Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Picot LucienJuste parmis les nations

Pendant l’Occupation, alors que la France vivait sous la menace constante des rafles, des dénonciations et de la déportation, certains individus ont refusé de se soumettre à la peur et à la passivité. À Évian, en Haute-Savoie, l’inspecteur de police Lucien Picot a fait partie de ces justes anonymes qui ont risqué leur vie pour sauver celles des autres. Grâce à son courage, à son sens du devoir et à une profonde humanité, il a protégé, averti et aidé de nombreux Juifs et résistants, leur offrant une chance de fuir vers la Suisse ou d’échapper aux griffes de la Gestapo. Son histoire, longtemps restée dans l’ombre, mérite d’être racontée.
Picot Lucien

Picot Lucien

Résistant et juste — Mort Naturelle

Né(e)28 Août 1908
Décèdé(e) 27 Mai 1995
Maquis : A.S. Compagnie de Thonon /
R.F.I : Forces Française de l’Intérieur /

Biographie

Lucien Picot, inspecteur de police à Évian (Haute-Savoie), a sauvé de nombreuses vies pendant l’Occupation. Dès sa prise de fonctions, il met à profit sa position pour avertir les Juifs des rafles à venir, leur fournir de faux papiers d’identité et des cartes d’alimentation, et les aider à franchir clandestinement la frontière suisse. Grâce à son coupe-file de police, il escorte à plusieurs reprises des fugitifs jusqu’à la frontière.

Lucien Picot connaissait les risques. Son prédécesseur avait été arrêté et déporté pour avoir aidé des personnes recherchées. Cela ne l’empêcha pas d’agir avec courage. Il sauva notamment Eva Rosin, une Juive allemande réfugiée à Évian depuis 1933. En 1943, l’ayant convoquée au commissariat, il lui annonça qu’une rafle aurait lieu le lendemain. Eva, désespérée, expliqua qu’elle ne pouvait fuir : son passeport était marqué du “J” de “Jude”, et les contrôles étaient omniprésents. Lucien détruisit son passeport et lui remit une fausse carte d’identité. Grâce à lui, elle put s’échapper, rejoindre la Suisse, puis les États-Unis.

Il sauva également la famille Nassi, originaire de Lyon, dont le magasin avait été confisqué par les autorités de Vichy. Réfugiés à Évian, ils firent appel à Lucien Picot, qui leur procura des faux papiers. Lors d’une rafle, averti au dernier moment, il cacha Isidore Nassi (Isy), l’un des fils, dans la cellule du commissariat. Toute la famille fut sauvée. Après la guerre, Isidore et Lucien restèrent liés par une profonde amitié.

Un engagement progressif dans la Résistance

Mobilisé le 9 septembre 1939 dans le 184e régiment d’artillerie lourde à Valence, Lucien Picot est libéré le 10 juillet 1940 à Saint-Girons (Ariège). De retour à Lyon, il reprend avec son épouse les représentations au Théâtre de l’Horloge, cours Lafayette. Mais le théâtre ne suffit plus à faire vivre le couple. En 1941, peu après la naissance de leur fils, Lucien décide de passer le concours d’inspecteur de police. Le régime de Vichy recrutait alors massivement.

Il est d’abord affecté à la Sûreté de Lyon, puis en avril 1942, muté à Évian. Il y travaille au commissariat de la rue Nationale, en face du Muratore, aux côtés de M. Fillon et d’Alexis Meynet, dit “Sissi”, avec qui il développe des liens de confiance.

En novembre 1942, les troupes italiennes occupent Évian, tandis que les autorités s’installent à Thonon et dans les grands hôtels réquisitionnés. La population locale manifeste son hostilité à cette présence. Lucien Picot et Alexis Meynet agissent parfois comme médiateurs et parviennent à faire libérer certains détenus, dont Camille Blanc, futur maire d’Évian.

La situation s’aggrave encore lorsque, le 11 novembre 1942, les Allemands rompent l’armistice et envahissent la zone libre. Lucien Picot est alors contraint de collaborer officiellement avec les nouvelles autorités, tout en œuvrant en secret pour la Résistance. Grâce à sa carte de police, il conduit des personnes pourchassées jusqu’à la frontière, sous prétexte de missions officielles. Informé des arrestations en préparation, il en avertit immédiatement les intéressés et les aide à fuir.

Sur proposition de Camille Blanc et de M. Morel, responsable de l’Armée Secrète (A.S.) dans le Chablais, il rejoint les F.F.I. Il collabore avec le pasteur Bordeuil et le curé Plébain pour fabriquer de faux papiers. Dans ses enquêtes, il s’efforce de les mener de façon irréprochable tout en garantissant qu’aucune preuve ne puisse être exploitée contre les personnes soupçonnées.

Un climat de terreur croissant

La Gestapo, assistée par les miliciens et des collaborateurs, multiplie les rafles. Des unités SS quadrillent les rues d’Évian. Lucien Picot raconte :

  • « Le commissariat avait été averti d’un contrôle de la population par les troupes allemandes. Prévenu trop tard, je n’ai pu faire grand-chose. Mais dans notre immeuble, maison Bailly, 3 place du Marché (aujourd’hui place Charles-de-Gaulle), se cachait la famille Nassi. Le jour J, j’ai emmené Isy au commissariat et je l’ai caché dans la prison pendant toute la durée de la rafle. »

Par ailleurs, M. Fauche, directeur du groupe majoritaire de la Société des eaux, lui demande de venir en aide à sa femme de ménage, Eva Rosin. Là encore, Lucien Picot agit sans hésiter. Il lui fournit une fausse carte d’identité, lui permettant de quitter la France pour la Suisse, puis de s’exiler aux États-Unis.

Souvent seul dans ses choix, Lucien Picot a fait preuve d’un courage exemplaire dans un contexte où la moindre erreur pouvait lui coûter la vie. Grâce à lui, des familles entières ont échappé à la déportation. Sa mémoire mérite d’être honorée.

Le 18 avril 1989, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Lucien Picot le titre Juste parmi les Nations.

Distinction(s)
Médaille des justes parmi les nations

Médaille des justes parmi les nations

Détail

Les personnes reconnues comme « Justes parmi les Nations » reçoivent une médaille spécialement frappée à leur nom et un diplôme d’honneur. Elles ont en outre le privilège de voir leurs noms gravés sur le Mur d’honneur dans le jardin des Justes de Yad Vashem à Jérusalem.

Médaille

Les figures

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