Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Roger Loria, l’autre rescapé de la rafle des Marquisats

Roger Loria a pris la parole devant la plaque commémorative de la rafle, posée sur la devanture de l’hôtel des Marquisats.

Il a 83 ans et se dit « chanceux ». Roger Loria fait partie des rescapés de la rafle de l’hôtel des Marquisats, le 16 novembre 1943. Il a assisté à la cérémonie des 80 ans de cette rafle, ce dimanche 19 novembre. Portrait d’un homme qui a fait honneur à la vie.

La belle histoire. Roger Loria a été retrouvé récemment par Michel Odesser, historien local et membre des Amis du vieil Annecy. Pendant 80 ans, personne n’avait retrouvé sa trace. Les deux hommes sont rentrés en contact au mois de mars 2023.

Jusqu’à cette date, le vieil homme de 83 ans n’avait que des flash-back de ce jour maudit pour la ville d’Annecy : la rafle de 20 personnes dont cinq enfants par la Gestapo à l’hôtel des Marquisats, le 16 novembre 1943. « Il me manquait l’ordre des événements, je n’avais que 3 ans à peine, mais je me souviens encore de ces Allemands arrivés en voiture et de leurs uniformes », détaille dans un français presque parfait le survivant, qui a vécu une grande partie de sa vie aux États-Unis. Roger Loria a donc pu assister pour la première fois à une cérémonie d’hommage de cette rafle, 80 ans après, ce dimanche 19 novembre. Cette année, Samuel Pintel, rescapé des nazis lui aussi et habitué de l’hommage aux tués des Marquisats, n’a pas pu y assister pour raison de santé.

Plus de 50 brevets à son actif

« J’ai dû guider ma mère qui n’avait pas ses lunettes en lui disant si je voyais un Allemand ou pas, se rappelle-t-il pour l’anecdote ce jour-là. Un homme en bleu de travail nous a indiqué Annecy par un chemin de montagne et nous avons pu gagner la ville. » Marguerite Loria a prévenu 21 personnes de cette rafle. Elle leur a sauvé la vie. C’est grâce à l’historien local, Michel Odesser, qu’il a donc pu remettre ses souvenirs en place.

« On s’est connu grâce aux Amis du vieux Montmélian (NDLR : où il est passé pendant la guerre avant d’arriver aux Marquisats). Il avait pris contact avec eux sur les réseaux sociaux. Il ne se souvenait que du mot “Marquisat”. C’est le président de cette association qui a fait le lien entre les Marquisats et Annecy », révèle Michel Odesser, qui a sorti un document retraçant cette rafle.

Après la guerre, le survivant Roger Loria a trouvé refuge avec sa mère dans le tout jeune État d’Israël, en 1949. Il a ensuite orienté ses études vers la recherche scientifique : « Je voulais être chercheur en biologie pour trouver des solutions. Je sais comment les trouver naturellement », explique le survivant. Il a été pendant 41 ans virologiste et immunologiste aux États-Unis, l’endroit où il a obtenu son doctorat et s’est établi. Rattaché à l’université de Boston puis de Richmond (en Virginie), il a participé à la dépose d’une cinquantaine de brevets médicaux.

« J’ai développé un produit qui répare le système immunitaire détruit à cause des irradiations. Mais il n’a jamais pu être commercialisé, car la procédure de mise sur le marché coûtait trop cher, raconte-t-il. Ce produit servait à ceux qui étaient soignés pour le cancer dont le système immunitaire était détruit par la chimiothérapie et la radiothérapie. On pouvait le rétablir alors qu’il avait été détruit à 90 % et continuer le traitement pour le cancer. »

Il a également travaillé sur la technique qui consiste à « grossir un virus pour en faire un vaccin ». Bref, c’est un scientifique éminent du département de médecine de l’université de Virginie Commonwealth, qui a su faire honneur à la vie.

Samy Benattia, 19 nov. 2023
Lieu de mémoire en lien :
 Stèle de la rafle de l'hôtel des Marquisats

Stèle de la rafle de l'hôtel des Marquisats

Détail

En raison des lois raciales, le régime de Vichy avait imposé ce comme résidence forcée à des familles juives le 16 novembre 1943, 20 personnes dont 5 enfants étaient arrétées par l'occupant Allemand et déportées dans les camps d'extermination nazi

Lieu : Annecy