Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Les deux derniers Français libres de Haute-Savoie présents au 8-Mai

Jean Gilbert et Enzo Bonopera

Au cours des cérémonies organisées pour le 77e anniversaire du 8 mai 1945, seront tout particulièrement évoqués les combats de Bir Hakeim dont on célèbre cette année les 80 ans. Enzo Bonopera et Jean Gilbert, derniers Français libres du département déposeront une gerbe, place du Souvenir, à Annecy. 

Deux anciens combattants vont participer aux prochaines cérémonies du 8 mai 1945. Ils sont les deux derniers Français libres du département. Ils avaient rejoint le général de Gaulle entre juillet 1940 et juillet 1943.

Enzo Bonopera a participé à la prise du Nid d’Aigle de Hitler à Berchtesgaden

Enzo Bonopera est né le 29 octobre 1926 à Fabriano (Italie).

Un jour, depuis la Grande-Bretagne, il entend parler à la radio des combats de Bir Hakeim (*). À 15 ans et demi, il décide, le 16 août 1942, de rejoindre la France libre.

En raison de son âge, il est envoyé à l’école des Cadets. Sa promotion baptisée en juin 1944, “18 juin”, comprend 150 élèves officiers. Il est nommé sergent et affecté au régiment de marche du Tchad de la deuxième division blindée du général Leclerc, comme chef de groupe motocycliste à l’état-major du groupement tactique du colonel Dio. Après avoir rejoint le sol de France à Utah Beach le 1er août, il participe aux combats de Carrouges, Falaise, Alençon, Paris et Strasbourg, atteint le 23 novembre 1944. En janvier, ce sont les combats dans la région de Bitche en renforcement des Américains, en février la réduction des poches allemandes de Royan et La Rochelle et enfin, en avril, la prise du Nid d’Aigle de Hitler à Berchtesgaden.

Démobilisé en novembre 1945, il reprend du service en juillet 1947 au 3e régiment d’infanterie coloniale à Paris. Après un séjour à Bouar (Centre Afrique) de 1948 à 1950, il rejoint l’Indochine en avril 1952. Sergent-chef, chef de section à la 9e compagnie du 3e bataillon du 3e régiment de tirailleurs algériens, il participe aux opérations en Cochinchine, Cambodge, Annam et Tonkin. En novembre 1953, son bataillon est à Dien Bien Phu. Fait prisonnier le 7 mai 1954, il est libéré le 1er septembre 1954. En mai 1958, il est désigné pour servir en Guinée, puis en Mauritanie. À son retour en France en janvier 1961, il fait valoir ses droits à la retraite avec le grade d’adjudant-chef. Il continue à témoigner dans les établissements scolaires.

Jean Gilbert apprend qu’il a été porté “mort pour la France”

Jean Gilbert est né le 14 mars 1925 à Cruseilles. Fin juin 1940, un oncle lui fait part de l’appel du général de Gaulle.

Sa décision est prise : il rejoindra les Forces françaises libres. Ayant trouvé une filière pour passer en Espagne, avec un ami, il décide de partir en janvier 1943. Le train pour Perpignan et le 19 janvier le passage en Espagne par des chemins enneigés.

Arrêtés par la Guardia Civil, ils sont emmenés à Figueras. Après plus de 5 mois dans les prisons espagnoles où il fête ses 18 ans, il arrive enfin à Gibraltar le 14 juillet 1943 et signe son engagement dans les Forces françaises libres. Il rejoint le 1er régiment d’artillerie de la 1re division française libre. Il est affecté dans une équipe avancée chargée d’établir les communications avec l’infanterie. Le 26 avril 1944, la division débarque à Naples et rejoint les forces du général Juin. Le 10 juin, Jean Gilbert saute sur une mine. Il est grièvement blessé à la jambe droite et hospitalisé à Naples. Apprenant que la division doit quitter l’Italie pour un débarquement en France, il quitte l’hôpital sans autorisation et rejoint son unité. Le 16 août, il débarque à Cavalaire. Commence la chevauchée par la rive ouest du Rhône, Lyon, la Haute-Saône et l’Alsace. Le 7 janvier 1945, son équipe est à Obenheim en Alsace.

Le 10 janvier 1945 soir, il est fait prisonnier. Il est interné dans un stalag près de Nuremberg. Le 15 avril, devant l’avance des Alliés, les prisonniers sont évacués à pied vers le réduit bavarois. C’est au cours de cette marche que Jean Gilbert et trois de ses camarades décident de s’évader. Le 20 avril, ils réussissent à traverser les lignes allemandes et rencontrent les Américains. Le 27 avril, il part pour Nice et, à son arrivée, il se présente au PC de son régiment. C’est là qu’il découvre qu’il a été porté “mort pour la France”.

Il part en permission à Cruseilles où il apprend le 8 mai la capitulation allemande. Après la guerre, il a dirigé une entreprise de transport. L’âge de la retraite venu, il expliquera aux collégiens et lycéens, dans le cadre du concours de la Résistance et de la Déportation, le sens de son engagement.

(*) La bataille de Bir Hakeim, du nom d’un point d’eau désaffecté au milieu du désert de Libye, au sud de Tobrouk, est une bataille de la Seconde Guerre mondiale, qui se déroule du 27 mai 1942 au 11 juin 1942 durant la guerre du désert.

Colette LANIER, 07 mai 2022