Noyautage des Administrations PubliquesC'est à André Plaisantin, responsable lyonnais de Combat et membre de la Jeune République, que l'on doit le nom et l'idée-même du NAP. Dans L'aventure incertaine, Claude Bourdet raconte : « Un jour, Marcel Peck vint m'expliquer que Plaisantin avait eu l'idée de regrouper, ce que personne n'avait encore fait, les cellules du mouvement dans les administrations et diverses professions. Ils avaient tous deux appelé cela « N.A.P. », « Noyautage administratif et professionnel ». Plaisantin ne s'était pas rendu compte, je crois, de toute l'importance de ce qu'il faisait, mais Marcel Peck l'avait tout de suite saisi. (…) Puis Peck et moi nous décidâmes de changer le sens de N.A.P, en « Noyautage des Administrations Publiques ». Claude Bourdet trouva l'idée si ingénieuse qu'il la généralisa à l'ensemble de la région et des services publics (services locaux des préfectures, de la police, du ravitaillement, de l'électricité, des PTT, de la SNCF). Ce faisant, Bourdet en transforma le sens, le NAP devenant plus spécifiquement le Noyautage des Administrations Publiques. Bourdet en parle alors à Moulin et lui propose d'étendre la structure à tous les mouvements et à l'ensemble de la France, avec comme double objectif de recueillir des renseignements précieux et de sélectionner les futurs cadres de la France libérée. À l'origine, un certain nombre d'éléments spécialisés qui se trouvaient soit au Service de Renseignement (SR) ou à l'Armée secrète de Combat, soit dans les cellules professionnelles de Libération-Sud, ont été versés au NAP. Ce réseau a ensuite été étendu par recrutement autonome tant dans la zone Sud, au cours de l'année 1943, qu'en zone Nord, à partir de l'été 1943. Initiallement, le NAP devait permettre de " détecter dans les différents services publics les sympathisants - organiser les éléments les plus utilisables par leurs qualités et la place occupée en cellules bien cloisonnées, bien étanches ; les faire travailler pour le renseignement de la France libre et pour la sécurité de la Résistance ; leur faire exécuter tout sabotage que leur position professionnelle les met à même de réussir et préparer l'insurrection et la prise de pouvoir administrative dans tous les services publics et établir la liste des fonctionnaires à maintenir, à remplacer, à sanctionner et accessoirement rendre à la Résistance et aux agents de la France libre tous les services éventuels (faux papiers, etc.). Le NAP se développa considérablement en 1943 et 1944, jusqu'à embrasser tout le territoire national sous la direction nominale de Jean de Voguë et la baguette effective de Claude Bourdet et de Marcel Peck. Avec l'essor du NAP s'est alors constitué le Super-NAP, sous l'impulsion de Libération-Sud. Dirigé par Maurice Nègre, fonctionnaire des Affaires étrangères, et Bernard de Chalvron. En 1944, NAP et Super-NAP fusionnèrent. Le NAP présentait l'inconvénient de fournir un alibi commode aux opportunistes de tout poil et mateurs de double jeu. Ce risque était largement contrebalancé par la remarquable source d'informations qu'il constituait. Cependant, il n'était pas du goût de tous les responsables de mouvement, à commencer par Emmanuel d'Astier de la Vigerie qui, d'accord en cela avec les communistes, voyait la Libération sous la forme d'une insurrection de masse. Le NAP était néanmoins si précieux qu'il prospéra et se perfectionna au fil des mois. Il fut amputé de deux branches, "Fer" et "PTT", qui, en raison de leur rôle technique, évoluèrent d'une façon particulière. René Hardy créa le NAP-Fer, dont Jean-Guy Bernard reprit la responsabilité. Ce dernier n'allait pas tarder à s'en émanciper, avec la création du service Résistance-Fer. Sur les quelque 1 500 agents dûment homologués du NAP, on dénombra plus de 120 tués ou morts en déportation, dont Marcel Peck et Jean-Guy Bernard.
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