Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Un mémorial pour ne pas oublier le 21 mai 1944

Ballaison — Stele de la rafle du 19,20,21 Mai 1944. De gauche à droite, Loïc Hervé, Robert Ruche, Christophe Songeon et Cyril Pellevat, lors de l’inauguration de la stèle. de Ballaison. Photo Le DL /V.M.

Il y a 77 ans, plusieurs bâtiments du village étaient incendiés par les soldats allemands. Un événement qui vient de déboucher sur la création d’un mémorial.

Vendredi 21 mai, Christophe Songeon, maire de Ballaison, accompagné de ses officiels, des Anciens combattants, des représentants des AFN, des témoins d’époque, de Joseph Perreard et Roger Vulliez (les deux anciens maires de la commune), mais également des deux sénateurs Cyril Pellevat et Loïc Hervé et de la fanfare D’Ambilly, a dévoilé la plaque commémorative d’un fait de guerre marquant sur la commune, érigée à l’initiative des Anciens combattants, place du parking de la mairie.

L’histoire ? Le 21 mai 1944, un dimanche de fête des mères, de nombreux habitants assistent à la messe. Après l’office, suite à la découverte de tracts contre les nazis dans une sacoche de vélo qui se trouvait près de la boulangerie, les Ballaisonnais furent rassemblés et interrogés par les soldats allemands, au centre du village.

La population ne répondant pas aux questionnements des occupants, ces derniers interrogent le maire Hyppolyte Dubouloz qui tente de parlementer avec les soldats. Ces derniers n’ayant toujours pas de réponse indiquent vouloir tuer trois otages, qu’ils venaient de désigner, ou bien de brûler la boulangerie et les deux maisons situées à côté, proche de l’endroit où la sacoche fut retrouvée. Afin d’épargner des vies, les bâtiments désignés furent donc incendiés.

Il était important, pour la commune, d’ériger un mémorial en lien avec cet évènement. Cette cérémonie a débuté selon le protocole des drapeaux et de la fanfare, puis Christophe Songeon a prononcé un discours sur cette sombre période et sur ce qui s’est passé à Ballaison le 21 mai 1944.

Robert Ruche, témoin de cet évènement historique, 10 ans à l’époque, et représentant des AFN de Ballaison ainsi que Bernard Neplaz, président de l'ANACR 74 Thonon Chablais et membre du Comité haut-savoyards des associations des résistants et de la déportation, ont également pris la parole en relatant les autres évènements tragiques qui ont eu lieu dans le département comme le drame d’Habère-Lullin, les déportations aux cellules du Pax à Annemasse, l’incendie de l’école de Sciez en juillet 1944 et bien d’autres.

Ils ont remercié Christophe Songeon pour ses convictions et son soutien total qui ont permis la réalisation de ce projet ainsi que Fabien Cochard, enseignant et adjoint à la communication, à Ballaison, pour son investissement et sa recherche d’informations. En effet, la commission animation et culture a réalisé un dépliant relatant cette journée du 21 mai 1944 avec des nombreuses illustrations. Le document a été remis aux anciens, présents lors de cette cérémonie et sera distribué à la population à partir du 5 juin.

Cette inauguration, suivie d’une minute de silence et d’un dépôt de gerbes, a permis de rendre hommage à ces héros qui ont combattu pour défendre notre pays et la liberté de chacun durant cette période tragique. Elle fut également touchante car des témoins d’époque étaient présents et ont pu relater les faits.

Robert Ruche, représentant des AFN de Ballaison, avait 10 ans en mai 1944. « Nous avons dû sortir de l’église, nous étions alignés et les hommes ont été questionnés concernant les tracts, je m’en souviens encore et je ne pourrai jamais oublier ». Mireille avait également 10 ans et son frère Michel, 2 ans. « Après la messe, j’ai pu me réfugier dans la maison située en face de l’église avec d’autres enfants et leurs mamans. Les occupants posaient des questions aux hommes du village. Et puis, un peu après, ils ont mis le feu à la boulangerie et aux deux maisons d’à côté ».

Son frère, Michel, 2 ans lors des faits, explique que son père Louis Pugin, a participé à l’extinction de l’incendie en montant sur le toit d’autres maisons. Charlotte, 10 ans également présente lors de cet évènement « a eu la peur de sa vie », car étant de confession juive, elle était recherchée mais heureusement a pu passer inaperçue. Enfin Maurice, qui était âgé de 4 ans et demi, tenait la main d’une dame en sortant de l’église mais ne trouvait plus sa mère. Heureusement celle-ci l’attendait de l’autre côté de la route, un peu avant l’interrogatoire des Allemands.

(Mémorial pour l’oppression 3808 W1394)
Valérie MADRID V.M, 21 mai 2021
Lieu de mémoire en lien :
 Stèle de la tragédie du 21 mai 1944

Stèle de la tragédie du 21 mai 1944

Détail

La stèle e souvenir de la rafle des 19,20 et 21 mai 1941 sur le territoire de la commune

Lieu : Ballaison