« Bien mieux que les pages de notre livre » : l’historien Michel Germain à la rencontre des lycéens pour parler de la Déportation

Lundi 17 mars, les élèves de première générale de Cécile Lugrin, professeure d’histoire-géographie au lycée Charles-Poncet, accueillaient Michel Germain. Si pour beaucoup le nom de cet historien est largement connu, les jeunes, eux, faisaient connaissance avec cet homme qui n’a de cesse depuis des années d’aller à la rencontre de la jeunesse.

Sa venue était inscrite dans un programme d’actions que Cécile Lugrin met en œuvre dans le cadre du Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) auquel elle a inscrit sa classe et dont le thème, pour l’année 2024-2025, porte sur “Libérer et refonder la France (1943-1945)”.

Le propos de l’intervenant était centré, entre autres, sur la déportation depuis la Haute-Savoie, illustrée en fin de séance par un court extrait d’un film réalisé par ses soins, qui aura été l’épilogue bouleversant de cette rencontre. C’est aussi l’émotion de Michel Germain que les jeunes retiendront, une émotion encore si vive que les années n’ont pas réussi à l’éteindre : « C’est moi qui ai fait ce film mais je n’arrive pas à revoir les images sans avoir les tripes en travers parce que…  » Impossible de verbaliser jusqu’au bout : la phrase se termine par un soupir qui en dit bien plus long que tous les mots, impuissants à ce moment précis. « L’idée, c’était de vous résumer ce que je vous ai raconté, mais je n’ai pas eu le temps de vous dire grand-chose, concluait-il. Je peux revenir demain, je vous raconte encore plein de choses différentes.  »

« Cette rencontre, c’est une expérience incroyable, bien mieux que les pages de notre livre »

Raconter… Ce qui fait la force de chaque intervention de Michel Germain, c’est justement la manière dont l’ancien professeur qu’il fut aborde le sujet. Sans rien édulcorer des horreurs vécues, sans tomber dans le sensationnel qui desservirait son propos mais avec des formules qui frappent au fil de son discours : « À l’appel, le déporté qui tombe est mort. » Avec des mots qui parlent aux jeunes.

Les nombreux témoignages de survivants haut-savoyards des camps que Michel Germain a repris ou que l’on entend dans le film, ses propres souvenirs du garçon qu’il était à l’époque ont particulièrement marqué ce jeune auditoire. « C’est vivant, il nous raconte des anecdotes et ça nous permet de visualiser. Cette rencontre, c’est une expérience incroyable, bien mieux que les pages de notre livre », commentent Kira et Amélie. Et Emy d’ajouter : « De retour chez moi, je vais remettre en ordre toutes ces infos. »

Depuis le début de l’année, les lycéens mènent un vrai travail d’investigations pour nourrir cette thématique en collaboration notamment avec le Musée de l’horlogerie et du décolletage. Le 7 avril sera inaugurée l’exposition qu’ils ont préparée et le 17 avril ils iront à la Nécropole militaire nationale de Morette.

Vidéos

Témoignage de Roger Lugon Moulin (déporté Haut-Savoyard) - Matricule 75767 à DACHAU

Film : 14 au 18 août 1944, les derniers témoins de la libération de Cluses

Avoir 20 ans en 1940

Témoignage de Lucien COLONEL — Matricule 39777 déporté à Buchenwald-Dora