Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Rencontre avec le “Crétin des Alpes” : « Je suis un chanceux ! »

Georges Crétin est une personne engagée et entière. Il est membre de nombreuses associations : « Quand je fais partie de quelque chose, j’essaie de participer et de mettre mes petites qualités au service de la cause », sourit-il. Photo Le DL/N.S.

Cet été, nous vous faisons découvrir des Clusiens qui se sont engagés pour leur commune, à travers des portraits de personnes qui, dans l’ombre ou la pénombre, ont eu des parcours atypiques ou engagés, mais en tout cas remarquables. Habitants de la vallée, Clusiens de toujours ou expatriés, ils ont contribué à leur échelle au rayonnement de la ville.

Il se présente souvent avec malice comme le “Crétin des Alpes”, histoire de couper l’herbe à tous ceux qui voudraient rire de son patronyme. Mais en réalité, Georges Crétin est un homme plein d’humour, optimiste et qui a conservé son franc-parler. « Je suis convaincu que, malgré mon patronyme, je suis un chanceux ! », assure-t-il.

Né à Lyon, dans le 3e  arrondissement, un 23 novembre 1941, il a vécu une enfance heureuse à Thizy dans le Rhône (69), élevé par ses grands-parents avec son frère, de quatre ans son aîné. C’est alors une vie simple à la campagne : ils se nourrissaient des légumes du jardin et du lait de la ferme. Le couple forme une figure parentale stable, à laquelle le jeune Georges est très attaché. Son grand-père Gabriel travaillait dans une usine de tissage, et à ses heures perdues, il aimait lire et faire des mots croisés. Sa grand-mère, Marie-Antoinette, très pieuse, rêve qu’un de ses petits-fils devienne prêtre : « Entre mon frère et moi, elle a choisi le meilleur », sourit Georges. Il suit donc les classes au petit séminaire Saint-Gildas à Charlieu, dans la Loire. Il en garde un bon souvenir et fait toujours partie de l’Union Gildarienne.

Avoir été élevé par ses grands-parents, puis être entré au pensionnat, lui a très tôt appris à ne compter que sur lui-même, à être débrouillard : « Je suis mon meilleur ami. Il faut d’abord se botter les fesses soi-même avant d’aller chercher de l’aide auprès des autres », partage-t-il.

Au décès de sa grand-mère en 1955, il est contraint de rejoindre son père André, qui vient de rencontrer Hélène Puthod et s’installer à Cluses. Il intègre le collège de Bonneville, là encore en tant que pensionnaire. « J’ai véritablement fait la connaissance de mon père quand je suis venu à Cluses », confie-t-il.

Hélène Puthod, sa mère spirituelle

Dans sa vie, plusieurs femmes ont eu un rôle important, elles l’ont guidé et inspiré : sa grand-mère tout d’abord, Hélène Puthod ensuite, infirmière, diplômée de la Croix Rouge, Résistante et héroïne à Cluses. Il la considère comme sa mère spirituelle. Elle a contribué à son éducation, lui a transmis sa vision du monde, ses valeurs. De plus, en tant que dirigeante de l’entreprise Le comptoir industriel du Faucigny, elle force le respect. « Elle était un peu la suite logique de ma grand-mère. Elle m’a fait découvrir un monde industriel alors que je venais du monde du tissage, de la confection », se souvient-il. Enfin, sa femme Nanie, qu’il épouse en 1964 et ses filles et petites filles à qui il voue une admiration sans borne.

Élève turbulent, quoique studieux (il obtient son Brevet des collèges, option latin et grec), il est sommé par son père de passer le concours de l’École nationale d’horlogerie (ENH) qu’il réussit haut la main, et en 1961 il sera diplômé du Brevet de mécanique de précision.

Une carrière comme responsable et cadre en métallurgie

Entrer à l’ENH, c’était pénétrer dans un nouvel univers, celui d’Hélène Puthod. « Je n’aurais jamais dû aller à l’ENH, un lycée technique. Je suis plus intello que manuel. Mais je ne regrette rien car ça m’a aidé à me faire accepter des habitants.  » En novembre 1961, alors qu’il n’a pas 20 ans, il doit rejoindre le centre d’instruction des troupes de marine (CITDM) d’Alger et y faire ses classes. Il y restera 18 mois et terminera sous-officier.

De retour à Cluses en 1963, il travaille dans des sociétés de décolletage locales, comme Somfy ou Comehor. Très vite, il quitte l’atelier et devient responsable. En 1973, il rejoint Le comptoir industriel du Faucigny et y travaille pendant deux ans. À la retraite d’Hélène Puthod, l’entreprise est rachetée par le groupe Sacilor-Ascometal. Il restera à des postes clés le reste de sa carrière en tant que cadre supérieur dans la branche métallurgie. Il prend sa retraite en 2001.

Citoyen d’honneur de la ville de Cluses

Aujourd’hui, Georges Crétin est président de l’Union nationale des combattants (UNC-74) de Cluses. La guerre d’Algérie est un événement qui a profondément marqué la vie de Georges Crétin. Une fois rentré, il a dû se défaire du conditionnement qu’il avait subi là-bas, qui était désormais obsolète : « C’est très rare et difficile de se révolter contre cette autorité. Je m’en suis remis, mais certains ne s’en sont pas remis », avoue-t-il. Si chaque guerre est différente, celle-ci n’était ni une guerre de tranchée ni de position : « On ne savait pas où était l’ennemi. Il fallait le chercher. On faisait des patrouilles de nuit pour coincer les Fellagas qui rentraient au village. Le silence en Algérie est plein de bruits », raconte-t-il.

Aujourd’hui, Georges Crétin est président de l’Union nationale des combattants (UNC) de Cluses. Photo Le DL/N.S.

Il a rapidement rejoint Henri Méruz, président et fondateur en 1968 de la section clusienne de l’Union départementale des combattants d’Afrique du nord (UDCAFN). Il y devint d’ailleurs secrétaire puis trésorier. « Il est important de se rappeler ceux qui se sont battus et qui ont parfois perdu la vie pour que nous soyons là et sous un régime démocratique.  » Tout le monde peut adhérer à l’UNC-74 en tant que membre associé, dans la mesure où sont défendues les valeurs communes de respect de la patrie, de la République et du drapeau

Nathalie Sarfati, 23 juil. 2024