Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Porte-drapeaux, dans l’ombre de leurs étendards, la lumière du souvenir : « Nous ressentons l’écho du passé »

À l’occasion de la Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc qui se déroulera le 19 mars, rencontre avec trois porte-drapeaux :  Michel Jacquier, Corentin Gueguin et Laëtitia Favre.

Symbole d’honneur et d’engagement, le porte-drapeau incarne à lui seul la mémoire et les valeurs d’une nation, d’une institution ou d’une cause. Investi d’une mission à la fois solennelle et hautement symbolique, il se fait le gardien d’un héritage commun, portant fièrement les couleurs qui rassemblent et inspirent. Qu’il accompagne des cérémonies officielles, des commémorations ou des manifestations patriotiques, son rôle dépasse la simple représentation : il est le trait d’union entre le passé et le présent, entre les générations et les idéaux qu’elles perpétuent.

À l’âge de 80 ans, Michel Jacquier incarne avec fierté et humilité la mémoire des anciens combattants. Depuis 2016, il porte le drapeau lors des cérémonies commémoratives et des sépultures. Un engagement qu’il a accepté à la demande d’un habitant de la commune de Margencel, qui souhaitait un remplaçant en cas d’empêchement « L’histoire a débuté comme ça », confie-t-il.

Bien qu’il ne soit pas lui-même un ancien combattant (son service militaire ayant eu lieu à une époque où la guerre d’Algérie touchait à sa fin), Michel Jacquier a progressivement trouvé sa place dans ce rôle emblématique. « Au début, j’étais timide », reconnaît-il. Avec le temps, il a su endosser cette responsabilité avec dignité et respect, conscient de l’importance de perpétuer le souvenir de ceux qui ont servi la patrie.

Être porte-drapeau ne se limite pas à tenir un étendard lors des cérémonies officielles. C’est aussi un devoir de transmission et de représentation, un engagement qui demande rigueur et solennité. Par sa présence, les porte-drapeaux honorent les combattants disparus et rappellent aux nouvelles générations l’importance du devoir de mémoire.

Pour Michel Jacquier, son dévouement illustre parfaitement la nécessité de préserver les traditions et de continuer à rendre hommage à ceux qui ont marqué l’histoire de la France. Ainsi les valeurs de courage et de reconnaissance continuent-elles d’être transmises, offrant à chacun l’occasion de se souvenir et de respecter ceux qui ont tant donné pour leur pays.

« Il est essentiel que notre présence aux commémorations soit empreinte de solennité et de rigueur. Chaque cérémonie est un hommage rendu à ceux qui ont sacrifié leur vie pour notre liberté, et il est de notre devoir d’honorer leur mémoire avec le plus grand respect. »

« Face aux noms gravés dans la pierre, nous ressentons l’écho du passé »

L’engagement dépasse la simple représentation symbolique. Les porte-drapeaux incarnent un pan de l’histoire nationale et il est important pour eux d’être irréprochables, tant dans leur comportement que dans leur apparence. C’est pourquoi la tenue réglementaire est un élément incontournable de leur fonction : costume noir, chemise blanche, cravate sobre, béret et chaussures cirées. « Cet attachement à la discipline vestimentaire, hérité de mon service militaire, témoigne de l’importance que j’accorde à la dignité de notre mission », raconte celui qui est surnommé De Gaulle par ses camarades en raison de sa stature et sa grande taille.

Le rythme des commémorations est parfois intense. Il n’est pas rare qu’il soit sollicité pour plusieurs cérémonies le même jour, notamment lors des dates marquantes comme le 8-Mai. « Être porte-drapeau exige une mobilisation sans faille et une disponibilité constante. »

« Aujourd’hui, dès que l’on fait appel à moi, je réponds présent »

« En 2017, j’ai eu l’honneur de participer à 52 événements. Cependant, en 2024, des ennuis de santé m’ont contraint à réduire mes engagements et je n’ai pu assurer que 27 sorties. Néanmoins, chaque cérémonie demeure un moment fort, empreint d’émotion. Lorsque nous nous recueillons, face aux monuments aux morts, face aux noms gravés dans la pierre, nous ressentons l’écho du passé. »

S’il ne se considérait pas particulièrement patriote, cet engagement l’a transformé. « Aujourd’hui, dès que l’on fait appel à moi, je réponds présent. Je suis d’ailleurs heureux de constater que la relève est assurée. Nous pouvons compter sur la présence régulière de plusieurs jeunes, et la mixité est désormais une réalité, avec la participation active de quatre femmes. (Laëtitia Favre, Corentin Gueguin) C’est un signe encourageant pour l’avenir de notre mission », sourit Michel Jacquier, même si ce dernier déplore le manque de citoyens lors des cérémonies.

Tamara Vincent,18 mars 2025