. Denise, l’une des filles Bochet-Cadet, a pris la seconde fille Vallanzasca par la main pour l’emmener se protéger avec les autres habitants, la sauvant ainsi d’un funeste destin. »

« La blessure infligée au village » est restée visible jusque dans les années 1980

« Elisa Bochet-Cadet était en train de coudre sur le seuil de la maison dans son fauteuil. Elle s’enfuit également. Ses deux autres filles, Céline et Marie, parties en cueillette à la Plaine Frasse, reviennent après le bombardement et trouvent le fauteuil de leur mère projeté, intact, de l’autre côté de la rue… »

Lors de récents travaux de cette maison familiale, le charpentier y a retrouvé des morceaux d’obus dans le toit…

Né tout juste dix ans après le bombardement, Gérard Fournier-Bidoz rappelle que « la blessure infligée au village » est restée visible jusque dans les années 1980, lorsque des immeubles furent construits. Mais le souvenir de Sophie Vallanzasca et Ginette Vallanzasca demeure vivace.

Une cérémonie ce dimanche 4 août

Une cérémonie se tiendra ce dimanche 4 août à 10h30, en dessous de la place du 4-Août-1944, en présence de la famille Vallanzasca, du conseil municipal et de la fanfare L’Écho du Lachat. Les Amis du Val de Thônes seront par ailleurs présents avec leur exposition sur les bombardements dans la vallée.

Georges Bise, 2 aout 2024
Lieu de mémoire en lien :
  Plaque victimes du bombardement du 4 août 1944

Plaque victimes du bombardement du 4 août 1944

Détail

Les Villards-sur-Thônes — Plaque victimes bombardement du 4 août 1944

Lieu : Les Villards-sur-Thônes