Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Moënne-Loccoz Joseph TimothéeMort pour la France

Né le 10 mars 1900, à Brizon (Haute-Savoie). Il est marié et père de quatre enfants (les deux aînés vont également faire partie de la Résistance). Il entre dans la Résistance dès 1942 et fait partie du réseau Brutus, où il est P2 : membre permanent de la Résistance.
Moënne-Loccoz Joseph Timothée

Moënne-Loccoz Joseph Timothée

Résistant, déporté — Mort en déportation

Né(e)10 mars 1900, à Brizon (74)
Décèdé(e) janvier 1945 à BuchenWald
Maquis : A.S. du secteur d’Annecy / Le Coq Enchaîné / Camp de Manigod / Réseau Brutus /
R.F.I : Armée secrète / Noyautage des Administrations Publiques /

Biographie

Il est contrôleur aux P.T.T. à Annecy et membre du mouvement « Le Coq Enchaîné» et du N.A.P. (Noyautage des Administrations Publiques). Au mois de juin 1943, il a quelques démêlées avec les troupes italiennes. Arrêté, il est interné à la caserne de Galbert où il est sérieusement malmené. Relâché, il accroît son activité de résistant. Il prend contact avec Richard Andrès et distribue des tracts et le journal clandestin Le Coq enchaîné.

À la poste d'Annecy, il est préposé au tri du courrier et travaille pour la Résistance. De plus, il fait obtenir une boîte aux lettres sous le n°73 au camp de Manigod et il achemine la correspondance avec le maximum de régularité. Il procure de fausses cartes d'identité pour les jeunes qui veulent se soustraire au S.T.O.

Mais il était étroitement surveillé par les miliciens d'Annecy.

Le 13 mars 1944, lors de la rafle organisée par la Milice à Annecy, des francs gardes l'arrêtent alors qu'il se rend à son travail. Il est détenu deux jours sur le bateau « France », puis au Palais de l'Isle et à l'Intendance à Annecy.

« Moënne-Loccoz très connu à Annecy ne s'est pas départi un instant de son bon sourire sympathique. Il avait toujours confiance… À l'Intendance, il fut interrogé et brutalisé par les inspecteurs de la S.A.C. de sinistre mémoire. Il ne voulut pas parler. Les coups se multiplièrent alors et Joseph Moënne-Loccoz ne put bientôt plus se tenir debout… » (Journal Libération de novembre 1945).

Il est ensuite dirigé, le 25 avril 1944, sur la prison Saint-Paul à Lyon, (le registre d'écrou note son entrée le 26 avril 1944), « où la nourriture insuffisante n'était pas faite pour rétablir sa santé. Malgré cela et malgré une vermine infecte qui ne lui laissait point de répit, son moral demeura excellent. ».

Le 29 juin 1944, il est déporté au camp de concentration bavarois de Dachau (matricule n°76 218) où il arrive le 2 juillet 1944, et envoyé travailler au Kommando Weissensee (Tyrol). Transféré à nouveau, avec l'arrivée de la neige le 13 décembre, au camp de Buchenwald. Il reste en quarantaine dans ce camp, puis en août il est envoyé dans le kommando de Weissensee, à côté de Salzburg, dans le Tyrol autrichien, à plus de deux mille mètres d'altitude. Il est affecté au Kommando d'Ohrdruf SIII.

Début décembre, il est à nouveau envoyé à Dachau. Le 12 décembre 1944 il part de Dachau et il arrive à Buchenwald le 13 décembre. Il a le matricule 44852. Le 15 décembre il est sur la liste du transport SIII pour Ohrdruf. Il arrive à Ohrdruf le 20 décembre 1944. D'après les archives du camp, il meurt le 7 janvier 1945 au soir. Mais d'après un témoignage de rescapé, il meurt le 8 janvier au matin. « Il rendit malheureusement le dernier soupir un matin, au petit jour, s'éteignant comme une flamme sur laquelle on vient de souffler ». Ce n'est qu'en juin 1945 que son épouse directrice de l'école des Balmettes et mère de 4 enfants apprendra la terrible nouvelle.

Il reçoit la mention « Mort pour la France » le 4 décembre 1948, (dossier n° 580 379 et acte de décès Annecy 428/1945). Il figure sur la plaque apposée sur l'une des façades de la poste centrale d'Annecy, ainsi que sur les plaques de marbre noir récapitulatives des «Morts pour la France » apposées dans le hall de la mairie d'Annecy et sur le monument aux morts de son village natal.

Quand demeure la mémoire enfouie d'un oncle déporté

Demeure l'absent», de Séverine Pirovano. C'est un roman, mais c'est aussi une quête de traces. L'oncle Jo n'est pas revenu de déportation. Pourquoi cette injustice? Et comment redonner vie à ce qu'il a été, à ce qu'il a fait?

Séverine Pirovano signe un roman fort intéressant, une quête de traces fragmentaires, le déroulé d'une enquête qui redonne une existence au parcours tragique d'une victime, son grand-oncle Joseph, qui aurait pu être complètement oublié.

Ce roman publié en 2019 s'ajoute à la liste de tous les récits biographiques consacrés à des victimes de la Déportation. Mais il mérite d'être connu pour l'originalité de son processus narratif. C'est une quête d'indices, de traces, privée de linéarité par la nature de cette documentation, marquée par des correspondances retrouvées dans une boîte, par tous les efforts de sa grand-mère pour retrouver son frère pendant et après la guerre, mais aussi par la persistance de cette absence, alors que même les propres fils du déporté ont désormais disparu.

8 janvier 1945. La disparition de Jo a une date, mais Jo n'a pas de sépulture. Il était né à Brison (Haute-Savoie), en 1900.

C'est la Milice qui a arrêté Jo dans sa Haute-Savoie natale le 13 mars 1944. Il travaillait pour les PTT à Annecy.

"Accusé de “sympathies communistes“, mon frère avait été arrêté par suite de dénonciation. Lui-même a beaucoup fait pour la Résistance. Il est marié et père de quatre enfants dont l'aîné a vingt ans", écrivit sa soeur, la grand-mère de l'autrice.

Joseph Moënne-Loccoz avait déjà reçu un avertissement pour s'être affirmé gaulliste dans un café. Les fascistes italiens de l'OVRA, les services secrets de l'Italie fasciste qui occupait un temps la Haute-Savoie, l'avaient aussi interpellé et passé à tabac. Mais le 13 mars 1944, jour de rafle à Annecy, marque son arrestation définitive.

Suivent les lettres du prisonnier, des documents qui occupent une place centrale dans cette narration. Des lettres écrites avant le voyage cauchemardesque vers les camps de concentration.

L'oncle Jo est mort sans sépulture. La quête des traces établit une déportation vers Dachau, convoi du 29 juin 1944. Le Livre Mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation indique son numéro de matricule à Dachau : 76218. "Prison Saint-Paul à Lyon - Dachau - Tyrol - Dachau - Buchenwald passage une nuit - Ohrdruf." Il se serait écroulé dans l'infirmerie d'Ohrdruf le 8 janvier 1945. Mais, nous l'avons dit, il est resté sans sépulture.

L'oncle Jo, par sa disparition, a ainsi été l'absent. Un absent dont le deuil n'a pas été possible. Un absent qui n'a pas pu raconter de son point de vue la réalité des faits. Et qui avait écrit "Ne m'oubliez pas!" dans une lettre à sa famille.

Des documents ultérieurs, finalement retrouvés grâce à une longue enquête, attestent que Joseph Moënne-Loccoz a été reconnu comme "Déporté Résistant" le 12 novembre 1952. Des témoins ont raconté son arrestation et son décès en déportation. Mais il reste des zones d'absence dans ces dossiers et dans cette histoire, comme par exemple les contenus des courriers qu'il avait détournés pour la Résistance. Et même son propre nom de résistant.

La liste est longue de tout ce que sa soeur et sa famille auraient voulu savoir. L'ouvrage de Séverine Pirovano comprend aussi une longue lettre de 2005 de l'un des fils, aujourd'hui disparu, de l'oncle Jo, du grand-oncle Joseph. Ainsi que le récit d'un voyage plus récent à Buchenwald, mais pas à Ohrdruf où il ne reste rien.

L'oncle Jo a été l'un parmi d'autres. Son nom figure sur la plaque commémorative de la Poste d'Annecy. En Haute-Savoie, ils ont été quelques-uns, beaucoup trop nombreux, à être déportés, et à ne pas revenir pour certains d'entre eux.

SOURCE : Mémorial 1939-1945 de la seconde Guerre mondiale en Haute-Savoie — Michel Germain

Distinction(s)
Mort pour la france

Mort pour la france

Détail

En 1916, est crée avec l’aide du Souvenir Français une association « l’œuvre de la reconnaissance des tombes des militaires et marins pour la Patrie » dénommée la cocarde du souvenir dont l’objectif est d’apposer une cocarde tricolore sur chaque tombe de combattant.

Mention

Lieu de mémoire en lien avec
Moënne-Loccoz Joseph Timothée
 Plaque commémorative P.T.T.

Plaque commémorative P.T.T.

Détail

En mémoire des huit agents des PTT tombés suite à des actes de résistance.

Lieu : Annecy

Les figures

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  • 3

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