Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Il se souvient de la libération de Thonon : "J’ai vu une escouade de soldats allemands stoppée par des tirs de résistants"

Auguste Decorzent avec le chargeur de Sten qu’il a conservé chez lui : il avait 10 ans en 1944. Photo Le DL/Pa.D.

Auguste Decorzent, aujourd’hui âgé de 90 ans, a vécu lui aussi la libération de la ville le 17 août 1944, et plus précisément celle de son village de Vongy : avec ses yeux d’enfant, il raconte ces événements ayant débuté dès le 15 août…

J’avais 10 ans. En ce jour de l’Assomption. Marie, ma maman, tenait à ce que je l’accompagne pour assister à la messe du matin à l’église » : Auguste Decorzent se souvient avec précision des événements du mois d’août 1944 dans son village de Vongy

« C’était vers 7 heures. C’est alors que j’ai entendu des détonations et suis vite monté pour guigner dans le grenier de notre maison route de Tully. J’ai alors vu une escouade de soldats allemands stoppée sur le pont routier par des tirs de résistants. Elle a rebroussé chemin et a remonté l’avenue de Thuyset. J’ai appris par la suite que les militaires étaient entrés dans l’église y terrorisant les fidèles déjà présents sans commettre cependant d’exactions… Bien sûr, nous ne nous sommes pas rendus à l’office religieux. Comme tous les villageois, nous sommes partis précipitamment nous réfugier à Saint-Disdille avec la crainte d’y voir surgir les soldats allemands mais heureusement il n’en a rien été. Ma mère avait chargé des victuailles dans une brouette. Nous sommes restés 3 ou 4 jours dans l’annexe de la ferme Delerce là où se trouve aujourd’hui le camping.  »

Un papa à la tête d’un groupe de résistants

« À cette époque je me doutais bien de quelque chose. Mon père Léopold Decorzent qui a combattu durant toute la durée de la Première Guerre mondiale dans les diables bleus partait le soir et rentrait tard sans explications. Il était en fait à la tête d’un groupe d’une quinzaine de résistants avec Louis Baud. Marius Duqueux grand-père de l’actuelle maire d’Évian Josiane Lei en faisait partie », indique-t-il.

« Leurs armes et musettes de munitions étaient cachées dans notre grenier. Tous ont participé à la libération de notre ville. Edmond Grisoni 17 ans, un voisin et oncle de Nicoletta, y a été tué lors des combats de Crête. C’est à l’âge adulte que j’ai découvert que leur arsenal comptait quatre mitraillettes anglaises Sten qui avaient tendance à s’enrayer issues d’un parachutage sur le plateau de Gavot mais également des armes allemandes, belges et françaises. J’ai d’ailleurs retrouvé dans notre maison familiale un chargeur de Sten encore rempli de ses balles ! »

les diables bleus

Les Allemands qualifiaient les chasseurs alpins français “Schwarzen Teufel”, littéralement les diables noirs. Ces derniers préfèrent alors à ce surnom celui de “diables bleus”, en référence à la couleur de leur tenue.

Patrick Desuzinge, 17 aout 2024