Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Truffy Jean, curé du Petit-Bornand

L'abbé Jean Truffy, né le 7 mai 1909 à Limoges (Haute-Vienne) a été curé du Petit-Bornand. Engagé dans la Résistance, il a été capitaine aumonier du secteur de Glières en 1944. Arrêté le 30 mars 1944, il fut déporté dans les semaines suivantes au camp de concentration de Neuengamme puis de Dachau.

Biographie

Jean Truffy fut initié très tôt à l'engagement politique et religieux. Son père Joseph (1885-1964), ancien du Sillon, collabore dès 1906 aux journaux catholiques de la Creuse et de la Haute-Vienne : Le Messager de la Creuse, La Croix de Limoges, Le Petit Démocrate, fondé par l'abbé Jean-Marie Desgranges. En 1919, à la demande du chanoine Théophile Paravy (1882-1970), il prend du journal La Savoie, fondé par Joseph Delachenal. En 1924, Joseph est à Annecy avec sa famille et produit des brochures destinées aux militants CFTC. Son oncle par alliance, Maurice Guérin, fut député du Rhône représentant la Démocratie chrétienne en 1910. Très tôt, il appartient au mouvement scout.

Le Séminariste

Il effectue ses études au petit séminaire Saint-Jean de Lyon dirigé par l'abbé Bornet, puis à Annecy. Il choisit, malgré son tempérament, ardent et pragmatique qui s’accommode assez mal aux contraintes de la vie d'internat et du caractère intellectuel des études, le Grand Séminaire d'Annecy. Les arguments de la spéculation philosophique avaient peu d'échos sur son esprit pratique. Il est plus soucieux du contact avec les humains qu'avec les abstractions des auteurs.

Ses vacances seront consacrées à la troupe scoute de la ville. Jean Truffy, doté d'une forte santé, d'un allant infatigable, entraînait les scouts vers les sommets, organisait des camps. Son côté « fonceur Â» ne nous donne pas l'aspect de la lutte qu'il mena pour répondre à l'appel divin. On relève dans son carnet intime :

« J'ai 18 ans, cela se voit. Tout chante, tout bourdonne en moi. Mais la mélancolie se mêle à la joie. Je suis comme un navire désemparé. C'est l'heure de l'émancipation pour celui qui ne croit pas, mais c'est l'heure du sacrifice pour celui qui voudrait se donner […] [et d'ajouter] Une fois que je me serai jeté dans le sacrifice, j'y serai pour toujours Â». Au seuil des Ordres majeurs, il note : « On ne peut être vraiment prêtre que lorsqu'on a bien souffert. Â»

Le 10 juin 1933, Jean Truffy est ordonné prêtre à la basilique de la Visitation d'Annecy près des reliques de Saint-François-de-Sales qu'il choisira comme modèle et prendra pour devise « ÃŠtre bon jusqu'à la folie Â». Il conserva son « Amour juvénile Â» pour la Vierge Marie jusqu'à sa mort. Il fit ériger en l'église Notre-Dame-de-la-Visitation du Petit-Bornand, face à la plaque commémorative aux victimes de la guerre, une statue qu'il nomma « Notre Dame de Petit-Bornand Â». Il mourut les mains crispées sur l'image de sa « Madone du Petit-Bornand Â».

Le curé du Petit-Bornand-les-Glières

Le 16 juin 1933, il est nommé vicaire d'une vaste paroisse de montagne : Samoëns. Le curé Gay, alors en fonction, se trouva très vite infirme grabataire. Son premier vicaire, l'abbé Favre-Petit-Mermet après quelques mois fut frappé de paralysie, voici donc l'abbé Jean Truffy seul face à deux infirmes. Il doit assumer, seul, les nombreuses tâches d'une paroisse très étendue.

Le 26 juillet 1936, il est nommé curé de la paroisse. Son destin y semble scellé, ce « baroudeur Â» sera dans son élément. Selon les nombreux témoignages oraux, son souvenir est encore vivace parmi les Borniands, à toute heure du jour et de la nuit il est à la disposition de quiconque viendra le solliciter.

Son auto, « une traction-avant, une 15 ! Â» sera « la dépanneuse universelle Â». Son sens du pragmatisme fera qu'elle vieillira avant l'âge. Les « spécialistes Â» de la mécanique de la vallée feront une description pittoresque du « taxi du curé Truffy ». Il voudra sillonner la commune en tous lieux et en tous temps « Heureusement que c'est la Vierge Marie qui conduit !!», diront les habitants.

Après guerre, Jean Truffy accomplit l'exploit de rapporter de Suisse dans la commune le corps d'un défunt. Pour cela, il avait assis le défunt à l'avant, à côté de lui, la tête appuyée sur la portière. À la frontière, en désignant au douanier son passager, dont il avait la carte d'identité, il déclara  : « Il dort. Â» Et comme Jean Truffy portait la soutane, cela passa.

Jean Truffy avait une bonne, maîtresse-femme qui vous accueillait volontiers en vous servant un petit verre de vin blanc et ne manquait pas de s'en servir un au passage. Cette femme avait deux enfants dont on ne connaissait pas le (ou les) père(s). Lorsque ces deux jeunes filles furent mariées, l'abbé Jean Truffy déclara en chaire : « Maintenant que mes enfants sont mariés, je peux partir tranquille. Â»

« Le curé des Glières Â»

La citation à l'« Ordre de la Division Â» de Jean Truffy (15 novembre 1946), sergent de A.S (Armée secrète) en 1942, est :

  • Citation à l'ordre de la division : Le Sergent JEAN TRUFFY A.S. du Secteur de Bonneville pour les motifs suivants : Curé du Petit-Bornand, a été l'âme de la Résistance dans sa commune. Dès 1942, a dissimulé et hébergé chez lui, pendant de longues périodes, des prescrits de toute opinion. A assuré la pleine mesure de ses sentiments ardemment et courageusement patriotiques, lors des opérations du Maintien de l'Ordre en Haute-Savoie, servant de guide aux Chefs de la Résistance camouflant maquisards, armes et matériel à son domicile. N'a pas hésité, en maintes circonstances, a se compromettre gravement en faveur des Patriotes arrêtés, réussissant a en faire libérer plusieurs. Fait prisonnier par l'ennemi a été déporté aux camps de NEUENGAMME et DACHAU. La présente citation comporte l'attribution de la Croix avec étoile d'argent à Lyon, le 15 novembre 1946. Le Général de Corps d'armée DE HESDIN Gouverneur militaire de Lyon Commandant la 8e  Région.

Le « Curé Truffy Â» minimisa toujours son action, insistant plutôt sur le devoir de son ministère, passant son implication sous silence. Il rencontra à plusieurs reprises l'intendant de police d'Annecy, le colonel Georges Lelong, afin de négocier la libération des jeunes réfractaires au S.T.O. du Petit-Bornand.

Lorsqu'il fut question de la création des S.O.L (Service d'ordre légionnaire), Jean Truffy et François Pinget, l'instituteur, s'entendirent pour déconseiller aux jeunes d'en faire partie.

Le 12 mars 1944 au soir, il accueille le père et la mère de Tom Morel (mort le 10). Le 13, il les guide vers le plateau, assiste à la sépulture qu'il a organisée et qui sera officiée par l'abbé Benoit de Marignier dans le chalet de « l'infirmerie Â» devant une délégation de toutes les sections.

Le jeudi 30 mars 1944, la Gestapo l’arrête vers 15 h à la cure où il est assigné à résidence. Il est enfermé et interrogé à la prison Saint-François d'Annecy, puis le 17 avril il est dirigé sur Compiègne et le 3 juin sur Neuengamme, puis Wantestat et enfin Dachau. Il fut puni plus sévèrement que d'autres alors qu'il ne prit jamais les armes. De sa cure, aux lisières du plateau des Glières, il suivit les événements qui s'y déroulaient. Il a pu en connaître la Genèse mais pas en connaître les « Résonnances Â».

Le Retour

Mai 1945 voit le retour de l'abbé Jean Truffy dans sa paroisse. Son extrême discrétion sur ses conditions de détentions n'ont d'égal que sa discrétion sur son action à Glière. Fort diminué physiquement il poursuit sa mission, refusant toute proposition vers une cure plus modeste. Le « curé des Glières Â» participe à toutes les cérémonies officielles de l’après-guerre. Outre sa promotion en tant que Capitaine-Aumônier du secteur des Glières, il fut : Croix de Guerre 39-45, Médaillé de la Résistance et fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 8 septembre 1957 par le général Jean Vallette d'Osia au Petit-Bornand, les Honneurs lui seront rendus par un détachement du 27e BCA sur sa demande.

Un livre polémique

Dans son livre Mémoires du curé du maquis de Glières (1950), il se refuse à décrire les « Ã©vénements de Glière Â», laissant aux historiens le soin de le faire. Il juge que la description de sa « simple Â» collaboration au maquis suffit, hors de toute gloire. Ce livre dénonce l’agissement de « certains individus Â» que le chanoine Jean-Marie Desgranges décrit dans son livre « Les crimes masqués du résistantialisme Â». Cet ouvrage reproduit en outre, en traduction et copies conformes, les télégrammes allemands du 11 février 1944 à 22h25 au du 21 avril 1944 à 22h40 concernant Glières et ses événements.

Distinction(s)
Croix de guerre 1939-1945

Croix de guerre 1939-1945

Détail

La croix de guerre 1939-1945 est une décoration militaire attribuée pour récompenser l'octroi d'une citation par le commandement militaire pour conduite exceptionnelle au cours de la seconde Guerre mondiale.

Médaille

Croix du Combattant Volontaire 1939-1945

Croix du Combattant Volontaire 1939-1945

Détail

La croix du combattant volontaire est une décoration militaire française qui récompense les combattants volontaires qui ont choisi spontanément de servir dans une unité combattante à partir de la guerre 1939-1945.

Médaille

Médaille de la Résistance

Médaille de la Résistance

Détail

La médaille de la Résistance française est instituée par ordonnance du 9 février 1943 du général de Gaulle pour "reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui auront contribué à la résistance du peuple français"

Médaille

Croix du Combattant Volontaire de la Résistance

Croix du Combattant Volontaire de la Résistance

Détail

La croix du combattant volontaire de la Résistance est une décoration française créée après la Seconde Guerre mondiale. Comme pour la croix du combattant, ce sont les titulaires d'une carte spécifique qui sont autorisés à porter cette décoration. Il s'agit de la carte du combattant volontaire de la Résistance, dite « carte verte Â» en raison de sa couleur.

Médaille

Médaille de la déportation et de l'internement pour faits de résistance

Médaille de la déportation et de l'internement pour faits de résistance

Détail

La médaille de la déportation et de l'internement pour faits de résistance est une médaille française d'honneur décernée à titre militaire.

Médaille

Citation à l'ordre de la Division

Citation à l'ordre de la Division

Détail

Une citation à l'ordre da la division est une sanction positive se matérialisant sous la forme de textes décrivant les comportements récompensés. Ces textes sont insérés dans des diplômes que reçoivent soit le soldat honoré, soit les familles dans le cas de citations posthumes.

Citation

Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945

Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945

Détail

Cette médaille Commémorative 39/45 comporte nécessairement, au moins, une barrette et jusqu'à 15 barrettes à la fois: France, Norvège, Afrique, Libération, Allemagne, Extrême-Orient, Grande Bretagne, Urss, Atlantique, Méditerranée, Manche, Mer du Nord, Engagés Volontaires, Défense Passive, ou, à titre exceptionnel, une barrette avec millésime.

Médaille

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