Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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80 ans de la libération d’Auschwitz-Birkenau : comment Angèl a survécu à l’enfer

Angelo Canova, déporté à Auschwtiz-Birkenau, a réchappé de justesse aux chambres à gaz. Photo Mireille Canova

Il y a 80 ans, les Russes libéraient Auschwitz-Birkenau. Parmi les prisonniers, il y avait Angèl. En pointillé, à mots mesurés, il évoquait parfois l’enfer dont il a échappé. Ses filles haut-savoyardes racontent.

Dans son petit village de montagne, dans le nord de l’Italie, on parlait le dialecte, alors Angelo s’appelait Angèl. La terre était si pauvre que tous les hommes partaient travailler en Suisse pour nourrir leur famille. Sa mère a élevé seule ses 11 enfants. Angèl est né sur la montagne, dans le foin ; sa mère a accouché seule puis est rentrée à la ferme, son nouveau-né dans le tablier.

C’était la misère totale. Angèl a grandi, les travaux de la ferme, le bûcheronnage, lui ont donné une force hors du commun.

Mais la guerre était là. À 19 ans, il a été mobilisé et après seulement trois jours de maniement d’un fusil en bois, les Allemands l’ont fait prisonnier. Il a été affecté aux travaux forcés en Allemagne, sur les voies ferrées ; son équipe devait réparer les rails endommagés par les bombardements.

Une nuit, près de la Pologne, ils s’étaient réfugiés dans une école. C’était le jour de l’An. Les avions alliés ont attaqué et bombardé la zone. Terrorisé, Angèl s’est enfui vers la forêt pour se cacher. Lorsque les explosions ont cessé, il a voulu rentrer à l’école mais il a marché sur une mine. Il a été projeté et a perdu conscience. Il neigeait dru et la neige l’a enseveli peu à peu. Seule son oreille émergeait de la neige et c’est ainsi que ses compagnons ont pu le retrouver.

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Lucien Colonel, matricule KLB9777, voyage de la mémoire 60 ans après à Buchenwald-Dora

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Témoignage de Roger Lugon Moulin (déporté Haut-Savoyard) - Matricule 75767 à DACHAU

Rentré chez lui, il pesait 39 kilos

Gravement blessé au dos, il était devenu inutile pour les travaux forcés et les nazis l’ont déporté à Birkenau, pour mourir dans les chambres à gaz. Là-bas, un ami qui travaillait aux cuisines l’a caché. Dès qu’il a pu, Angèl s’est mis à éplucher les légumes. Il se rendait utile et surtout, pouvait manger les épluchures.

Une première fois, un SS est venu le chercher pour l’emmener dans les chambres à gaz ; le cuisinier a dit qu’il voulait le garder encore un peu car il travaillait bien.

Quelques jours plus tard, Angèl a appris qu’il était sur la Liste, pour le lendemain. C’était le 27 janvier 1945, les soldats russes sont arrivés ce jour-là pour libérer le camp d’Auschwitz-Birkenau. Angèl avait réchappé par miracle aux chambres à gaz.

Il a trouvé la force avec son ami de repartir à pied pour l’Italie. Arrivé dans son petit village, il pesait 39 kilos. Il ne s’est pas arrêté là. Angèl depuis l’enfance aimait en secret la belle Rina. Elle était partie en Savoie avec sa famille alors Angèl est venu en France. Ils ont eu quatre enfants. De toute sa vie, il ne s’est jamais plaint, n’a jamais prononcé un seul mot de haine ou de rancœur, même à l’encontre de ses tortionnaires. Angèl a toujours été humble et respectueux de tous.

Il rappelait seulement ce que disaient les SS à Birkenau : « Lave-toi tous les matins, rase-toi, tu feras un plus beau cadavre ». Il s’appelait Angelo Canova.

Marie-Hèlène et Mireille Canova, 27 janvier 2025
Lieux de mémoire en lien :
 Stèle du Square des Martyrs de la Déportation

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La ville d'ANNECY en hommage à ses enfants disparus dans les camps de concentration nazis et les prisons fascistes afin que leur souvenir demeure vivant dans la cité.

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 Mémorial des déportés du Giffre

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Le mémorial des déportés du Giffre réalisé par Fernand Deschamps rend hommage aux trente personnes qui ont été arrêtées le 1er avril 1944 à l’usine du Giffre puis déportées dans les camps de Buchenwald.

Lieu : Marignier

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Commémoration du 45ème anniversaire de la libération des Camps de la Mort. À cette occasion a été planté un arbre en hommage aux 4 résistants de Sciez morts en Allemagne et à tous leurs camarades victimes de la Barbarie hitlérienne. Dans le cadre d'une émouvante cérémonie présidée par Bernard Néplaz le maire de Sciez et Jean Vannier ancien déporté et Président de la section locale F.ND.I.R.P, une plaque a été fixée devant cet Arbre de la Déportation

Lieu : Sciez