Le Souvenir Français
Délégation de la Haute-Savoie (74)
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11 novembre 1918 : la fin des combats de la Grande Guerre

11 novembre 1918 : la fin des combats de la Grande Guerre

Morts, gueules cassées, mutilés, invalides : plus de 18 millions de personnes, des militaires ou des civils, ont été victimes de la Grande Guerre. Après une étincelle fatale en juin 1914, l’orage terrible et meurtrier éclate

Rapidement, le conflit est mondial. L’Autriche déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet et à la Russie le 5 août, l’Allemagne à la Russie le 1er août et à la France le 3 août, la Grande-Bretagne à l’Allemagne le 4 août et à l’Autriche le 13, le Japon à l’Allemagne le 23 août, la France et la Grande-Bretagne à la Turquie le 3 novembre. Durant quatre ans, de 1914 à 1918, les soldats de tous les camps vont vivre et mourir dans la boue des tranchées, sous des déluges d’obus et de gaz.

L’état-major a préparé la mobilisation dans les moindres détails

Depuis l’arrière, dès les premières heures du conflit, les deux départements savoyards participent à l’effort de guerre sur le front et au ravitaillement des troupes armées. Contrairement à ce qui s’était produit pour la guerre de 1870, la mobilisation se fait de façon réglée lorsqu’éclate le conflit en août 1914. En 1870, Annemassiens et Chablaisiens avaient embarqué de la gare de Cornavin, à Genève pour aller combattre les Prussiens. Annemasse n’avait pas encore sa gare.

En 1914, les appelés partent de leurs communes pour une guerre qu’ils imaginent non seulement « fraîche et joyeuse », mais également courte. Toute l’Europe est persuadée de pouvoir être de retour au foyer « avant la chute des premières feuilles ». Hélas, après quelques mois d’une guerre de mouvement indécise, le conflit s’enlise dans une guerre de position.

S’inspirant des leçons du passé, l’état-major a préparé la mobilisation dans les moindres détails. L’une des tâches est le ravitaillement. Il ne sert à rien de disposer de nombreux soldats si l’on ne peut pas les nourrir. Cette mission délicate, confiée à l’intendance, a permis de recenser dans chaque département les ressources nécessaires à la subsistance des contingents mobilisés. Les productions locales ont été évaluées afin de déterminer celles qui seraient rendues disponibles par le départ des hommes au front. Ce qui engendrera des restrictions pour la population civile. Ce n’est en principe qu’un transfert, les bouches à nourrir absentes des régions étant aux armées.

La Haute-Savoie est alors divisée en plusieurs circonscriptions qui fonctionneront pendant toute la durée du conflit : Annecy, Faverges, La Roche, Sallanches, Annemasse, Saint-Julien, Thonon.

542 000 quintaux de foin, 20 000 de paille, 62 000 d’avoine…

Celle d’Annemasse est, à la fin de la guerre, présidée par M. Boccard, instituteur en retraite. Celle de Saint-Julien par M. Rocoux, greffier à la justice de paix. Dans chaque circonscription, il y a une cinquantaine de communes dont on exploite au mieux les denrées afin de répondre aux besoins des armées et des civils.

La Haute-Savoie envoie au front de nombreux enfants. Beaucoup ne reviendront pas. De plus, durant les années de guerre, le département fournit 542 000 quintaux de foin, 20 000 de paille, 62 000 d’avoine… Sans oublier blé, seigle, orge, sarrasin, betteraves, chanvre, colza, noix, châtaignes et même bougies. Il faut ajouter à cela 42 000 quintaux de fromage dit “de gruyère”, 52 000 quintaux de pommes de terre, 56 000 de bois, 580 hectolitres de vin, près de 26 000 bovins, 11 000 porcs et 730 moutons. Un peu d’air du pays. Les prix du ravitaillement sont sensiblement inférieurs à ceux du commerce, les livraisons difficiles.

Quand éclate la guerre, la grande zone franche, issue de l’histoire, cause des difficultés qui s’estompent peu à peu. Dans chaque circonscription, il y a un président, un secrétaire comptable et plusieurs experts spécialisés, comme la compagnie cycliste d’Annemasse, avec tampon identitaire sur ses courriers. Elle dispose de bureaux rue de la Gare, à l’angle de la rue des Vétérans, dans les anciens locaux de l’Hôtel de France, au 1er étage, près de la mairie. Le Palais du vêtement n’existe pas encore. Le service d’ambulances d’Annemasse, ouvert à l’école primaire supérieure, est dirigé par le Dr Charles Favre, assisté de Mme Francoz, de Joseph Andrier, président de la Croix-Rouge, et de sa femme.

Au front, dans l’enfer des tranchées, entre Savoyards, on parle patois, dit-on. “Ça fait colère aux Alsaciens car il y en a très peu qui parlent français”, écrit un poilu à sa famille annemassienne au dos d’une carte postale sans enveloppe pour être contrôlée.

De l’armistice aux commémorations du 11-Novembre

L’armistice, qui marque la fin des combats, est signé entre les Alliés (France, Royaume-Uni, Russie, États-Unis) le 11 novembre 1918 à 5 heures 15 dans le wagon-restaurant du maréchal Foch, à Rethondes (Oise), en forêt de Compiègne. Un wagon qu’il est toujours possible de visiter.

À 11 heures, les cloches ont résonné dans toute la France pour annoncer la fin de la guerre. Cette rencontre entérine la victoire des Alliés et la défaite totale de l’Allemagne. La fin de la Première Guerre mondiale sera officiellement marquée par la signature du traité de paix de Versailles, le 28 juin 1919.

En 1920, émerge l’idée de rendre hommage aux soldats morts pour la France mais non identifiés. Votée à l’unanimité par le Parlement, une loi permet de placer la dépouille d’un soldat, inconnu, le 11 novembre 1920, dans une chapelle ardente à l’Arc de Triomphe à Paris afin de représenter tous les soldats tombés. Le 28 janvier 1921, le soldat est inhumé sous l’Arc de Triomphe dans une tombe. On ne passera plus sous l’arche de gloire.

Le 11 novembre 1923, le ministre de la Guerre, André Maginot, allume une flamme pour la première fois. Et chaque année, défilés et commémorations sont organisés partout en France aux monuments aux morts, dont un recueillement sur la tombe du Soldat inconnu

Gilbert TARONI, 06 nov. 2022