Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Journée mondiale de l’Holocauste 2024 : la mémoire pour lutter contre l’antisémitisme

Le Mémorial de la Shoah, à Paris. Photo Sipa/Jeanne Accorsini

La commémoration de la libération d’Auschwitz-Birkenau, le 27 janvier 1945, survient cette année dans un contexte marqué par la recrudescence de l’antisémitisme. Il est essentiel de préserver la mémoire de l’Holocauste

Au matin du 27 janvier 1945, les forces soviétiques découvrent le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, à l’ouest de Cracovie, en Pologne. Près de 7 000 détenus s’y trouvent encore, et plus d’un million de personnes déportées y ont perdu la vie pendant l’Holocauste orchestré par le régime nazi et ses alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ce 27 janvier 2024, la commémoration de la libération d’Auschwitz coïncide avec une inquiétante montée de l’antisémitisme, tant au niveau mondial qu’en France. Cette tendance est étroitement liée à la guerre en cours entre Israël et le Hamas, qui entre dans son 113e  jour. En France, le Conseil représentatif des institutions juives parle même d’une « explosion » des actes antisémites, qui ont été multipliés par quatre en un an.

Aux États-Unis, depuis l’attaque du Hamas sur Israël en octobre, la communauté juive américaine fait face à un niveau de menace sans précédent, avec une augmentation de 360 % des incidents signalés. En Belgique, un rapport récent souligne « une atmosphère hostile envers les Juifs », marquée par « une nette augmentation des messages haineux ». En Allemagne, la Fondation Amadeu Antonio, engagée contre l’extrême droite, le racisme et l’antisémitisme, pointe une tendance croissante « à ignorer les crimes passés du pays et à critiquer Israël ». L’Observatoire de l’antisémitisme dénonce l’influence de l’extrême droite allemande, promoteur d’un nouveau récit de l’histoire, pour « décharger l’Allemagne du fardeau historique lié à l’Holocauste ».

Graver la Shoah « dans la conscience collective de l’Europe »

Face à cette montée de l’antisémitisme, Patrick Charlier, à la tête de l’Unia en Belgique, le service public belge de lutte contre la discrimination, estime que l’éducation et la préservation de la mémoire doivent être des priorités. Avec de moins en moins de survivants de la Shoah, il est crucial de repenser les approches pédagogiques dans les écoles pour maintenir la conscience historique. Pour l’historien Piotr Cywiński, directeur du musée d’Auschwitz, le souvenir de la Shoah doit « rester un signal d’alarme clair, nous inciter à rejeter la tentation de l’indifférence, à accroître la préoccupation morale de chacun d’entre nous à œuvrer pour un monde plus juste, plus pacifique et plus humain ».

La secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejčinović Burić, a souligné mercredi l’importance de graver la Shoah « dans la conscience collective de l’Europe. C’est en se souvenant des ténèbres que nous pouvons continuer de vivre dans la lumière ». À la veille de la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste, six pays (la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie et la Slovénie) ont signé cette semaine à Paris, au siège de l’Unesco, un accord historique pour la rénovation du Bloc 17 du camp d’Auschwitz-Birkenau, soulignant ainsi leur engagement envers la préservation de la mémoire.

Nathalie Chifflet, 27 jan. 2024