Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Exposition "Résistantes ! France 1940-1944" au musée de l'Ordre de la Libération

Exposition

À l’occasion du 80e  anniversaire du droit de vote des femmes, instauré par l’ordonnance du 21 avril 1944, le musée de l’Ordre de la Libération consacre une exposition aux femmes en Résistance. Au-delà des panthéonisations récentes de Germaine Tillion, Geneviève Anthonioz-de-Gaulle ou encore Joséphine Baker, l’engagement des femmes dans la Résistance en France mais aussi à Londres mérite d’être mis en lumière.

Du 13 juin au 13 octobre 2024, musée de l'Ordre de la libération, Paris

Il y a 80 ans, les Françaises devenaient électrices et éligibles « dans les mêmes conditions que les hommes ». Cette entrée de plain-pied dans la citoyenneté par une ordonnance signée du général de Gaulle était alors présentée comme une reconnaissance officielle du rôle majeur joué par les femmes dans la Résistance.

Quatre-vingts ans plus tard, les noms et les itinéraires de certaines d’entre elles, parfois consacrées par leur entrée au Panthéon, sont bien connus. Mais, au-delà de ces figures exceptionnelles, comment rendre visible une activité résistante féminine qui s’effectue le plus souvent dans l’ombre des combattants de l’ombre ? Une action éloignée de la sphère du combat armé, largement inscrite dans le quotidien et dans le cadre du foyer, et qui laisse par nature très peu - moins encore que pour les hommes- de traces matérielles ?

C’est ce que l’exposition « Résistantes ! France 1940-1944 » s’efforce de montrer, à travers des exemples incarnés, en partant de la position occupée par les femmes dans la société et en interrogeant les cercles de sociabilité qui sont les leurs. Ce faisant elle dévoile un engagement spontané, le plus souvent précoce et ancré dans le quotidien et l’ordinaire des femmes, mais qui emprunte parfois la voie de la rupture. Cet engagement multiforme, mené en toute indépendance ou au sein de la famille, est, à l’égal de celui des hommes, éminemment risqué.

Une riche collection

Plus de 150 objets, documents, faux-papiers, lettres – dont celle écrite par Geneviève Anthonioz-de-Gaulle à son oncle – vêtements, armes, objets personnels, dispositifs clandestins, mais aussi souvenirs de déportation et témoignages vidéo illustrent l’engagement de plus de 50 femmes, dont 16 sont particulièrement mises en lumière.

Le foyer familial, témoin de la position qu’occupent les femmes dans la société, en tant que « gardiennes du foyer », est le lieu d’une première forme de résistance. Dans un contexte d’occupation, ce foyer devient refuge, mais aussi lieu de réunion, de cache et même centre logistique pour initier un combat auquel les femmes participent dès le départ, ne serait-ce qu’en ouvrant les portes de leur maison.

La diversité de condition, d’âge, ou encore de milieux d’appartenance de cette population résistante féminine signale en creux la pluralité des motivations comme des creusets de l’engagement. Parmi les cercles qui ont favorisé la mobilisation des femmes dans la Résistance, se trouvent notamment les milieux militant, étudiant, professionnel, ou encore confessionnel. Outre les sociabilités, les typologies d’actions sont elles aussi nombreuses. Toutes imposent de franchir des lignes et d’abord celles du genre, qu’il s’agisse de la part prise au sauvetage des juifs, du service de la France libre ou dans les réseaux, jusqu’à la participation à la lutte armée.

Dans cette double transgression qu’elles opèrent, à la fois contre l’ordre allemand et celui de Vichy mais aussi contre l’ordre social des sexes, les femmes sont pleinement conscientes des risques qu’elles prennent. « Les joueuses d’un terrible jeu », comme les appelait André Malraux, sont frappées par la répression (internement, déportation, exécution), selon des modalités qui ne sont pas indifférentes au genre. Érigées en icones d’un sacrifice consenti pour la France, elles deviennent, il y a 80 ans cette année, citoyennes à l’égal des hommes. Le droit de vote pour toutes consacre un engagement résistant féminin qui, à l’égal de celui des hommes, a été le fait d’une minorité.