Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Carnet de deuil — Albert Monin, 89 ans est décédé

Son engagement pour les anciens combattants était sans faille. Albert Monin, 89 ans, fut le premier à emmener les écoliers haut-savoyards sur les lieux de mémoire, du plateau des Glières aux plages normandes du Débarquement. Photo Famille Monin

Albert Monin, 89 ans, ancien président du Souvenir Français de Cran-Gevrier, était une figure de la commune dont il avait été fait citoyen d’honneur pour son engagement en faveur de la mémoire des anciens combattants. Ses trois enfants lui rendent hommage, décrivant « un homme engagé, cultivé et ouvert d’esprit ».

« On n’aurait jamais imaginé que cela se termine ainsi. On ne sait pas ce qui l’a conduit jusque là-bas, cela restera la grande inconnue. » La fratrie se raccroche à l’enquête concluant à une cause accidentelle « Aucune trace suspecte, pas d’intervention d’un tiers, c’est un soulagement mais qu’il se perde en forêt est tellement inattendu. »

Albert Monin marchait difficilement et parcourait de petites distances. Le jour de sa disparition, il avait étonnamment changé ses habitudes, effectuant trois sorties dont une dernière en fin de journée, se retrouvant loin de ses parcours habituels et de chez lui. « Sûrement pensait-il finir par retomber sur une ligne de bus. Il est parti droit devant lui et s’est perdu. »

Vivant seul depuis le décès de son épouse en 2015, Albert Monin était un homme « plutôt solitaire » et « certainement obstiné », attaché à son autonomie. « Il acceptait qu’on lui propose de l’aide mais il n’en demandait jamais. »

Après une enfance à Domessin en Savoie, l’Isérois né le 5 janvier 1935 à Pont-de-Beauvoisin, s’était installé à Annecy en 1964 avec sa femme Chantal, originaire du Calvados. « Ils s’étaient mariés sous la neige à Caen, en décembre 1964, avant de venir ici exercer son métier de menuisier. »

« Son engagement était éthique et social »

Très proches de leur père, ses enfants décrivent un homme « cultivé, très ouvert d’esprit, engagé, qui allait au bout de ses convictions et savait se remettre en question. » Bénévole pendant des décennies pour un bailleur social, Albert était « tourné vers les autres, sans a priori », très investi au sein de la paroisse Saint-Étienne du Pont-Neuf à Annecy.

« Il n’était ni conservateur, ni réactionnaire. Son engagement était éthique et social. Chaque Noël, il réunissait autour de notre table tous les collègues immigrés de son atelier qu’il savait seuls. Il avait le sens du partage, il aimait rire et avait un grand sens de l’humour. »

Issu d’une famille de 11 enfants dont il était le sixième, arrivé après son frère jumeau, Albert Monin était le patriarche d’une famille comptant six petits-enfants et un arrière-petit-fils. « Il était fier de rassembler, sur deux générations, six nationalités et deux religions, fidèle à sa grande ouverture d’esprit. »

Albert avait fait l’Algérie, une guerre dont il était « persuadé de l’inutilité » et qui l’avait convaincu « de la nécessité » d’entretenir la mémoire des anciens combattants. Albert était une figure du Souvenir Français de Cran-Gevrier qu’il a présidé pendant des années. « Il était de toutes les cérémonies, tourné vers la transmission. Il fut le premier à emmener les écoliers sur les plages de Normandie, à la Maison d’Izieu ou sur le plateau des Glières » Un engagement qui lui vaudra d’être reconnu citoyen d’honneur de Cran-Gevrier.

Ses obsèques auront lieu ce vendredi 15 novembre, à 14 h 30, en l’église Sainte-Geneviève des Bressis. Albert ne désirait pas de plaques.

Vincent Bouvet-Gerbettaz, 14 nov. 2024