Lettre n°105
8 et 9 mai 2025 : le défi commémoratif à relever

La France célèbre aujourd’hui le jour anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle son peuple a combattu, avec ses alliés, pour refuser la domination d’un régime cruel et totalitaire. Cette guerre a été fratricide pour l’Europe. Elle a accumulé les victimes et les ruines. L’aspiration commune de nos opinions est qu’elle soit la dernière de celles qui ont ensanglanté, depuis longtemps et en vain, le sol de notre continent.

Ce qui jadis était un espoir est devenu, enfin, depuis le début de l’organisation de l’Europe, une certitude. C’est pour marquer cette certitude et faire apparaître notre volonté d’organiser en commun notre avenir pacifique que j’ai décidé, avec le gouvernement français, de ne plus commémorer désormais cet anniversaire ».

Cette décision impactait deux journées commémoratives.

La première, le 8 mai, est celle de la victoire sur le nazisme, la capitulation des armées allemandes s’étant déroulée en deux temps : à Reims le 7 mai à 2h41 et à Berlin le 8 mai à 22h43, soit le 9 mai à 00h43, heure de Moscou.

Ces deux temps ont donné naissance à deux dates commémoratives : le 8 mai en Europe de l’Ouest, et le 9 mai en Russie et dans l’ex-espace soviétique.

La seconde est celle du 9 mai, journée commémorative de l’Europe, rendant hommage à la déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950, qui marque symboliquement la création de l’Union Européenne.

La décision du Président Giscard d’Estaing hiérarchise les deux journées : le 9 mai, où il invite à l’Elysée les responsables européens, est supérieur au 8 mai dont on abandonne la commémoration. L’ensemble des associations d’anciens combattants, relayées par de nombreux parlementaires vont s’opposer à cette décision, ce qui aura pour conséquence d’imposer un retour surdimensionné au 8 mai. En 1981, il devient journée fériée, ce qu’il n’était pas en 1975 tandis que le 9 mai dont la journée reste secondaire se trouve marginalisé.

2025 marquera les deux anniversaires : le 80^e anniversaire du 8 mai, anniversaire important car il rassemblera les derniers témoins qui, dans les communes de France, ont participé aux moments festifs de la Victoire mais aussi à l’émotion du retour des déportés, prisonniers de guerre, requis du S.T.O. et incorporés de force alsaciens-mosellans et le 35^e anniversaire du 9 mai, anniversaire marginal que le contexte politique devrait pourtant placer au premier plan.

Qu’en est-il en effet de ce contexte ?

Le 8 mai 2025 - la France est confrontée à des relations mémorielles très conflictuelles avec l’Algérie. Tout porte à croire que le gouvernement algérien va placer sous les projecteurs de l’actualité les événements de Sétif. Rappelons-nous la révolte conduite par le parti indépendantiste (Parti du peuple algérien - PPA), les premiers massacres d’Européens suivis d’une répression conduite par les armées françaises. Le nombre des morts sera amplifié et l’histoire de l’insurrection déformée, la France coloniale sera mise au pilori par de nombreux médias.

Le 9 mai 2025 – L’Europe est confrontée aux cérémonies organisées à Moscou par Vladimir Poutine. Attendons-nous à un défilé militaire exceptionnel qui mettra en valeur des troupes russes de retour du front ukrainien, l’ambition d’une victoire russe et d’une marginalisation de l’Union Européenne.

Face à cette situation, il nous appartient de relever le défi commémoratif en intégrant ces deux journées. Le 8 mai doit s’imposer comme la grande journée pédagogique dont la France a besoin. Notre pays a été au rendez-vous de l’Histoire universelle en particulier grâce au Général de Gaulle. Il est essentiel de le rappeler dans tous les établissements scolaires de France.

Quant au 9 mai, il doit devenir la grande journée du rassemblement des Européens. La journée où chaque nation s’approprie les pages lumineuses de notre histoire partagée.

Le 8 et 9 mai 2025, nous devons relever le défi commémoratif en rappelant que la communauté européenne s’est construite sur la défaite du nazisme, et sur la volonté de quelques pionniers.

Photo : Musée de la Reddition à Reim. "Signature de la capitulation allemande le 7 mai 1945 à Reim" — Lucien JONAS.

Les lettres du Souvenir