Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Inauguration de la stèle en l'honneur du maquis de Loëx et des jeunes de Taninges engagés pour la libération

Inauguration de la stèle en l'honneur du maquis de Loëx et des jeunes de Taninges engagés pour la libération

Inauguration de la stèle en l'honneur du maquis de Loëx et des jeunes de Taninges engagés pour la libération

Extrait des propos de Jean Corbex:

Plusieurs jeunes de la commune menacés par la “Relève” ou par le “S.T.O.” et décidés à s’y soustraire se sont réunis à cet effet dès le mois de septembre 1942. Ont notamment participé à ces rencontres préparatoires, en des lieux tenus secrets (la salle du patronnage dans l'église Saint Jean-Baptiste), Auguste Chardon, Michel Fogliani, Paul Perrier, Marcel Rouge, Maurice Rouge, Arthémide Ruffin, Jean Corbex et d’autres camarades de Taninges.

Au cours de ces rencontres ils ont décidé, pour échapper et s'opposer aux menaces dont ils étaient l’objet, de prendre ensemble, dans un complet accord, le chemin concret du “maquis”. Pour sa localisation, le choix s’était assez vite porté sur la montagne de Loëx qui offrait, en cas de danger extrême, la possibilité d’un repli vers les montagnes suisses voisines.

Telle est tout simplement l’origine, de nature essentiellement collective, du “Maquis de Loëx”. Mais, avant de gagner ce nouveau lieu de vie qui les attendait, il fallut s'y préparer après avoir mis dans la confidence leurs parents et différents autres acteurs (membres civils ou militaires réservistes de réseau de résistance, agriculteurs, boulangers, bouchers, épiciers, etc…) pour permettre la vie du camp.

La sécurité et les conditions de ravitaillement du camp exigeaient évidemment d’attendre la fonte des neiges en montagne; le début du mois de mars s’y prêtant, ils ont donc été les premiers (sauf Paul Perrier, cultivateur, dont le père avait secrètement accepté qu'ils occupent son chalet des “Lignières”) à monter au camp le 12 mars 1943.

L’arrivée, dans les jours qui suivirent, de nouveaux camarades venus de Taninges, d’autres endroits de Haute-Savoie, des départements du Nord, de la Haute-Saône et du Var a permis, entre autres, d’améliorer beaucoup le déroulement des gardes et des corvées de ravitaillement.

Cependant, bien vite, la capacité d’accueil du chalet des “Lignères” s’avéra insuffisante pour recevoir davantage d’arrivants. C’est pourquoi, après le 5 avril, le camp s’est déplacé vers “Les Pesses”, lieu qui, tout en se révélant d’accès malaisé pour des attaquants, permettait d’autre part un repli plus facile dans le massif de la montagne de Loëx. Dès lors, avec l’arrivée de jeunes camarades issus du Territoire de Belfort (Maurice Lévy et André Lévy), des départements de la Haute-Saône et du Rhône, les effectifs du camp atteignirent rapidement plus de quarante membres. Face à cette situation, étant dépourvu de toute formation militaire, Jean Corbex a alors obtenu d’être remplacé à la tête du camp par un militaire résistant de l’armée de l’air, d’origine bretonne, le sous-lieutenant Guillien.

Au mois de mai, à la suite d’événements survenus au camp de triage de Sommand, le Camp de Sommand fut brutalement dissous sans la moindre explication par les responsables du secteur; il fallut donc à la hâte, trouver des gîtes d’accueil, principalement chez des cultivateurs, pour ses membres qui n’étaient pas originaires de Taninges.

Mais le camp ne tarda pas à renaître peu de temps après avec l’arrivée inattendue de membres du maquis du Reposoir qui, au cours d’un accrochage avec l’armée italienne, avait tué l’un de ses lieutenants et ne pouvait donc plus rester sur les lieux. Ce groupe, sous la direction de son chef Jean Pasquier, communément appelé “Jean-Jean”, continua à se développer aussitôt avec l’arrivée de nouveaux jeunes. Obligé, pendant l’hiver de 1943 à 1944, de se replier provisoirement au hameau de “Vers Château”, au-dessus de “L’Étroit Denté” qui sépare Taninges de Mieussy, il regagna son site des Pesses dès le début du printemps 1944.

Puis, du 14 au 18 août 1944, l’ensemble du maquis de Loëx a participé aux combats de la libération de Cluses avec l’apport notable de jeunes garçons de Taninges nés en 1924; c’est au cours de ces combats que l’un de ceux-ci, François Grange, a été blessé par un éclat d’obus.

Quelques jours plus tard, regroupés avec les membres d’autres maquis de la Haute-Savoie, la plupart de ceux du maquis de Loëx ont gagné la moyenne vallée de l’Isère, à Saint-Pierre-d’Albigny, pour intercepter l’une des dernières colonnes de l’armée allemande qui tentaient de gagner l’Italie par les cols de Savoie. C’est là, aux côtés de son frère André Gerdil, de Paul Gerdil (présent à cette inauguration) et de Georges Corbex, que Maurice Lévy a été grièvement blessé par des balles qui ont passé tout près de son cœur et de sa colonne vertébrale!

Enfin, à la suite d’un engagement de trois mois accordé exceptionnellement par le général De Lattre de Tassigny aux maquisards de la région des Alpes, plusieurs de ceux du camp de maquis de Loëx ont achevé sur les sommets de Tarentaise, en décembre 1944, leurs combats contre les troupes allemandes.

Lieu de mémoire en lien :
 Stèle de Loëx

Stèle de Loëx

Détail

Stèle en l'honneur du maquis de Loëx et des jeunes de Taninges engagés pour la libération. Stèle en l'honneur du maquis de Loëx et des jeunes de Taninges engagés pour la libération . Le 12 mars 1943, de jeunes maquisards fuyant le S.T.O se sont installés à Loëx. Un choix judicieux basé sur la localisation d’un lieu qui offrait la possibilité de se replier vers les montagnes suisses en cas de danger et qui constituait le premier maquis structuré de Taninges.

Lieu : Taninges