Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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Menthonnex-en-Bornes Correspondance de la Grande guerre d’un soldat du Pays de Cruseilles

Une carte envoyée à sa grand-mère par Adolph Lucien Duret, brancardier au 230 e RI, tué à Parroy le 1 er mars 1915. Photo collection de l’auteur

Menthonnex-en-Bornes, commune du Pays de Cruseilles, est située sur le plateau des Bornes. Elle détient le triste record local du nombre de tués pendant la Grande Guerre, avec 42 morts pour 82 mobilisés. Dont Adolph Lucien Duret, dont nous avons retrouvé la correspondance.

La Première Guerre mondiale débute à l’été 1914. Le sergent Adolph Lucien Duret, brancardier au 230e  régiment d’infanterie (RI), régiment de réserve du 30e  RI d’Annecy, adresse deux courriers à ses proches.

La première carte que nous avons consultée est adressée à sa grand-mère et datée du 20 octobre 1914, où il évoque le décès de l’un de ses compatriotes, l’abbé François Élie Duret, également brancardier au 230, tué le 11 septembre 1914 à Rehainviller : « C’est dans ce village à moitié détruit par notre artillerie pour chasser les Boches (terme éjoratif pour désigner le Allemands) qui s’y étaient réfugiés, que s’est distingué notre 230. C’est à deux pas de cette église que l’abbé Duret a été tué. La plupart des villages de la frontière ont été traités ainsi ». Dans cette carte, il s’inquiète aussi : « Avez-vous reçu la carte dans laquelle je vous demande un chandail en laine et si possible une lampe électrique de poche avec une pile de rechange ? Embrasse petit Paul pour moi. Dis-lui bien que je lui rapporterai le casque que je lui ai promis ».

La deuxième carte datée du 4 novembre 1914 est adressée à la sœur d’Adolph. Il évoque encore la mort de son compatriote l’abbé Duret, qui semble l’avoir beaucoup affecté.

  • « Je suis bien heureux d’apprendre que vous priez pour moi… Comme vous le savez peut-être, je suis brancardier. J’ai pour camarades beaucoup de prêtres et de vicaires savoyards. Tout en étant un peu moins exposé que les camarades qui vont aux tranchées, nos ambulances sont bien souvent installées dans la zone dangereuse où tombent les grosses marmites boches (souligné). L’abbé Duret, un brave celui-là, est mort à nos côtés dans le village de Rehainviller complètement détruit par notre artillerie. Continuez à prier pour un pauvre soldat qui fait son devoir de catholique et de français. »

François Élie Duret (abbé), brancardier au 230e RI

Né le 2 mars 1884 à Menthonnex-en-Bornes, canton de Cruseilles, il était le fils d’Hippolyte Duret et Mélanie Sublet. Aîné de sept enfants (malgré une dispense selon l’article 21), il effectue son service militaire au 30e  RI d’Annecy le 8 octobre 1905 et est renvoyé dans ses foyers le 18 septembre 1906. Ecclésiastique à la veille de la guerre, il est en 1913 vicaire dans le Chablais à Bernex, canton d’Abondance. À la mobilisation, il rejoint le 4 août 1914 la caserne du 30e  RI où il est incorporé au 230e RI. Il sera tué le 11 septembre 1914 lors des durs combats de Rehainviller à l’âge de 30 ans et sera proposé pour la Médaille militaire et la Croix de guerre 1914-1918 avec étoile de bronze.

Adolph Lucien Duret, brancardier au 230e RI

Né le 8 août 1882 à Menthonnex-en-Bornes, canton de Cruseilles, il était le fils de Pierre et Anastasie Duret. Le 15 novembre 1903, il effectue son service militaire au 99e  RI de Vienne où il obtient le grade de sergent. À la mobilisation, il rejoint le 4 août 1914 la caserne du 30e  RI où il est incorporé au 230e  RI avec le grade de sergent. À cette, époque il était domicilié à Genève, 6 rue Cornavin. Il franchira la frontière pour rejoindre Annecy. Il ne reverra plus la cité de Calvin car il sera tué le 1er  mars 1915 à Parroy, âgé de 32 ans. Contrairement à son compatriote, ses états de service sont laconiques.

Maurice Sublet, 6 juillet 2024