Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Section Saint-Hubert

Bataillon des Glières — Compagnie Lamotte — Saint-Hubert
Chef  Section Saint-Hubert

Section Saint-Hubert

ALIAS : Section Carrier - Saint-Hubert,Type Action /

R.F.I : Forces Française de l’Intérieur /
Rattachement : Bataillon des Glières / Compagnie Lamotte /

Création par la capitaine Maurice Anjot ET SOUS LES ORDRES DU Lieutnenant Pierre Barillot

La section Saint-Hubert, commandée par André Guy, alias Chocolat, est composée, entre autres, de Louis Vignol, alias Loulou, son adjoint, d'André Bédet et Jean Bédet, Roger Cerri, Étienne Colombet, Riquet Duchêne, André Fédieu, Louis Ganassali, Jacquart, André Masson, Jean Mathevon, dit l'Aviateur, Antoine Orcet et Pétrus Orcet, Maurice Pépin, Albert Robin et Victor Vulliez.

Antoine a décrit les lieux : " Les prés de l'emplacement de Monthiévret sont situés au-dessus d'une barre rocheuse à pic qui longe le Borne, et sont adossés à un mur de rochers difficilement accessibles sans cordée. Donc, notre surveillance était surtout portée sur le seul endroit accessible, mais assez escarpé. la pente donnant en direction des Plains et la ferme Goy, d'où part, entre les sapins, un sentier difficile à escalader; entrecoupé de rochers, mais étant un raccourci difficilement repérable. Pour la section " Saint-Hubert ", le danger ne pouvait venir que de cette direction. Des postes aménagés en petits fortins, nous avions une vire sur la pente à la sortie du bois, avec l'avantage de la pente. Une provision de grenades et munitions. fusils-mitrailleurs en batterie et la rage de voir enfin un ennemi se mesurer à nous, nous stimulaient, malgré le froid vif, surtout la nuit.

Chocolat rassemble ses gars et, à trois heures et demie, le groupe des voltigeurs rejoint les avant-postes. Les cheveux font mal le froid surprend la faim tenaille… Chaque homme est armé d'un fusil anglais, de cinq grenades et d'un stock de cent cinquante cartouches.

Sur le sentier qui le mène à son poste, Louis Ganassali se souvient du bombardement d'hier matin. Il était à la cuisine en train de se raser, et ses copains, Victor Vulliez, Henri Duchêne, alias Riquet, et Jacquart, se reposaient, vu les gardes épuisantes de la nuit. Tout le monde avait été surpris par l'éclatement des obus d'artillerie. Le deuxième était tombé sur le chalet d'en haut, occupé par des gars de la section Carrier.

" Chocolat m'avait envoyé cherché de l'eau au puits. Je revenais avec deux seaux pleins. lorsqu'un obus péta tout près. J'ai sursauté et j'ai lâché les seaux. Chocolat n'était pas content car les seaux étaient presque vides. Trois heures durant, nous avons entendu le grondement et le sifflement des bombes au-dessus de nos têtes. Nous avons fait tous les quatre une partie de belote, pendant le bombardement.

Notons pour mémoire que le puits dont parle Louis se situe à près de quatre-vingts mètres en direction du Nant de Talavé et que ce n'est pas une mince affaire que de s'y rendre, alors que l'ennemi bombarde le versant. Les gars étaient tous à l'extérieur, lorsqu'un obus était tombé sur leur chalet. Chocolat leur avait ordonné de remonter chercher les armes stockées dans l'écurie. Il ne restait plus rien du repas de midi qu'Etienne faisait mijoter sur le feu : viande de vache, haricots et un reblochon pour dix-huit. Brienne Colombet avait été légèrement blessé à la cuisse.

Chocolat avait alors organisé ses gars en trois sizaines, chargées de la garde en permanence. Le soir venu, ils avaient reçu leurs " vivres de guerre ", envoyés par le P.C. pour remplacer ceux détruits par le bombardement, biscuits, chocolat, bonbons, boîte de viande en conserve, pain. Les stocks sont pratiquement épuisés et il n'y a pas de vivres pour tous les gars.

Maintenant, ils marchent à travers la forêt.

Chocolat dispose ses gars en trois postes, surveillant chacun une voie d'accès. Riquet et Louis sont maintenant en position à quinze mètres l'un de l'autre, planqués dans des arbustes, en pointe de la sizaine, avec comme mission la surveillance du chemin qui monte de la vallée. Derrière eux se trouvent Jean (l'Auvergnat) et son chargeur, André Bédet, dit Toto, au F.M. Plus bas, Albert Robin et son chargeur au F.M., André Fédieu, notre G.M.R. du 9 mars dernier, encadrés par une sizaine de voltigeurs, barrent l'autre sentier par lequel peut venir le danger.

Nous sommes tendus, a écrit Albert. La nuit nous semble très longue. Le jour commence à poindre enfin et avec le jour, nous avons plus d'assurance… Nous avons la surveillance du chemin d'accès très étroit qui mène à notre chalet, situé à quelques encablures. Nous prenons ce chemin en enfilade et un surplomb d'un terrain à découvert, en direction d'Entremont. Sur notre droite, ce sont des bois, oit sont placés des voltigeurs espacés, puis un autre P. A. I. , tenu par un gars surnommé Bifin… "

En amont de ces hommes, se trouve la section Jean Carrier, aux ordres de Pierre Barillot, alias Bararier, ancien officier de liaison de Clair lorsque celui-ci était à la tête du secteur de Bonneville.

Pierre Barillot, sous-lieutenant d'active, ancien sergent au 6e B.C.A., commande l'ensemble du secteur de Monthiévret. Pour ce qui est de la section Carrier, il est secondé par André Gaillard et Fernand Guillemenet, alias Minouche, sous-officier dans l'armée de l'air.

André Gaillard commandait le camp Sidi-Brahim, du côté de Mégevette, qu'il avait créé en juin 1943. Alors qu'il attend dans la nuit froide, André se souvient de l'attaque allemande sur Mégevette en novembre dernier. Il se souvient qu'il avait été fait prisonnier et emmené à Annemasse avec quelques gars de son camp. Il avait pu sauter du train, alors qu'il était transféré à Lyon, mais cinq copains avaient eu moins de chance que lui, et André pense à eux.

On trouve ici Serge Aubert, dit Grand Turc, ancien des Gets, René Dujardin, Jacques Misery, venu du maquis de Mieussy, Paul Lespine, Sébastien Marcaggi, Lucien Fougerad, dit Lamoulante, Jean Pionet, un Belge, et bien d'autres. Les gars ouvrent grands leurs yeux brûlants de fatigue. Mais qu'importe, ils ont un moral d'acier.

Portrait de maquisard

Les maquis