Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Marnaz : les CM2 ont travaillé pour ne pas oublier les résistants Hélène-Louise Puthod et Roger Bouverat

Hélène-Louise Puthod, native de Marnaz, n’a pas hésité à voler un mécanisme d’horlogerie d’un V1 allemand lors de la Seconde Guerre mondiale. Photo Archives de Cluses — De droite à gauche, Roger Bouverat est le deuxième accroupi. Photo Archives Marignier Sports

Les CM2 d’Élisa Tinel et de Laurent Beynet ont participé au projet “En-quête de mémoire” en travaillant sur les résistants Hélène-Louise Puthod et Roger Bouverat. La commémoration de la Libération de la commune, ce jeudi 18 août, est l’opportunité de valoriser ce travail de recherche.

À l’occasion du projet “En-quête de mémoire” piloté par la Fédération des œuvres laïques de Haute-Savoie et la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN 74), les classes de CM2 d’Élisa Tinel et de Laurent Beynet ont mis en lumière l’action de deux résistants natifs de la commune pendant la Seconde Guerre mondiale, Hélène-Louise Puthod et Roger Bouverat.

Le projet “En-quête de mémoire” a pour de point de départ une enquête menée par des élèves sur un élément local en lien avec la Seconde Guerre mondiale. Sept classes dans le département, issues des écoles de Marnaz, Mont-Saxonnex, Monnetier-Mornex et Gaillard, ont participé à l’édition 2022. À Marnaz, les élèves ont travaillé sur des enfants de la commune qui se sont distingués pendant le conflit.

Hélène-Louise Puthod pouvait être prédestinée à un engagement au cours de la Seconde Guerre mondiale en étant née un 18 août, celui de 1913, à Marnaz.

Lorsqu’elle avait 13 ans, sa famille a déménagé à Cluses. Tout en aidant dans l’entreprise familiale clusienne “La Bonneville”, fournisseur de métaux pour les activités d’horlogerie et de décolletage, elle a suivi des études d’infirmière. Lorsque la guerre a éclaté, elle avait 26 ans. Diplômée début 1943, elle a ensuite porté l’uniforme d’infirmière de la Croix-Rouge Française et exercé à Cluses.

Plusieurs faits d’armes pour l’infirmière de la Croix-Rouge, membre de l’Armée Secrète et du groupe F.F.I. du docteur Picaud

Différentes coupures de presse ont permis aux élèves d’apprendre que cette membre de l’Armée Secrète et du groupe Forces Françaises de l’intérieur du docteur Picaud, service santé, devait “secourir, soigner et nourrir les prisonniers civils français de la Gestapo et de la police de Cluses, deux fois par jour, favorisant ainsi clandestinement les communications entre les détenus, leurs familles et les organismes de la Résistance auxquels ils appartenaient”.

Elle a également soigné des blessés français et allemands, notamment lors des batailles de Cluses et de Scionzier.

La jeune résistante a été faite prisonnière la veille de la Libération de Cluses et s’est échappée le jour de ses 31 ans.

De nombreuses récompenses attribuées

Outre ses fonctions d’infirmière, d’agent de liaison et d’agent de renseignement, Hélène-Louise Puthod a volé un mécanisme d’horlogerie d’un V1 allemand, missile utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, stationnant sur le quai de la gare de Cluses.

Le grade de sous-lieutenant lui a été attribué et elle a été récompensée par six décorations, la Croix de guerre 39-45 avec palme, la médaille de la Résistance, la Croix du combattant et la médaille commémorative 39-45 France Libération. Elle a également reçu la Médaille militaire, la Croix de chevalier dans l’ordre national du mérite ainsi que la Médaille vermeil de la Croix-Rouge.

Après la guerre, de retour à la vie civile, sur le même site que l’entreprise paternelle, elle a été présidente directrice générale du “Comptoir industriel du Faucigny”, commercialisant des tours à métaux et du matériel de décolletage.

À l’occasion du travail réalisé par la classe d’Elisa Tinel, la famille de la résistante a fait don de nombreux documents originaux, qui ont été remis aux archives de Cluses. Ces documents, qui sont aujourd’hui de précieux témoignages historiques de ce qu’était la vie de personnes engagées pour la Liberté de la France, montrent aussi toute la force de caractère d’Hélène-Louise Puthod, ses choix et sa détermination à s’engager pour les autres.

ROGER BOUVERAT, MORT EN DÉPORTATION

Roger Omer Bouverat est né à Marnaz le 28 février 1920 et est mort le 4 avril 1945 à Leitmeritz, ville située en Allemagne à l’époque de la Seconde Guerre mondiale et aujourd’hui appartenant à la République Tchèque.

Après avoir effectué sa scolarité à l’école communale, Roger Bouverat a travaillé à l’usine du Giffre. Durant la Seconde Guerre mondiale, il a été résistant et membre de l’Armée Secrète.

Deux photos retrouvées qui vont documenter aussi le fonds d’archives du ministère de la Défense

Le 1er  avril 1944, il a été arrêté au cours d’une rafle sur son lieu de travail alors que la Gestapo recherchait Henri Plantaz, chef du réseau local de la Résistance. Après avoir été détenu à Annecy et dans le camp de transit de Compiègne, il a été déporté le 12 mai 1944 au camp de concentration de Flossenburg puis à celui de Leitmeritz. Comme 12 autres de ses camarades victimes de cette rafle, il n’est pas revenu.

Il a été reconnu Mort pour le France en 1954 au titre de déporté résistant. Il a reçu à titre posthume la médaille de la Résistance française.

Le travail des élèves de Laurent Beynet a permis de documenter le fonds d’archives du ministère de la Défense car les enfants et leur enseignant ont réussi à retrouver une photo de classe de 1930 sur laquelle Roger Bouverat apparaît. Ils ont aussi découvert une photo de la saison 1941-1942, dans la plaquette publiée à l’occasion des 90 ans du club de football de Marignier, où Roger Bouverat est présent en tant que joueur. Ce dernier vivait à cette époque dans la commune.

Son nom pourrait être gravé sur le monument aux Morts

Grâce à ce projet, les deux classes ont pu découvrir le Mémorial du Giffre et quelques élèves ont participé à la cérémonie commémorative en avril dernier.

Après la découverte de ce travail par Chantal Vannson, maire, cette dernière a affirmé sa volonté de conserver cette mémoire en étudiant les conditions selon lesquelles son nom pourrait être rajouté sur le monument aux Morts de la commune.

Isabelle CORBEX, 15 août 2022
Lieu de mémoire en lien :
 Mémorial des déportés du Giffre

Mémorial des déportés du Giffre

Détail

Le mémorial des déportés du Giffre réalisé par Fernand Deschamps rend hommage aux trente personnes qui ont été arrêtées le 1er avril 1944 à l’usine du Giffre puis déportées dans les camps de Buchenwald.

Lieu : Marignier